Devoir de Philosophie

Inde : l'ascension du nationalisme hindou

Publié le 05/12/2018

Extrait du document

Le BJP tend, ainsi, à se présenter comme plus populiste et nationaliste qu'hindou, afin de se départir de l'image de « fanatisme » qui l’a caractérisé, mais d'autres composantes de la nébuleuse à laquelle il appartient ont renoué avec les symboles de la religion à des fins de mobilisation populaire. La Vishva Hindu Pari-shad (VHP, Association hindoue universelle), qui compte de nombreux religieux dans ses rangs, a relancé sa campagne contre les mosquées supposées construites sur l'emplacement de temples hindous. Pour la VHP, 1995 marque une véritable renaissance. En effet, l’organisation avait été dissoute en 1992, à la suite de la démolition de la mosquée d'Ayodhya, dont elle avait été tenue pour partiellement responsable. De nouveau légalisée en 1995, elle s'est engagée dans une campagne pour la restitution d'un site de Bénarès, où une mosquée aurait été édifiée à la place d'un temple dédié à Shiva. Au cours de l'été 1995, l'agitation s'est étendue à Mathura, où une mosquée fut à nouveau la cible des nationalistes parce qu'elle aurait été construite sur le lieu de naissance de Krishna, un avatar de Vishnu.

 

Le gouvernement de l'Uttar Pradesh s'est montré très ferme dans la répression de ces campagnes, mais ce rempart reste fragile. En effet, dans cet État, le plus grand de l'Inde, un renversement d'alliances s’est opéré : en juin 1995, le Bahujan Samaj Party (Parti des masses), une formation surtout représentative des intouchables, a cessé d'apporter son soutien au Samajwadi Party (Parti socialiste), pour s’allier au BJP, qui a pu, ainsi, accéder de nouveau au pouvoir. L'attitude du gouvernement à l'égard de la VHP a sans doute contribué à la décision du BJP de se retirer de la coalition en octobre 1995.

Le nationalisme hindou repose sur la conviction que l'identité indienne est tout entière contenue dans la culture hindoue et que les minorités religieuses, les cent millions de musulmans, au premier chef, doivent abandonner leurs particularismes. Depuis la fin des années quatre-vingt, le militantisme hindou est à l'origine de nombreuses émeutes intercommunautaires, et, pour la première fois en 1995, ce courant politique a pris le pouvoir en dehors de ses bastions du Nord, dans les États du Maharashtra et du Gujerat, deux des plus riches provinces du pays.

Liens utiles