Vers un islamisme noir ?

qui stimulent les échanges, et des mutations (monétarisation des économies, délitement des systèmes anciens de solidarité, urbanisation, scolarisation, etc.) induites par la colonisation. Dans ce contexte propice à la perte des repères, il va attirer bon nombre des laissés-pour-compte de la modernisation coloniale. Au lendemain des indépendances, l’islam africain va entamer sa réorganisation au sein de structures nationales. Associé aux projets d’édification étatique qui s’amorcent, il jouera çà et là un rôle politique important. Au Sénégal, par exemple, où la Mouridiyya, une confrérie religieuse fondée au xixe siècle par cheikh Amadou Bamba, sera la partenaire privilégiée du pouvoir, longtemps incarné par le chrétien Léopold Sédar Senghor. Au début des années soixante-dix, l’intensification des politiques africaines

Quoique ne donnant pas lieu à la même médiatisation qu 'au Maghreb ou au Proche-Orient, l'islam en Afrique noire est, lui aussi, en mouvement. Certes, ce « réveil » ne saurait être encore comparé au phénomène islamiste observable en Algérie, voire en Egypte. Mais la récurrence de la contestation islamique dans des pays tels que le Sénégal et, plus récemment, la Côte-d'Ivoire, les affrontements cycliques entre musulmans et chrétiens au Nigeria, ou encore le militantisme religieux affiché par le régime soudanais, montrent qu 'un processus de politisation de l'islam s'amorce également dans cette région du monde.