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Le rôle des gouverneurs sous la Republique et l'empire romain

Publié le 28/10/2019

Extrait du document

condamnation de Massa [le Sénat] avait décrété que ses biens devaient être confiés à la surveillance de l’Etat. » En effet, ses biens sont confisqués et il doit verser des indemnités aux plaignants. Aux lignes 9 à 17 du second extrait de texte, Herennius Senecio s’inquiète du devenir des biens confisqués. « Senecio, ayant eu vent que les consuls allaient recevoir les réclamations, vint me trouver et me dit: « dans le même parfait accord avec lequel nous avons mené à bien l’accusation dont nous étions chargés, allons ensemble trouver les consuls et demandons-leur de ne pas permettre le gaspillage des biens à la garde desquels ils doivent veiller. » » En effet, Herennius Senecio, natif de Bétique, craint que le Sénat, qui confisque les biens de Baebius Massa, ne les redistribue à qui les réclame, et notamment les propriétés qu’il a acquis en Bétique. Herennius Senecio sollicite alors l’appui de Pline,  qui va voir les consuls à ce sujet et obtient gain de cause, malgré les protestations de Baebius Massa qui veut faire accuser Herennius Senecio de lèse-majesté, mais qui est ironiquement remis en place par Pline. Baebius Massa apparaît donc comme l’archétype du mauvais gouverneur de province, malhonnête, corrompu, et qui abuse de ses pouvoirs pour s’enrichir, à l’inverse d’Agricola. ***     Les gouverneurs, légats d’Auguste propréteurs pour les provinces impériales, proconsuls pour les provinces sénatoriales, sont donc à la tête des provinces romaines,qu’ils administrent au nom de l’Empereur et du Sénat. A travers ces deux extraits de texte, Tacite et Pline le Jeune présentent deux portraits totalement opposés de gouverneurs de province, à savoir Agricola, qui remplit consciencieusement et sérieusement sa fonction, ce qui lui vaut de devenir populaire auprès des provinciaux et d’être « promu » consul suffect en 77 et gouverneur de la province impériale consulaire de Bretagne vers 77-78, et Baebius Massa, qui profite de l’appui de Domitien, ainsi que de ses pouvoirs de proconsul, pour s’enrichir aux dépens des habitants de la Bétique. Ceux-ci portent toutefois plainte contre lui, et, abandonné par Domitien, il est condamné à la confiscation de ses biens et à la version d’indemnités aux provinciaux. Ces deux personnages montrent donc bien les différences de comportement que peuvent avoir les gouverneurs de province, s’ils prennent leur fonction au sérieux où s’ils cherchent juste à s’enrichir. De plus, le gouvernement d’une province est une étape essentielle dans la carrière d’un homme politique, ce qui lui vaut de progresser s’il remplit bien sa tâche. 

« finesse parce que la justice des camps, libre de tout contrôle, simpliste et fondée principalement sur la force, ne permet pas de s’entraîner aux subtilités du forum.

» Il ajoute, aux lignes 5-6: « Mais Agricola, doté de sagesse par la nature, avait même [dans les affaires civiles] une attitude bonne et juste.

» La province d’Aquitaine est vaste, et comprend plusieurs peuples celtes, comme par exemple les Arvernes, les Bituriges, les Santons, les Tarbelles, les Lémovices ou encore les Cadurques.

Agricola exerce sérieusement et efficacement sa fonction.

Tacite explique, qu’ « il séparait nettement le temps des affaires et celui du repos: quand les réunions et les procès le réclamaient, il était solennel, déterminé, rigoureux et, plus souvent, miséricordieux. Mais dès qu’il avait satisfait à ses devoirs, il ne restait plus rien du personnage officiel; il dépouillait sévérité, hauteur et âpreté.

» Agricola tient ses assises dans les principales villes d’Aquitaine, rend la justice dans les affaires qui nécessitent l’intervention du gouverneur, tout en étant magnanime.

« son amabilité n’entamait point son autorité, ni sa sévérité l’amour qu’on lui portait.

» nous rapporte Tacite.

Effectivement, Agricola devient vite très populaire, et est apprécié à la fois par les habitants de la province d’Aquitaine, mais aussi par ses collègues.

Il ne commet aucune faute, et ne profite pas de sa situation pour s’enrichir.

« Parler, à propos d’un si grand homme, de son intégrité et de son désintéressement serait faire injure à ses vertus.

Même la renommée, pour laquelle les hommes de bien ont souvent des complaisances, il ne rechercha jamais par une vertu ostentatoire ou des artifices. Il évitait toute rivalité avec ses collègues, tout conflit avec les procurateurs, estimant qu’il eût été sans gloire de les vaincre et humiliant d’être écrasé par eux.

» Agricola gouverne tout en restant modeste, sans vanité, et nous l’avons déjà vu, cordial vis-à-vis des provinciaux et des procurateurs équestres qui l’assistent pour les questions financières.

Tacite, lorsqu’il présente Agricola comme un modèle, n’est pas objectif, puisqu’il fait l’éloge de son beau-père, mais il semble bien qu’il ait rempli sa tâche le plus sérieusement du monde, avec une réelle compétence administrative, même si, globalement, Agricola est plus un militaire qu’un administrateur.

Sa popularité augmente, et sa réputation d’homme sérieux, honnête et compétent, est renforcée.

Mais le gouvernement de l’Aquitaine n’est qu’une étape dans sa carrière : « Il fut retenu dans ce gouvernement moins de trois ans et aussitôt rappelé à Rome, dans la perspective du consulat; le bruit courait aussi qu’on lui donnait la Bretagne, non qu’il en eût parlé lui -même, mais parce qu’il semblait à la hauteur de la tâche.

» En effet, Agricola gouverne l’Aquitaine jusqu’en 76, date à laquelle il est rappelé à Rome, dans la perspective du consulat, qui lui permettrait, au vu de ses compétences tant militaires qu’administratives, de gouverner une province impériale consulaire, comme la Bretagne, qu’il connaît bien pour y avoir été tribun militaire en 61 et pour y avoir commandé la XXème légion en 70-74.

Le gouvernement de la province calme d’Aquitaine, effectué avec succès, le prépare donc pour le gouvernement d’une province moins calme comme la Bretagne, récemment pacifiée.III- Baebius Massa, un gouverneur corrompu Nous disposons donc ensuite de l’extrait d’une lettre que Pline le Jeune adresse à son ami Tacite, et dans laquelle il raconte le procès intenté à Baebius Massa, ancien gouverneur de la province sénatoriale prétorienne de Bétique, qui est lui, representatif du mauvais gouverneur par excellence.Mais tout d'abord, qui est Pline le jeune ?Pline le Jeune (Caius Plinius Caecilius Secundus), né vers 61-62, meurt vers 113 -114.

Il est le fils d’un notable de Côme, mais, son père étant mort très tôt, il est adopté par son oncle Pline l’Ancien.

Il bénéficie à Rome d’une très bonne éducation et devient avocat, tout en menant une carrière sénatoriale.

D’abord tribun militaire en Syrie, il est ensuite questeur en 89, tribun de la plèbe en 91, et préteur en 93.

Le préteur est un magistrat supérieur chargé de s’occuper des affaires judiciaires.

Nous disposons d’un extrait d’une lettre que Pline adresse à son ami Tacite et dans lequel il explique qu’en 93 il doit défendre les habitants de la province de Bétique, située au sud de l’Hispanie, qui accusent leur ancien gouverneur, Baebius Massa, de corruption.

Baebius Massa, créature de l’Empereur Domitien, est proconsul de Bétique en 90-91.

Il devient très impopulaire auprès des provinciaux car il abuse de sa fonction.

Il est corrompu et s’enrichit à leurs dépens.

Nous avons déjà vu qu’en 59 avant Jésus -Christ, César avait promulgué la lex Iulia repetundarum, qui permet aux provinciaux de porter plainte contre les abus des gouverneurs de rang consulaire ou prétorien, et cette loi est élargie sous l’Empire à l’entourage du gouverneur ainsi qu’aux chevaliers.

Les habitants de la province de Bétique portent alors plainte contre Baebius Massa en 93, après qu’il ait quitté son poste.

Pline affirme « Le Sénat m’avait donné, en même temps qu’Herennius Senecio, pour avocat à la province de Bétique contre Baebius Massa.

» En effet, Pline le Jeune est chargé de plaider la cause des habitants de la Bétique contre Baebius Massa.

Le philosophe stoïcien Herennius Senecio, natif de Bétique, comme nous pouvons le lire aux lignes 13 à 15 du second extrait de texte, défend la cause de sa province natale aux côtés de Pline.

Herennius Senecio est un farouche opposant à la politique de Domitien, comme beaucoup de personnages marqués par les philosophies stoïcienne et cynique, et le fait de plaider contre un protégé de l’Empereur permet de l’attaquer indirectement.

Domitien, de son côté, cherche à limiter les abus des gouverneurs de province, et abandonne par conséquent Baebius Massa à son sort.. »

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