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LE RÈGNE DE VICTORIA: L'âge d'or de la puissance britannique

Publié le 09/11/2018

Extrait du document

UN NOUYEAU MODÈLE DE SOCIETE

 

La Grande-Bretagne du xixe siècle se confond presque avec le règne de Victoria, tant celui-ci a été marquant. Durant cette période, le Royaume-Uni accède au rang de première puissance mondiale économique et politique : il dispose d'un empire toujours plus étendu et d'une industrie performante. Il propose aussi le modèle d'une société nouvelle, démocratisée et urbanisée. Pourtant, à partir de 1876, la Grande-Bretagne doit affronter une succession de difficultés intérieures, l'apparition de concurrents sur ses routes commerciales et la contestation de son hégémonie politique.

VICTORIA, IMPÉRATRICE DES INDES (1837-1876)

La première moitié du règne de Victoria est caractérisée par une prépondérance croissante et l'affirmation de la suprématie britannique. Le titre d'impératrice des Indes qu’offre le Premier Ministre Disraeli à sa reine en 1876 en est le symbole éclatant aux yeux de monde.

Une évolution politique sans

 

HEURTS MAJEURS

 

Contrairement à la plupart des pays européens, la Grande-Bretagne connaît une exceptionnelle période de calme. Aucune révolution ne vient renverser l'ordre établi.

Une jeune reine consciente de ses responsabilités Petite-fille du roi d'Angleterre George III, Victoria accède au trône d'Angleterre en 1837, succédant à son oncle Guillaume IV.

Malgré sa jeunesse (18 ans) et son inexpérience, elle est dotée d'une conscience aiguë de sa fonction et du rôle de son pays dans le concert des nations et, durant tout son règne, elle s'efforce de restaurer auprès de ses sujets le prestige de la Couronne, quelque peu terni par ses prédécesseurs. Tout comme elle s'attache à n'agir que dans le strict respect du régime parlementaire que le Reform Act de 1832 (réforme électorale) lui impose. Elle dote son royaume de chefs de gouvernement énergiques, comme Peel, Palmerston, Disraeli et Gladstone.

L'évolution politique intérieure Durant les premières années du règne de Victoria, les partis politiques traditionnels, whig et tory (le plus conservateur) se modifient. Les plus radicaux des tories, rassemblés autour de R. Peel (Premier ministre, 1841-1846), prennent le nom de conservateurs (1836) tandis que les whigs deviennent les libéraux en 1847. Malgré le mouvement chartiste qui prône une réforme institutionnelle profonde, la vie politique demeure inchangée, entre les mains des mêmes serviteurs de l'État, Melbourne, Peel et Russell. Entre 1846 et 1867, deux adversaires politiques se distinguent : le conservateur Disraeli et le jeune libéral Gladstone. Tous deux, malgré leurs divergences, sont d’accord pour élargir le corps électoral. Le Reform Act de 1867 donne le droit de vote aux ouvriers qualifiés. De 1867 à 1876, la vie politique retrouve une certaine stabilité. Surtout les deux principaux Premiers ministres,

 

Gladstone puis Disraeli, engagent de nombreuses réformes.

Education Act, généralisant l'éducation primaire, est voté en 1870, les syndicats sont légalisés (le Trades Union Congress s'est constitué en 1868) entre 1871 et 1876, et l'égalité civile entre l'employeur et le salarié est reconnue par l'Employers and Workmen Act en 1874.

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LE PROBLÈME IRLANDAIS

La question irlandaise est vieille de plusieurs siècles. L'île est l'une des premières colonies britanniques (xiie siècle). Au problème de la possession de la terre s'ajoute celui de la religion. Radicalisé par la Grande Famine de 1845-1849 et par la misère qui pousse la population à émigrer, le mouvement nationaliste et catholique irlandais exige le Home Rule, l'autonomie, sans l’obtenir. En réponse, les gouvernements manient alternativement la carotte (Irish Church Act - séparation de l'Église anglicane et de l'État en Irlande -, 1869 ; Land Act, 1881) et le bâton (lois coercitives). Accordé trop tardivement, en 1914, le Home Rule ne pourra empêcher la guerre d'indépendance de 1919-1921.

« Les tensions au sein de l'empire En Inde, la contestation est forte.

!:épisode sanglant de la révolte des cipayes (soldats indiens servant dans l'armée de la Compagnie anglaise des Indes orientales) en 1857 pousse les Britanniques à faire du pays une véritable colonie (Government of Jndia Act 1858), avec un secrétaire d 'État à Londres et un vice-roi sur place .

En Nouvelle-Zélande, la population maori est contenue au prix de deux guerres (1843-1847 et 1860-1869) .

En Afrique du Sud, les Britanniques se heurtent aux descendants des premiers colons européens d'origine néerlandaise : les Boers .

UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE PRUDENTE ET EFFICACE La cc pax britannica n Dirigée par des diplomates comme Castlereagh, Palmerston et Canning , la Grande-Bretagne n'a de cesse de préserver l'équilibre européen et le libre accès aux voies maritimes .

Les alliances qu'elle contracte sont pour une fin et une durée précises.

Les interventions britanniques • La question d'Orient et la guerre de Crimée (1854·1856) !:Empire ottoman est moribond et son devenir pose problème durant tout le XIX' siècle.

De son maintien ou non dépendent à la fois l'équilibre des forces en Europe et la liberté d 'accès au bassin méditerranéen .

Directement rattachée à la question d'Orien~ la guerre de Crimée oppose - t ......

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t~ _ __..___ - )~ ~- les troupes brittmniques et françaises aux armées russes de Nicolas 1".

Les ambitions de ce dernier et son intervention dans les affaires ottomanes menacent les intérêts français et britanniques au Moyen -Orient.

Par pays interposés , la Russie et la Grande­ Bretagne se sont déjà affrontées sur la frontière entr e l'Inde et l'Afghanistan .

Cette fois, il s'agit de maintenir la libre circulation dans la mer Noire et dans les Détroits.

La guerre se solde par le traité de Paris du 30 mars 1856.

La mer Noire est neutralisée et les Détroits sont fermés aux flottes de guerre.

• L'Extrême-Orient L'expansionnisme commercial pousse les Britanniques à intervenir vigoureusement en Extrême-Orient.

Ainsi , ils n 'hésitent pas à envoye r des troupes en Chine (guerre de l'Opium, 1840-1842) pour obtenir par le traité de Nankin la concession de cinq comptoirs commerciaux.

Ils récidivent pour les mêmes motifs en 1856 -1858 (traité de Tien-Tsin ) et en 1860 (prise et traité de Péki n).

LE TEMPS DES ÉPREUVES (1876·1901) Au moment même où la Grande­ Bretagne fête avec faste le couronnement de l 'impératrice des Indes, les premiers signes de la remise en cause de l'hégémonie britannique apparaissent.

Entre 1876 et 1901, la Grande-Bretagne perd sont statut d'État le plus puissant du monde .

LA CRISE ÉCONOMIQUE L'économie britannique est durement LE PROBLlME IRLANDAIS La question irlandaise est vieille de plusieurs siècles.

L11e est l'une des premières colonies britann iques frappée par la dépression de 1873 - (xu• siècle).

Au problème de la 1895, tant dans le secteu r primaire que possession de la terre s'ajoute celui de dans le secteur secondaire .

la religion.

Radicalisé par la Gl'fllllle La crise agricole Ftr..me de rus-'"' et par la L'agriculture britannique est misère qui pousse la populat ion à durablement marquée par la crise : elle émigrer, le mouvement nationaliste et est confrontée à des productions plus catholique irlandais exige le Home compétitive s que les siennes (céréales Rule , l'autonomie, sans l'obtenir.

En nord -américaines , viande , laitages) qui réponse, les gouvernements manient et 1894 (grève victorieuse des dockers à Londr es en 1889) et, a u x congrès des Trades Union entre 1891 et 1895, la tendance est nette : le libéralisme a cédé la place aux idées socialistes.

La naissance d 'un parti travailliste Le socia lisme a du mal à se faire une place et à trouver un véritable électorat.

Pourtant , les principaux leaders syndicaux des années 1890 sont persuadés qu'une action politique est indispensable pour obtenir les réformes sociales attendues .

En 1900 , ils unissent leurs forces et s'adressent aux petits partis politiques socialistes, aux Fabians pour fonder le Labour Representation Committee .

Ils veulent soutenir des candidats à la Chambre des Communes afin de former un nouveau groupe.

Mais ce n'est qu'en 1906 que cet objectif sera atteint.

attaquent son propre marché .

Malgré alternativement la carotte (Irish Church À LA RECHERCHE D'UN ÉQUILIBRE des mesures gouvernementales , Ad- séparation de l'Église anglicane :,:PO;::;L,IT"'IQ:C:U:C:E-----:-:-- ---,----- nombre de fermiers sont ruinés et la et de l'Étal en Irlande - , 1869 ; Land Si le régime monarchique demeure surface des terres cultivées baisse Ad, 1881) et le baton (lois coercitives ) .

incontesté, le paysage politique entre considérablement.

Ce n'est qu'au Accordé trop tardivement en 1914, le 1876 et1901 est profondément modifié , tournant du siècle qu'un certain Hom e Rule ne pou rra empêcher la marqué essentie llement par une r edressement est observé, mais seules guerre d 'indépendance de 1919 -192 1.

démocratisation croissante et la fin les terres les plus riches sont travaillées .

de l'alternance bipartite .

~----------------~ La crise industrielle et commerciale Les mêmes maux affectent l'industrie et le commerce : l'émergence de nouveaux concurrents sur le marché mondial abaisse considérablement la compétitivité des produits manufacturés britanniques .

Dan s l ' industrie métallurgique , les États-Unis d 'abord , puis l'Allemagne s'emparent de marchés jusqu'alors britanniques ; l ' industrie textile , principalement cotonnière , est confrontée à celle de ces pays nouvellement industrialisés .

LA REMISE EN CAUSE DU MODÈLE SOCIAL lncontestablemen~ l'Anglais moyen est mieux nourri , mieux logé , mieux vêtu et même mieux éduqué qu'au début du règne de Victoria , et pourtant les disparités restent grandes.

La crise économique provoque l'exacerbation du mécontentement ouvrier.

La contestation ouvrière À partir de 1875, l a Grande -Bretagne connaît une véritable guerre des classes : regroupés dans des associations , patrons et ouvriers s'affrontent.

Les premiers tentent d 'imposer une baisse des salaires pour diminuer le prix de revient et retrouver une meilleure compétitivité sur le marché mondial , tandis que les seconds luttent pour conserver leur pouvoir d 'achat et leur rémunération .

Les grèves se multip lient (1873-1879 ) f---------------1 et se terminent souvent en échec LE PRINCE ALBERT Albert lie Stlxe-Cobotny épouse la reille llictorlfl en 1840.

Privé de tout rôle politique, ne prenant le titre de prince consort qu'en 1857, i l laisse pourtant une empreinte durable .

Passionné d'art, de sciences et de technolo gie, il organise la premiè re Exposition universelle du monde à Hyd e Park.

en 1851 .

Plusieurs millions de visiteurs déambulent six mois durant sous le toit du Crystal Palace , chef-d 'œuvre de verre et de fer.

Albert meurt en 1861 avant d'avoir pu réaliser son projet de créer un grand centre culturel.

Le Victoria and Albert Museum de Londres lui est dédié.

pour les ouvriers , ce qui contribue à les radicaliser et à leur faire épouser les idée s socia listes.

L'émergence du socialisme Le socialisme gagne les masses dans les années 1880 .

Auparavan~ après l'échec du chartisme, les idées socialistes n 'avaient intéressé qu'une minorité , souvent une élite intellect uelle, et les idées de Marx n'avaient guère laissé de traces .

En 1881, Hyndman fonde le premier parti socialiste, la Democratie Federation .

Il est rejoint pour un temps par le poète et industriel William Morris .

Il remporte un véritable succès en réussissant à prendre la tête des défilés des chômeurs de 1886 et 1887 .

Parallèlement émerge la Fabian Society qui compte parmi ses membres G .B .

Shaw ou encore H.G.

Wells.

Hostiles à la lutte des classes , ses membres sont persuadés qu'un changement est inévitable et ils préconisent des réformes immédiates : journée de huit heures , nationalisations , salaire minimum garanti .

Le !rade-unionisme Ces idées gagnent rapidement les syndicats jusqu 'alors modérés et radicalisent le comportement de leurs chefs (Burns , Mann , Tillett, Hardie).

Les grèves se multiplient entre 1889 La lente démocratisation du système politique Une nouvelle réforme électorale est lancée en 1885-1886 par Gladstone sous la pression des Trades Union et sans réelle opposition des conservateurs .

Le corps é lectoral double -les femmes en sont encore exclues mais le suffrage est quasiment universel pour les hommes .

Le scrutin uninomimal est introduit et la carte des districts électoraux est redessinée, au profit des grandes régions industrialisées du nord-ouest du pays .

L'instabilité gouvernementale L'alternance entre les libéraux et les conservateurs , qui ont dominé la vie politique de la première moitié du règne de Victoria, est rompue .

La formation des gouvernements est soumise à des coalitions plus ou moins solides , même si le fauteuil de Premier Ministre revient toujours à un petit cénacle (Disraeli , Glad stone, Salisbury ).

La question irlandaise (voir encadré) influe largement sur la vie politique : à quatre reprises , le gouverne ment tom be à cause de ce conflit.

C.

Parnell , durant les années 1880 , dirige les 70 à 80 représentants irlandais à la Chambre des Communes , qui sont souvent indispensables à la majorité gouvernementale .

Le problème de l 'Irlande provoque en 1886 une scission au sein du parti libéral entre partisans et adversaires du Home Rule ( l'autonomie de l'Irlande).

LE RÈVE IMPÉRIAL L'impérialisme britannique n'a jamais été aussi fort qu'à cette époq ue, a lors même qu'il rencontre les plus grands obstacles à son déploiement.

L'enjeu pour le Royaume-Uni est de protéger la route des Indes , de créer de nouveau x points de ravitaillement et de conquérir de nouvelles ressources minières .

L'expansion territoriale Ce mouvement de conquête territoriale se développe dans des direct ions variées.

Les frontières du nord-ouest de l'Inde sont consolidées , la Birmanie est intégré e à l'empire (1887-1895) .

Mais c 'est surtout l'Afrique qui est l'objet de t ous les efforts : le Nigeria (1879) , l'Afrique orientale et méridionale à partir des années 1880 ; l ' Égypte (1882) et le Soudan (1898) sont occupés ; la région des Grands Lacs , aprè s un compromis avec l'Allemagn e , passe sous domination britanniqu e.

L'Afrique du Sud est disputée a u x Boers en 1899, au prix d 'une guerre impitoyable qui s'achève en 1902.

Une menace pour la paix La France , l'Allem agne et plus ponctuellement la Hollande ou l'Italie prétenden t aux mêmes territoires .

Les tensions se multiplient et culminent , notamment avec la France , en 1898, à propos d e Fachoda et du Soudan angle-égypt ien.

UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE REPLI Durant cette période , le Royaume-Uni n 'a d'autres soucis que son expansion coloniale et la question d 'Orient.

La premiè re est réglée par la diplomatie avec les autres nations européennes.

La seconde parait presque résolue selon l'interprétation e t les intérêts britanniques lorsque , en 1887 , un accord est conclu avec l'Autriche et l'Italie pour protéger l'Empire ottoman des visées russes.

Persuadée que le danger vient de la France ou de la Russie, l a Grande-Bretagne envisage même une alliance avec l 'Allemagne, nullement inquiétée par le discour s expansionniste de Bismarck .

C'est seulement au tournant du siècle qu'elle commence à prendre la mesure de son principal adversaire.

Conscient e que sa politique de" splendide isolement" n'est plus tena ble, elle se tourne alors vers la France pour conclure l'Entente cordiale (1904) .

L'HÉRITAG E D'UNE REINE L o rsque Vidoria décède le 22 jan vier 1901 , elle laisse un peupl e éploré : elle a réussi à restau rer et à entreten ir le prestige monarchi que.

La société britannique a considé rablement changé et même si le Royaume-Uni n 'est plus la première puissance économique et politique du monde , il demeure un acteur essentiel sur l'échiquier international.. »

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