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Les jeux du cirque à Rome

Publié le 10/11/2018

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En Gaule, celui de Saintes précède de trente ou quarante ans le Colisée ; ceux d'Arles et de Nîmes, de près d'un siècle.

Reste que le Colisée demeure l'amphithéâtre emblématique de la période romaine. Il doit son nom au voisinage de la statue colossale de Néron (ou Colosseum). Commencé sous Vespasien (69-79), achevé sous Titus et inauguré en 80, il est réparé et embelli jusqu'au Ve siècle. Formant une ellipse de 188 m sur 156 m, s'élevant à 52 m au-dessus du sol sur trois niveaux d'arcades, le Colisée peut accueillir environ 50000 spectateurs (certaines estimations vont jusqu'à 75000).

Un podium (sorte de plate-forme) dominant l'arène accueille l'empereur et les personnalités officielles. Les premiers rangs de gradins sont réservés aux membres de l’ordre sénatorial.

Outre ses dimensions hors du commun, l'édifice se caractérise également par la magnificence de sa décoration et par l'usage du marbre pour les revêtements des couloirs et des piliers de soutènement.

 

L'immense parquet de bois est recouvert de sable (arena, d'où le mot «arène»); certaines parties sont mobiles : on peut les abaisser puis les relever promptement, faire surgir des cages venant des sous-sols, etc. De vastes salles et des corridors aménagés sous l'arène abritent les fauves, la machinerie, le personnel de maintenance et les hommes désignés pour le programme du jour.

Hormis l'édifice lui-même, c'est toute la zone autour du Colisée qui est consacrée aux jeux, quatre casernes de gladiateurs étant reliées directement à l'amphithéâtre par un réseau de souterrains.

CIRCENSES

Aux origines de Rome, les jeux (ludi) ont une vocation religieuse. Ces manifestations spectaculaires sont dédiées à une divinité : jeux scéniques, courses, processions, luttes, etc. Les premiers remonteraient, selon la légende, au temps de Romulus.

 

Le roi Tarquin l'Ancien (616-578) donne aux ludi un grand essor en faisant construire à Rome le Circus Maximus et en instituant des jeux

annuels (en septembre) en l'honneur de Jupiter, les Ludi Romani. Ces derniers comprennent notamment une grande procession, des courses, des spectacles théâtraux... À la fin de la République, on y ajoute des combats de gladiateurs.

DE CARACTÈRE RELIGIEUX

 

Le caractère religieux originel des jeux explique certaines pratiques : ainsi, le cheval du char vainqueur est décapité, afin que le dieu Mars ne soit pas jaloux de ce succès ; et la dépouille de l'animal lui est offerte pour qu'aux jeux suivants il continue de favoriser la même écurie. Apaise les esprits des défunts

Autre exemple du lien unissant jeux et religion : l'origine des combats de gladiateurs. Les premiers auraient eu lieu vers 264 av. J.-C. Les Romains semblent avoir hérité des Étrusques la pratique des duels organisés auprès des tombeaux, afin d'apaiser les esprits des défunts. Initialement, les combats se terminaient dès qu'une goutte de sang avait coulé. On croyait en effet que l'âme du mort s'alimentait de ce sang d'un vivant et éprouvait ainsi moins de peine à descendre aux Enfers. Toutefois, à partir du Ier siècle de notre ère, les combats de gladiateurs deviennent systématiquement des joutes meurtrières.

 

Fréquence et circonstances

Sous la République, une soixantaine de jours sont consacrés aux jeux publics, célébrés à date fixe et souvent à l'occasion des fêtes religieuses. En outre, on voit croître le nombre des jeux votifs, célébrés une seule fois en l'honneur d'une grande entreprise collective, d'un événement notable.

 

Au commencement de l'empire, Rome a 76 jours fériés annuels comportant des jeux (22 étant des jeux du cirque, du stade ou de l'amphithéâtre). Leur nombre ne cesse d'augmenter jusqu'à dépasser 180 jours par an, soit la moitié de l'année!

 

Une des raisons de cette inflation est l'inscription (ponctuelle ou définitive) dans le calendrier romain des anniversaires de naissance des empereurs (et des membres de leur famille), ainsi que des événements marquants de leur règne. Toutes ces commémorations sont accompagnées de distractions populaires mêlant rituels religieux et spectacles profanes (jeux du cirque, combat de gladiateurs dans l'amphithéâtre).

« LES PRINCIPALES CAltGORIES DE GLADIATEURS • Le -'te est lourdement armé (casque , boudier long.

jambière gauche , épée).

C'est la plus ancienne forme de la gladiature .

A partir d'Auguste, les saJalles se divisent eux-mêmes en seadw6 (opposés aux rétiaires) et oploludd (opposés aux Thraces) • Le lllnce est équipé d'un petit 96) ou sous Trajan, le Colisée lui-même est transformé en lac artificiel pour de tels spectacles .

LE DÉROULEMENT DES JEUX l'AMBIANCE • L'annonce des jeux donne lieu à des affichages qui précisent le jour du début des réjouissances.

• Toute personne libre (non esclave ) est admise aux jeux, sans rien payer , petit peuple ou sénateurs (ces derniers se voyant réserver les rangs les plus proches du spectacle) .

• À midi , la plupart des spectateurs descendent des gradins pour aller se restaurer auprès de marchands accrédités; parfois , la foule est nourrie sur l'ordre de l'empereur et à ses frais.

• Pendant les entractes , des orchestres se font entendre; au cours des combats, ils soulignent de quelques accords les moments les plus critique s.

UN LIEU D'EXPRESSION • A l'amphithéatre comme au cirque, la plèbe (menu peuple et classe moyenne ) profite de la présence de l'empereur pour expr imer ses désirs directement en rapport avec les jeux (vie sauve pour un combattant vaincu , affranchissement d'un cocher valeureu x), ses revendication s politiques (demande de réforme .

manifestation de mécontentement contre certaine s décisions ), voire sa contestat ion du Prince lui-m ême.

• la plupart des empereurs assistent volontiers aux jeux, communiant ainsi avec le peuple dans une même passion .

• Ceux qui se dérobent ou s 'occupent de leur correspondance pour passer le temps , comme Hadrien {117-138), sont mal vus.

Certains empereurs vont jusqu'à se produire dans ces spectacles , tel Commode (181-192 ) qui participe aux jeux de gladiateurs .

Ce comportement leur confère une grande popularité.

lls COUISES DE CHAIS • Le nombre de jours réservés aux courses s'élève à 17 par an à la fin de la République.

Les courses les plus importantes se déroulent lors des Ludi Romani ou Magn i, du 4 au 8 septembre .

Sous l'Empire, le nombre de jours s 'accroit sensiblement , de boudier rond, d'un casque , de deux jambières, d'un brassard droit et d'un sabre court recourbé .

• Le rMIIIIre a un armement léger (ceinturon, protègHras, trident et filet pour envelopper l'adversaire ).

C'est la forme 1~~-=~~~~~ la~~ humble de la gladiature .

• Le p1lels ou lllnllllol a peu d'armes défensives (un léger casque et un petit boudier).

mais dispose d'une épée .

même que la fréquence des courses programmées lors de ces journées : jusqu 'à une quarantaine sous Caligula , soit quasi en continu, du matin au soir.

• Les chars sont des biges , des triges , ou des qu11driges selon qu'ils sont tirés par deux, trois ou quatre chevaux.

Les courses les plus prestigieuses sont celle s qui opposent des quadriges .

• Pour désigner les cochers , le terme «aurige » est passé à la postérité , mais il désigne en fait un cocher débutant alors que le cocher confirmé est un agitator .

• Tous les cochers sont en général des esclaves .

Ils peuvent être affranchis, à la demande du public.

mais restent frappés d'infamie, statut juridique qui stigmatise les métiers du spectacle.

Ils ne peuvent donc obtenir la citoyenneté romaine .

Toutefois , la passion immodérée des Romains pour les courses explique que certains cochers deviennent des vedettes et amassent des sommes considérables : au n • siècle , un certain Dioclés aurait ainsi acquis une fortune de 35 millions de sesterces , somme énorme quand on sait que le capital exigé pour deven ir s énateur s 'élevait à 1 million de sesterces.

• Il existe traditionnellement quatre équipes (mises en place vers le m ilieu du l" siècle av.

J.-C).

Ces écuries permanentes , les factions , sont reconnaissables à la couleur du costume des cochers : bleu, vert rouge et blanc.

Les Bleus et les Verts sont les plus appréciés.

• Les départs se font au minimum par quatre (un char de chaque écurie ) mais peuvent opposer jusqu'à douze chars (soit trois par faction ).

• Les équipes s'associent en général les Blancs et les Verts contre les Rouges et les Bleus .

• Le président des jeux donne le départ en laissant tomber sur la piste un linge blanc , la mappa.

Les chevau x démarrent à grande allure .

Au début.

chaque char reste dans son couloir, jusqu'à la hauteur de la première borne .

Ensuite , ils se rabattent à la corde , vers la spina .

• Ils doivent parcourir sept tours .

A la fin de chaque tour , on décroche un des sept œufs suspendüs au-dessus de la spina et l'on abaisse un dauphin de bronze .

lfs COMBATS DE GLADIATEURS Il existe deux sortes de combats.

• Les premiers.

tenant lieu d 'exécution capitale, voient s'affronter des prisonniers de guerre ou des condamnés à mort souvent inexpérimentés , qui ressemblent davantage à un gibier qu'à des combattants .

On les réserve à l'entracte , c ' est·à·dire à l'intervalle compris entre midi et 15 heure s, quand les personnalités sont parties se reposer , tandis que la foule garde sa place et réclame un divertissement en attendant la reprise du vrai spectacle .

• Le second type de combats oppose des gladiateurs formés , à Rome , dans l 'une des quatre prestigieuses écoles situées près du Colisée.

Professionnels entraînés , les gladiateurs offrent des affrontements d 'une grande qualité technique .

• Le spectacle commence par un défilé à travers l'arène .

Le salut à l'empereur consiste en une formule traditionnelle : Ave Caesar! Morituri te sa/utant! («Salut , César! Ceux qui vont mourir te saluent! >>).

• Les groupes de combat sont tirés au sort, et le public engage alors des paris .

Il existe plusieurs catégories de gladiateurs en fonction de leur type d 'armement.

• Le plus souvent le combat consiste en un duel.

Dès que l'un des deux gladiateurs est touché , la foule crie : Hoc habet! («li l'a » [reçu le coup]) .

Pour demander grace.

le blessé tend la main gauche vers l'estrade officielle .

• Si les spectateurs lèvent le pouce, le gladiateur vaincu est sauvé et soigné; si la foule pointe le pouce vers le sol, il est achevé .

Des esclaves viennent alors retourner la terre ensanglantée avec des pelles ; puis une eau parfumée est vaporisée avec un système de tuyaux : l'arène est prête pour un nouveau combat.

• Les vainqueurs reçoivent en général des récompenses honorifiques ainsi que des sommes d 'argent.

et leur bravoure leur vaut de nombreux succès féminins (on raconte que l'impératrice Faustine , épouse de Marc-Aurèle , fut séduite par l'un d'entre eux).

• Après un certain nombre de victoires , les valeureux sont dispensés de l'arène, et les esclaves peuvent être affranchis .

lls FAUVES • Occasionnellement on présente dans l'amphithéatre des exhibitions d'animaux exotiques , quelquefois revêtus de beaux costumes , plus ou moins humoristiques .

Mais le plus souvent on y fait combattre des fauves entre eux (venationes) ou contre des hommes armés (bestarii ); ou bien encore , on attaque les animaux à coups de flèche et de javelot dans de des Bleu s, aurait fait tuer des plébéiens gigantesques reconstitutions de qui avai ent osé critiquer son équipe .

chas ses.

• On raconte qu'en un seul jour , sous llS CRinQUES DE QUELQUES-UNS Néron (54-68 ), 400 tigres furent • Certain s intellectuels , par exemple opposés à des taureaux et à des Sénèque (4 av.

J.-C.-65 apr.

J.·C) .

éléphants .

Une autre fois, sous Caligula, manife stent quant à eux leur mépris on mit à mort 400 ours .

Lors de pour ces spectacles , qu'il jugent l'inauguration du Colisée, ennuye ux et répétitifs (pour les 5 000 animaux auraient péri.

Claude courses ) , violent et cruels (pour les chargea un détachement de sa garde combats ), et qui font selon eux primer prétorienne de combattre des la force physique sur la sagesse et panthères ; Néron , encore lui, mit ses l'esprit.

Cette critique leur permet de prétoriens aux prises avec 400 ours et marque r la distance entre l'élite- à 300 lions! laquelle il s appartiennent- et le • D'autres fois encore, on lache des peuple , qui se complaît à ces loisirs bêtes (préalablement affamées ) sur des grossie rs.

condamnés sans armes , parfois eux- • Les premiers Pères de l'Église , en particuli e r Tertullien , évêque africain du Ill ' siècle, dénoncent également l'empris e néfaste des jeux sur la foule .

Des spectacles selon eux trop liés à la civilisati on romaine , et par là même obstacle aux progrès du christianisme et aux valeurs qu'il professe .

En ligne de mire , très précisément les combats de gladi ateurs.

mêmes affublés de peaux d 'animaux .

LE DtC LIN A partir de Néron , des ciJrétlens sont • Si les chasses et autres corr idas.

ainsi soum is à de tels supplices .

que les courses du cirque , perdurent les tueri e s de l'arène cessent par la lls BATAILLES NAVALES volonté des empereurs devenus ·C'est César qui donne le premier chrétien s.

spectacle reconstituant une bataille • En 326, l'empereur Constantin prescrit navale : il s 'agit de représenter de commuer en travaux forcés les l'affrontement des flottes de Tyr (port condamnations à la gladiature , tarissant de Phénicie ) et d 'Égypte .

Les navires ainsi la principale source de sont d 'authentiques vaisseaux de recrutement de cette dernière .

combat mus par des rameurs et • En 404, un édit d'Honorius supprime montés par des soldats qui se livrent définitiv ement les combats de réellement une bataille acharnée .

gladiate urs dans l'empire d'Occident.

• Auguste à son tour , en l'honneur du temple qu'il vient d'édifier au dieu de LES JEUX AU CINWA la Guerre , Mars, met en scène Bien des films ont montré les jeux 3 000 combattants pour reconstituer la du cirque .

On citera , parmi les plus bataille navale de Salamine qui opposa célèbres , Spartacus (1960) de Stanley Il les Athéniens aux Perses en 480 av.

J.-C.

Kubrick, • Lors de l'inauguration du Colisée , avec Kilt Titus fait inonder l'arène afin d'y Dellf/G reproduire l 'affrontement maritime dans le rôle- entre Corinthe et Corcyre (Corfou ) qui titre du Ji a ouvert la guerre du Péloponnèse .

• Dans ces spectacles .

les combattants sont des prisonniers de guerre ou des l' condamnés à mort et trés peu en ~J réchappent.

On raconte que l 'empereur Claude engagea, dans sa naumachie , li 19 ooo hommes et que tous périrent sans exception : les survivants furent massacrés par les soldats , la foule ayant jugé leur prestation peu convaincante.

tl • On notera que ce goût des spectacles nautiques a suscisté à Rome, du XVII' au X IX' siècle , l'inondation de la piaua Navona (ancien cirque de Domitien , ·1 dont la place a conservé la forme et les ~~ dimens ions) pour des naumachies somptueuses et pacifiques .

J; i!iJ#Œ![,]ItJ il l'ENGOUEMENT DU PLUS GlAND NOMBIE • L'afflux massif du public au Colisée pour les combats ou au cirque les jours de courses traduit bien l'engouement que suscitent les jeux à Rome.

Les paris et les pronostics vont bon train .

Certains auteurs latins rapportent que Delmer Daves, avec Victor Mature ; la ville est vide les jours de courses , enfin.

p lus récemment.

Gladiator car tout le monde se trouve au cirque .

(1999) de Ridley Scott.

où Russell Crowe Les supporters de telle ou telle faction incarne un glorieux général injustement s'affrontent parfois violemment et condamné à périr dans l'arène du l'empereur Vitellius, partisan fanatique Colisée .. »

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