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VHH5E11 - Histoire ancienne – Licence Histoire 3e année Devoir

Publié le 16/01/2019

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VHH5E11 - Histoire ancienne – Licence Histoire 3e année Devoir à la maison – Dissertation • • • Benjamin PIERROT (N° étudiant : 21600026) Nicolas PASCUAL (N° étudiant : 21602519) Anthony SOARES (N° étudiant : 21602757) NOTE ATTRIBUÉE : Dossier Les relations père-fils dans la société romaine du Ve siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C. Lundi 07 janvier 2019 Professeur : Antonio GONZALES L3 Histoire 1 « Des magistrats ont fait mettre à mort leur propre fils contrairement à toute coutume, à toute loi préférant l'intérêt de la patrie aux liens naturels les plus étroits », cet extrait de l'ouvrage Histoires1 de Polybe (v. 200 av. J.-C.-v. 118 av. J.-C.) est révélateur de la complexité des relations entretenues entre les pères et les fils dans la société romaine. Organisée autour de la figure paternelle, cette dernière connut de profondes mutations entre l'époque royale (753 av. J.-C.-509 av. J.-C.) et celle impériale (27 av. J.-C.-476 ap. J.-C.). Néanmoins, les pères de famille demeurent à toute époque les maîtres de la maisonnée et de la cité. Cette prérogative exercée par le pater familias impose autorité et respect. Celui-ci détient la patria potestas ce qui est synonyme d'une suprématie considérable sur les membres de sa famille, et notamment sur ses fils. Dans un long fragment du Digeste2, Ulpien (v. 170 ap. J.-C.-223/228 ap. J.-C.) tentait de définir ce qu'était la famille romaine : « au sens strict, « famille » s'entend de plusieurs personnes soumises par la nature ou le droit à la puissance d'une seule, par exemple le père de famille ». Le fils est alors sous la domination de son père. La famille apparaît comme un phénomène d'aliénation du père comme l'affirme Friedrich Engels (1820-1895). Ce qui prime dans les relations familiales au sein de la société romaine sont les liens verticaux pèrefils, mais également les liens horizontaux, où les pères et les fils s'inscrivent, ensemble, dans une histoire plus globale. La place centrale du père est indissociable de la place secondaire du fils. Un fils sans son père, sans l'héritage de ce dernier, n'est rien dans la société romaine. La réciproque est également véridique. En effet, une des obsessions des Anciens étaient de laisser dans l'Histoire leur empreinte, ce qui est impossible sans descendance. La progéniture masculine permet la survivance d'un nom, d'un statut et d'un patrimoine. Les pères cherchent alors inlassablement un venter pour héberger leurs futurs fils. Les liens existants entre le pater familias et ses fils sont pluriels. Toutefois, la plupart du temps, ces rapports sont de dépendance et de protection. Ces liens sont actés par le père lorsque ce dernier adopte ses fils dans la demeure familiale et se développent durant toute l'existence du père. Post-mortem, ils existent toujours, les ancêtres étant la boussole des vivants. Riche de sa patria potestas, c'est-à-dire de sa puissance paternelle, le pater familias se définit socialement par son autorité. Biologiquement, ce dernier doit avoir des enfants voire des sujets pour être véritablement père. Se différenciant de la femme, le père de famille préexiste dans les diverses époques des sociétés romaines par sa virilité émanant de sa puissance. Quant au fils, il se caractérise par sa dépendance vis-à-vis du pater familias. Il est vrai qu'à la mort du pater familias, le fils devient lui-même, s'il n'est pas trop jeune, pater familias. A l'inverse, tous les pères ont auparavant été des fils, ce qui les place toujours dans un lien de soumission à une certaine époque. La condition et les rapports des fils envers leur père varient au fil des âges. Au sein de 1. POLYBE, Histoires, livre VI, trad. éd. R. Weill et Cl. Nicolet, Paris, 1977. 2. ULPIEN, Digeste, 50, 16, 195, 2, trad. J. Gaudemet, Paris, 1998, p.316. 2 l'Ager publicus, c'est-à-dire du territoire appartenant au peuple romain, chaque relation père-fils est singulière. Toute généralité est alors scabreuse. Les relations père-fils établies par la loi des XII Tables, le plus ancien code de lois de la Rome antique, rédigé en 451-450 av. J.-C. sont quelque peu différentes des réalités de celles de la fin de l'Antiquité. Selon l'édition de M. Crawford et de son équipe, les indications liées aux questions familiales auraient été placées aux tables IV et V. Parmi ces indications, les pouvoirs du pater familias sur ses fils sont définis. Par conséquent, les relations père-fils sont mises à l'écrit. Malgré une société extrêmement conservatrice, les relations père-fils entre 451-450 av. J.-C. et 476 ap. J.-C. mutent, certes avec lenteur et douceur, mais incontestablement. A la fin de l'Antiquité, se développe en parallèle du crépuscule de l'Empire romain d'Occident, le christianisme. Les fils nés naturellement et légitimement sont alors mis en avant. Durant le Bas-Empire, la constitution de dynasties imposent une plus grande rigueur en terme de mariage. L'adoption se raréfie, le contrôle social dans l'aristocratie grandissant quant à cette pratique. Le développement du christianisme à Rome aux IV-Ve siècles ap. J.-C. va de pair avec une nouvelle vision des relations père-fils. En effet, cette religion est fondée sur un mystère masculin, le Père étant également le Fils. De plus, le charpentier Joseph, marié à la Vierge Marie, est religieusement inférieur à son fils adoptif, Jésus étant Dieu. Le christianisme est alors basé sur de complexes relations père-fils, ce qui indéniablement eut de remarquables conséquences. Entre oppositions et complicité, comment se caractérise les relations père-fils entre le Ve siècle avant J.-C. et la fin de l'Antiquité ? En quoi le pater familias apparaît dans les sources comme une figure autoritaire et protectrice de ses fils à Rome ? Que révèle le silence des sources quant aux relations hiérarchiques entre les pères et leurs fils ? Afin de tenter d'appréhender les liens entre les pères et leurs fils, nous analyserons les fils comme des êtres dépendants et soumis aux volontés de leur père, pour ensuite mettre en lumière le fait qu'ils sont également aidés et protégés par leur paternel ; père qui est bien souvent un modèle, avant d'étudier les nombreuses oppositions des fils envers leur père notamment à travers le cas du parricide, le crime des crimes à Rome, pour enfin essayer de peindre, avec le concours du silence des sources, les relations père-fils en dehors de l'aristocratie tout en gardant en mémoire que ces individus d'antan sont, avant d'être temporellement éloignés de notre époque, des êtres humains pourvus de sentiments et d'émotions. 3 Indiscutablement les fils sont dépendants et soumis aux volontés de leur père dans la société romaine entre le Ve siècle av. J.-C. et le Ve siècle ap. J.-C.. Riche de sa patria potestas, le pater familias a des pouvoirs extrêmement larges sur les membres de sa famille et notamment sur ses fils. En effet, ce dernier peut, avec le concours de sa puissance de vie et de mort (vitae necisque potestas), contrôler la vie des membres qui lui sont soumis. La cruauté du père est très fréquemment le sujet de nombreuses sources littéraires. Dans l'imaginaire romain, la puissance paternelle est terrible. Par conséquent, cette dernière s'exerce terriblement. Ce dernier apparaît comme un réel tyran de sa domus. Sa personnalité et sa puissance font du père un personnage d'autorité sur ses fils. Selon Sénèque (v. 4 av. J.-C./1 ap. J.-C.-65 ap. J.-C.), le pater familias est un véritable « magistrat domestique »3. Tite-Live (v. 64 av. J.-C./59 av. J.-C.-17 ap. J.C.) utilisa même le terme de maiestas pour caractériser le pouvoir considérable du père, pouvoir qui impose le respect de ses fils. Toute remise en question de ce pouvoir est immédiatement suivi d'une terrible sanction. Le père de famille peut imposer la mort. Déjà lors de sa naissance, le fils naturel du père est soumis au choix de ce dernier. Si celui-ci soulève l'enfant et l'accepte dans sa domus, l'enfant est adopté par la famille. Par le tollere liberum, le pater familias reconnaît sa paternité. Dans le cas échéant, il est abandonné et exposé. La plupart du temps, sa vie est éphémère. Face à l'innocence du nouveau-né, l'usage du pouvoir du père prouve sa puissance. L'enfant n'est ni coupable, ni soupçonné de quoique ce soit, sa vie est simplement soumise à l’approbation ou non de son père. Tel un dieu, le pater familias valide ou non le passage dans le monde des vivants d'un être. Néanmoins, suite à l'abandon d'un nourrisson à l'expulsion du venter, la patria potestas de l'ancien père s'exerce toujours. L'abandonné reste soumis aux volontés de son père et ce, malgré la nonreconnaissance de ce dernier. Le destin du fils est déterminé par le pater familias. L'acceptation est vécue comme un don du père, le contre-don étant le respect et la survivance du patrimoine familial. Le pater familias offre à son fils le droit à la vie. Le reproducteur sexuel est alors dans une position de dominateur, celui-ci étant l'acteur de cette décision. Lorsqu'il n'y a pas de filiations légitimes ou naturelles, le droit romain autorise la pratique de l'adoption. C'est notamment le cas du fils naturel de Paul-Emile qui fut adopté par un fils de Scipion l'Africain. L'adopté entra alors dans la gens des Scipion et prit le nom de Publius Cornelius Scipio. Il est alors soumis aux volontés de son nouveau père qui peut exercer sa patria potestas sur lui. Selon Denys d'Halicarnasse (v. 60 av. J.-C.- v. 8 av. J.-C.), ce droit de vie et de mort proviendrait d'une loi de Romulus, tandis que les juristes romains l'appellent la « loi royale ». Par conséquent, ce droit, difficilement datable et objet de nombreuses controverses, est très ancien. La patine de ce dernier est révélateur de l'importance que les Romains lui accordaient, ceux-ci s'étant arrogés ce droit avant d'autres. Les premiers « n'ont imposé aux 3. SÉNÈQUE, Des bienfaits, 3, 11, 2, éd. F. Préchac, Paris, 1926. 4 enfants qu'une tutelle paternelle fort brève […] Le législateur de Rome donna pour dire, tout pouvoir au père sur son fils, et cela durant toute sa vie »4, Denys d'Halicarnasse prouve à travers ses quelques mots l'importance et la centralité du pater familias pour la société romain. Celui-ci est « sur son fils », c'est-à-dire qu'il le domine et le soumet à ses moindres désirs. La loi des XII Tables (451 av. J.-C.-450 av. J.-C.) aurait tout de même fixée des limites à ce pouvoir, le pater familias ayant besoin d'un iusta causa pour exécuter sa progéniture. Néanmoins, les mises à mort notamment à l'âge adulte, ce qui prouve la soumission et la dépendance des fils vis-à-vis de leur père, sont plurielles. Selon Orose (v. 380 ap. J.-C.-v. 417 ap. J.-C.) 5, Quintus Fabius Maximus fit abattre son fils par deux esclaves. Toutefois, le père ayant commis l'infanticide subit les conséquences de cet acte, Pompée le condamnant. Les fils doivent donc être conformes aux attentes de leur père, au risque de trépasser. Sénèque donne également l'exemple de l'aristocrate Trichon, un chevalier romain, qui sous Auguste (27 av. J.-C.-14 ap. J.-C.) fit mourir son fils sous les coups d'un fouet6. La violence envers les enfants récalcitrant aux souhaits du pater familias est totale. Les pères de famille conçoivent globalement leur enfant comme un pot vide à remplir, pot qui bénéficie d'une indulgence existentielle. « On a les enfants que l'on veut avoir », cet extrait des Adelphes de Térence (v. 190 av. J.-C.-159 av. J.-C.) est révélatrice de cette conception des enfants et notamment des fils. Dans une société romaine dominée par la jeunesse, les relations père-fils sont considérées comme royales, celles-ci étant fondée sur la Tradition. Le statut est alors supérieur à l'âge, les pères de famille pouvant être relativement jeunes, là où de vieux fils peuvent encore être soumis à leur père. Denys d'Halicarnasse dans Les Antiquités romaines indique que le pater familias « était absolument libre, selon le cas de le faire emprisonner, de le flageller, de l'enchaîner et de le faire travailler de force aux champs, et même de lui ôter la vie ». Ce passage résume remarquablement la diversité des pouvoirs du père de famille notamment sur ses fils, diversité prouvant également la puissance de ce dernier. Au IIe et au Ier siècle av. J.-C., la société romaine tente de pacifier ces rapports de domination père-fils. Cependant, le transfert de prérogatives de la sphère privée à la sphère publique ne permit pas de retirer le pouvoir très fort des pères, la société étant dominée par des pères. Automatiquement, ceux-ci favorisent incontestablement le sort des enfants pères de la cité, plutôt que des enfants fils de père de la cité. En effet, les pères de famille de l'aristocratie romaine sont globalement des pères de la cité. Leurs enfants peuvent alors être soumis à leur puissance domestique (patria potestas) et à leur puissance confér...
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« « Des magistrats ont fait mettre à mort leur propre fils contrairement à toute coutume, à toute loi préférant l'intérêt de la patrie aux liens naturels les plus étroits », cet extrait de l'ouvrage Histoires 1 de Polybe (v.

200 av.

J.-C.-v.

118 av.

J.-C.) est révélateur de la complexité des relations entretenues entre les pères et les fils dans la société romaine.

Organisée autour de la figure paternelle, cette dernière connut de profondes mutations entre l'époque royale (753 av.

J.-C.-509 av.

J.-C.) et celle impériale (27 av.

J.-C.-476 ap.

J.-C.).

Néanmoins, les pères de famille demeurent à toute époque les maîtres de la maisonnée et de la cité.

Cette prérogative exercée par le pater familias impose autorité et respect.

Celui-ci détient la patria potestas ce qui est synonyme d'une suprématie considérable sur les membres de sa famille, et notamment sur ses fils.

Dans un long fragment du Digeste 2 , Ulpien (v. 170 ap.

J.-C.-223/228 ap.

J.-C.) tentait de définir ce qu'était la famille romaine : « au sens strict, « famille » s'entend de plusieurs personnes soumises par la nature ou le droit à la puissance d'une seule, par exemple le père de famille ».

Le fils est alors sous la domination de son père.

La famille apparaît comme un phénomène d'aliénation du père comme l'affirme Friedrich Engels (1820-1895). Ce qui prime dans les relations familiales au sein de la société romaine sont les liens verticaux père- fils, mais également les liens horizontaux, où les pères et les fils s'inscrivent, ensemble, dans une histoire plus globale.

La place centrale du père est indissociable de la place secondaire du fils.

Un fils sans son père, sans l'héritage de ce dernier, n'est rien dans la société romaine.

La réciproque est également véridique.

En effet, une des obsessions des Anciens étaient de laisser dans l'Histoire leur empreinte, ce qui est impossible sans descendance.

La progéniture masculine permet la survivance d'un nom, d'un statut et d'un patrimoine.

Les pères cherchent alors inlassablement un venter pour héberger leurs futurs fils.

Les liens existants entre le pater familias et ses fils sont pluriels. Toutefois, la plupart du temps, ces rapports sont de dépendance et de protection.

Ces liens sont actés par le père lorsque ce dernier adopte ses fils dans la demeure familiale et se développent durant toute l'existence du père.

Post-mortem, ils existent toujours, les ancêtres étant la boussole des vivants.

Riche de sa patria potestas , c'est-à-dire de sa puissance paternelle, le pater familias se définit socialement par son autorité.

Biologiquement, ce dernier doit avoir des enfants voire des sujets pour être véritablement père.

Se différenciant de la femme, le père de famille préexiste dans les diverses époques des sociétés romaines par sa virilité émanant de sa puissance.

Quant au fils, il se caractérise par sa dépendance vis-à-vis du pater familias .

Il est vrai qu'à la mort du pater familias , le fils devient lui-même, s'il n'est pas trop jeune, pater familias .

A l'inverse, tous les pères ont auparavant été des fils, ce qui les place toujours dans un lien de soumission à une certaine époque.

La condition et les rapports des fils envers leur père varient au fil des âges.

Au sein de 1 .

POLYBE, Histoires , livre VI, trad.

éd.

R.

Weill et Cl.

Nicolet, Paris, 1977. 2 .

ULPIEN, Digeste , 50, 16, 195, 2, trad.

J.

Gaudemet, Paris, 1998, p.316. 2. »

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