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LES CÉNACLES ROMANTIQUES (Histoire de la littérature)

Publié le 21/11/2018

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histoire

CÉNACLES ROMANTIQUES (les). Cénacle est un terme employé dans les Saintes Écritures pour qualifier la salle-à-manger (étymologiquement, cenaculum est le substantif dérivé du verbe cenare, manger) et spécialement celle où le Christ institua l’Eucharistie (rapprocher l’étymon de cène). Par extension, cénacle se dit de toute réunion amicale et particulièrement de groupes littéraires ou artistiques : ainsi parle-t-on parfois du cénacle de la Pléiade, du cénacle surréaliste, du cénacle naturaliste (les soirées de Médan), etc.

 

Toutefois le terme de Cénacle qualifie en particulier le groupement romantique qui s’opère autour de Victor Hugo entre 1827 et 1829 ainsi que celui qui de 1829 à 1833 se réunira chez le graveur Jehan Du Seigneur sous le nom de « petit cénacle ».

Le cénacle de Joseph Delorme

 

Si le terme de cénacle n’a pas été inventé par Sainte-Beuve, c’est lui, du moins, qui l’a consacré dans un poème de Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829) qui porte en épigraphe précisément un verset évangélique : « Quand vous serez plusieurs réunis en mon nom, je serai parmi vous ». C’est indiquer clairement ce qu’est dans sa structure et dans sa vocation le cénacle romantique : un groupe de disciples dévoués à un maître.

 

Le maître, c’est Victor Hugo dans le salon duquel se tiennent les réunions et auxquelles participent désormais presque tous ceux qui se réclament du romantisme. En effet, et c'est en quoi le Cénacle importe pour l’histoire du romantisme, pour la première fois on voit s’organiser de façon cohérente ceux qui, jusqu’alors divisés par les problèmes politiques, formaient de multiples chapelles éphémères souvent réunies autour de non moins éphémères revues : Muse française pour les conservateurs, Globe pour les libéraux, sans parler des salons à la mode qui se constituaient autour d’idoles d’un jour.

 

Lorsqu'au printemps 1827 Hugo vient s’installer rue Notre-Dame-des-Champs, ce n’est plus le héraut loyaliste qui versifiait sa foi dans les pages du Conservateur littéraire : en publiant son ode A la colonne de la place Vendôme (9 février 1827), le poète prenait ses distances avec la monarchie et favorisait un rapprochement avec les libéraux. Quelles qu’en soient les raisons (« instinct de poète » pour Rémusat ou amitié influente de Sainte-Beuve, alors rédacteur du Globe, à moins qu’il ne s’agisse d’un calcul pour unifier les courants romantiques en vue d’en prendre la tête), l’évolution politique de Hugo « est une des conditions à la formation même du Cénacle » (René Bray).

 

Les disciples se comptent parmi les amis et les anciens collaborateurs : Sainte-Beuve, Vigny, Émile Deschamps, Lamartine lorsqu’il séjourne dans la capitale, Soumet, Soulié, Nodier et ses hôtes de l’Arsenal, Dumas; mais on y côtoie également des jeunes gens à peine connus : Mérimée, Musset, Nerval ainsi que les peintres Delacroix, David d’Angers, Devéria, etc. L’ambiance y est amicale mais, plus qu’à l’Arsenal, orientée vers l’action. Il ne s’agit plus pour le maître des lieux de palabrer en vain : il faut conquérir la république des Lettres. D’où l’aspect à la fois mondain et militant des soirées du Cénacle.

 

Côté mondanités, rien ne distingue le salon des Hugo des autres réunions parisiennes : on parle, on rit, on danse, on se félicite.

histoire

« du romantisme, pour la première fois on voit s'orga niser de fa ç o n cohérente ceux qui, ju sq u'a lors divisés par les prob lèm es p oliti que s, formaient de multiples chapell es éphémères souvent réunies autour de non moins éphémè­ res revu es : Muse française pour les conservate urs, Globe pour les libéraux, sans parler des salons à la mode qui se constituaient autour d'idoles d'un jour.

Lor squ'au printemps 1827 Hugo vient s'installer rue Notre-Dame-des-Champs, ce n'est plus le héraut loya­ liste qui versifiait sa foi dans les pages du Conservateur littéraire : en pub li ant son ode A la colonne de la place Vendôme (9 février 1827), le poète prenait ses distances avec la monarchie et favor is ait un ra ppr och em ent avec les libéraux.

Quelles qu'en soient les raisons (« in stinc t de poète» pour Rémusat ou amitié influente de Sainte­ Beuve, alors rédacteur du Globe, à moins qu'il ne s 'agi sse d'un calcul pour unifier les courants romanti­ ques en vue d'en prendre la tête), l'é volution politique de Hugo « est une des conditions à la formation même du Cénacle >> (René Bray).

Les dis cip les se comptent parmi les amis et les anciens collaborateurs :Sainte-Beuve, Vigny, Émile Des cham ps, Lamartine lorsqu'il séjo urne dans la capitale, Soumet, Sou lié, Nodier et ses hôtes de l'A rse nal, Dumas; mais on y côtoie également des jeu ne s gens à peine co nnu s : Mérimée, Musset, Nerval ainsi que les peintres Dela­ croix, David d'Angers, Devéria , etc.

L'ambiance y est amicale mais, plu s q u'à l'Arsenal, orientée vers 1' action [ v o ir ARSENAL (salon de 1')].

Il ne s'ag it plus pour le m aitr e des lieux de palabrer en vain : il faut conquérir la république des Lettres.

D'où l' a sp ec t à la fois mondain et militant des soirées du Cénacle.

Côté mond anit és, rien ne dis ting ue le salon des Hugo des aut res réun ions parisien nes : on parle , on rit , on danse, on se fél ic ite .

Côté militantisme, ce qui frappe le nouvel arrivant q u' est Victor Pavie (7 juillet 1827) c'est l'at mos phère de «conseil de guerre>> : en effet, sous la houlette de Hugo se cons titue toute une armée de co rre spo ndant s provinciaux (Pavie à Angers, Bou lay-Pat y �t Turquety en Breta g ne, ce même Turquety auquel Emile Des­ champs écrit : « Il faut bien que 1 'école se recrute de j e u n es colonels comme v ous ...

>>) qui dans la presse locale se font l'écho du bouillonnement paris ien et publient les œuvres de la jeun e école.

Ainsi organ isé, le Cénacle devient une redoutable machine de guerre, totalement dévouée à la cause du rom antis me et de son chef.

Chaque lecture est 1 'occasion de peaufiner un texte, de fourbir les armes en prév isio n des combats fut urs : Musset récite ses poésies, Hugo lit ses pièces (Marion Delorme le lO juillet 1829, Hernani le 30 septembre) et chacun applaudit.

On décide de ré pond re à un pam phlet commis par les classiqu es et l'on charge l'un des mem­ bres d'exprimer les idées du groupe; y a-t-il un spectacle en per spe cti ve? on recrute parm i les amis des uns et des autres (surtout dans la jeunesse est ud iant in e ) de quoi monter une claque ou une cabale.

Ce qu i sera fait pour la première d'Hernani (25 février 1830) et assurera le t r io mphe et du mou v em ent et de Hugo.

Dès lors, le Céna­ cle n'aura plus de raisons d'ê tr e : Hu go, désormais ins­ tallé dans la no to ri été , pre ndra du champ (i l s'installe rue J ean- Gou jo n, loin du tumulte du centre); les brouilles, oubliées un temps, vont renaître, avivées par les appétits nouveaux qu'a fait naître le succès du groupe; et le Céna­ cle retournera d'où il na qui t : à ces foyers multiples aux ambitions co ntr adic toi res .

BIBLIOGRAPHJE Pas d'étude moderne sur le su je t.

On se reportera pour les détails anecdotiques sur la vie du Cénacle à l'ouvrage de Léon Séché, le Cénacle de Joseph Delorme, 2 vol., 1912, rééd.

Slat­ kine reprints, tomes 4 et 5 des Études d'histoire romantique.

Pour une approche plus rapide, mais plus synthétique et plus - ----- --- - -- -· -- --- -littéraire, on se reportera au chapitre IX (pp.

160-180) de la Chronologie du Romamisme de René Bray, Nizet, 1932.

Le cc petit cénacle •• É cri vant à Sainte-Beuve au début de 1832, Gérard de Nerval, alors âgé de 24 ans, parle d'un qui «n'a pas été formé dans l' int enti on de parod ie r l'au­ tre, le glorie ux Cénacle, ( ...

) mais sewlement pour être une association utile et puis un public de choix où l' o n puisse essayer ses ouvr age s d'avance >>.

Ce «petit céna­ cle » se définit donc avant tout comme une «camarade­ rie >>, terme que la Revue de Paris présente péjo ra ti ve­ ment en 1829 comm e une coalition «de talents obscurs jusqu'à ce que la célébrité les fasse éclater » (Henri de Latouche), mais qui, aux yeux de Nerval et de Borel, servait surtout d'« aiguillon», pu is que , au lieu de s'abandonner à 1' auto satis fa cti on et à la co mp laisa nce , les membres du «petit cénacle» cherchent dans le tra­ vail un idéal inaccessible dans la réalité.

D'où l' aspec t très ori gina l de cette «camaraderie» qu i se voulait «une avant-garde de l'avenir>> et préten­ dait «renouveler et refaire de fond en comble l'art d'abord, et au moyen de l'art, la.S oc iété »(Ernest Havet, notice de prése nta ti on des Œuvres d'O 'Ne dd y, 1875).

Rien d'étonnant donc que l'histoire du �> , et deux graveurs, Joseph Boucbardy et Napoléon Thom.

A la différence du Cénacle de la rue Notre-Dame-des­ Champs, personne ne cherche à s'y impo ser comme chef, et si la figure de Pétrus Borel domine le groupe -Gau­ tier le décrira dans son Histoire du Romantisme comme «le grand homme spéc ial de la bande» -c'est sans doute en raison de la netteté de son expression tan t ph ysi ­ que que littéraire, netteté qui exp rime parfois de façon outrancière -sinon cari catu ral e - les opinions et les ha bitu des du gr oupe (O 'Ne ddy, dans une lettre à Asseli­ neau de 1862, écrira, par lan t de la sortie de Feu et flamme : « [1 aurait outré qui? Pétrus? Là, vraiment, est­ c e pos sib le? Outrer du Pétrus! On pou vait tout au plus l'é gal er en exagération >>).

Néanmoins, cette superbe de Borel est à l'o p po sé de celle d'un chef : indépendant il est, indépendant il veut dem eur er, et la camaraderie du « petit cénacle>> n'est pour lui qu'un tromp e-s oli tu de , non l'occasion de briguer la pre mi ère place : « Je n'ai j am ais tambouriné pour amasser la foule autour d'un maitre, personne ne peut me dire son apprenti >>, crie -t- i l fièrement dans la Préface de ses Rhapsodies (1832).

Sans chef, animés d'un idéal républicain qui les em pêch ait d'adhérer aux forces pol iti ques org anis ées de l'opposition (c'est l'époque où Nerval tonne contre« la Société (qui) n'est qu'un marais fé tid e», où Borel pro­ clame sa ly ca nthr opi e républicaine : «Je suis répu bli ca in parce que je ne puis être caraïbe >>, etc.), les membres du. »

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