BLAIS Marie-Claire : sa vie et son oeuvre

BLAIS Marie-Claire (née en 1939). Née au Québec, Marie-Claire Blais a publié plus d’une vingtaine de titres, dont une majorité de romans, sans compter les éditions françaises, les rééditions et les nombreuses traductions, sans compter non plus les œuvres dramatiques, comme l'île (1988), radiophoniques et télévisuelles, qui n’ont pas toutes été publiées. Sa carrière, d’une constance rare au Québec, a été favorisée à ses débuts par les remous que la Belle Bête, son premier roman, publié en 1959, causa jusqu'au Canada anglais, lui assurant dès lors une réputation de jeune prodige ou d'écrivain maudit; par la rencontre, en 1962, du célèbre critique Edmund Wilson, qui l’aida à conquérir le public américain; et par l'obtention, en 1966, du prix Médicis pour son roman Une saison dans la vie d'Emmanuel, paru en 1965. qui fit d’elle un écrivain consacré, de rayonnement international (il fut traduit en treize langues), à vingt-sept ans. La fortune littéraire de l’œuvre a été telle, jusqu’à ce jour, qu'on peut chiffrer à deux mille au moins le nombre des livres, thèses, articles, comptes rendus, interviews s’y rapportant. Il est piquant de constater qu’au total, cette masse d’efforts critiques a eu pour résultat de mettre en évidence, simultanément, séparément ou contradictoirement, réalisme (naturalisme même) et lyrisme, christianisme et impiété, « québéci-tude » et valeur universelle, art et hasard, maturité et jeunesse, valeur inventive de l’écriture et maladresse, etc. Toute la panoplie critique a été utilisée à son sujet, et l’on sera certes tenté de croire que cela est dû à l'ambiguïté de son écriture et à sa richesse multivoque...

 

De la Belle Bête à Visions d'Anna ou le vertige (1982) et à Pierre. La guerre du printemps 1981 (1984), les romans de M.-C. Blais fouillent sans relâche le problème que pose, pour le genre humain, la transformation vécue ou imaginaire de la souffrance inéluctable en rédemption matérielle, morale ou spirituelle. Dans ses premières œuvres, en particulier dans Le jour est noir (1962),