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Les Essais

Publié le 30/10/2016

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1 Essais Michel de MONTAIGNE www.livrefrance.com LIVRE PREMIER AU LECTEUR C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'aver tit, dés l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n' y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas ca pables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucun s traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altiére et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été po ur rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une ma rche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sa ns contention et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse ét é entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ains i, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars mil cinq cent quat...

« Michel de MONTAIGNE www.livrefrance.com LIVRE PREMIER AU LECTEUR C'est ici un livre de bonne foi, lecteur.

Il t'aver tit, dés l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée.

Je n' y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire.

Mes forces ne sont pas ca pables d'un tel dessein.

Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucun s traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altiére et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi.

Si c'eût été po ur rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une ma rche étudiée.

Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sa ns contention et artifice : car c'est moi que je peins.

Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis.

Que si j'eusse ét é entre ces nations qu'on dit vivre. »

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