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COLETTE, Sidonie-Gabrielle Colette : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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COLETTE, Sidonie-Gabrielle Colette, dite (1873-1954). Colette occupe une place solitaire. La spécificité de sa vision, aiguë et résolument subjective, est à l'œuvre dans la spécificité d’une écriture conquise au cours d'une longue vie de travail littéraire : elle n’osa s’appeler Colette qu’à cinquante ans, après avoir signé successive-
ment Willy, Colette Willy, Colette (Colette Willy). Son œuvre épouse les courbes d’une vie bien remplie d’amoureuse et d’écrivain, qui s’inventa en marge et en fonction des conformismes de la IIIe République; pour ce nouveau regard de femme sur le monde, Colette modela, en fonction des rhétoriques héritées, un autre style, qui prenait le risque du narcissisme pour atteindre la sincérité.
 
Une vie bien remplie
 
C’est en Bourgogne, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans une famille heureuse et peu fortunée, que naquit Gabrielle, entre un jardin et une bibliothèque. Son père, capitaine devenu percepteur après une blessure suivie d’amputation, la laisse grandir librement et lui ouvre sa bibliothèque. Sa mère, Sidonie, lui ouvre son jardin, lui permet de courir par les champs, lui donne l’exemple d’une vie complice de la nature et laisse se développer entre elles un rapport privilégié. Son éducation est campagnarde et laïque : Gabrielle ne suit le catéchisme que pour la forme, elle est instruite à l’école publique jusqu’au brevet élémentaire. Elle partage les jeux de son frère Léo, et, si elle n’est guère liée avec sa demi-sœur Juliette, née d’un premier mariage de Sidonie, elle s’attache à son demi-frère Achille (« frère entier par le cœur, le choix, la ressemblance »), qui reçoit toute la famille ruinée, en 1890, à Châtillon-Coligny où il est établi médecin — premier exil!
 
En 1893, Gabrielle épouse Henry Gauthier-Villars, étoile montante du Tout-Paris, déjà connu sous le nom de Willy pour ses critiques musicales prowagnériennes et des romans légers, qui l’introduit dans les salons littéraires. Malheureuse en ménage, elle est entraînée dans les mondanités joyeuses ou lassantes de la Belle Époque, dans des gaietés de Boulevard et même dans des menées scandaleusement publicitaires. « Nègre » [voir Nègre littéraire] de son mari, elle lui laisse signer, de 1900 à 1905, un volume par an : Claudine à l'école, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s'en va, Minne, les Égarements de Minne. A la fin de cette union, la future Colette perce de façon autonome avec la publication de quatre puis sept Dialogues de bêtes, et avec ses premières exhibitions sur les planches.
 
Quand se consomme en 1906 la rupture voulue par Willy, Colette se trouve libre d’assumer sa pauvreté, son chagrin, sa curiosité et son bonheur d’écrire. Sa liaison sans contrainte avec Missy (Mathilde de Morny), qui durera quatre ans, qui ne va pas sans scandale et durant laquelle elle connaît les cercles de l’homosexualité féminine et des paradis artificiels, semble avoir été apaisante et réparatrice. En 1908, son lyrisme se fait jour dans les Vrilles de la vigne, qui sont parmi les plus beaux poèmes de langue française. Pour vivre, elle se produira sur scène pendant sept ans, dans des pantomimes, des mimodrames ou des comédies — expérience théâtrale dont l'Envers du music-hall (1913) sera comme l’annotation littéraire. Bien qu’elle désavoue ses premières œuvres, elle publie la Retraite sentimentale pour conclure la série des Claudine et refond en l'Ingénue libertine les deux Minne. Ses premiers romans tout à fait personnels sont la Vagabonde (1910) et l'Entrave (1913). A partir de décembre 1910, elle collabore au Matin, où elle rencontre le baron Henry de Jouvenel des Ursins, qu’elle épousera deux ans plus tard, et dont elle aura une fille en juillet 1913, Colette, dite Bel-Gazou.
 
Sa collaboration au Matin consiste bientôt en « Contes des mille et un matins », hebdomadaires. De 1914 à 1917, le journalisme devient son activité majeure. Son expérience quotidienne et ses pérégrinations en Argonne et en Italie lui inspirent des chroniques qui sont réunies dans les Enfants dans les ruines et les Heures longues

« - qui lui attirent les félicitations de Prol)st.

Entre la fin de la guerre et son divorce, en 1924, avec le rédacteur en chef du Matin, elle assure la critique dramatique de ce journal.

Pendant ce temps, elle produit trois romans : Mitsou ou Comment l'esprit vient aux filles, Chéri, qui lui vaut l'admiration des grands romanciers de son temps (Proust, mais aussi Gide, Mauriac et surtout Cocteau), et le Blé en herbe, le premier qu'elle signe Colette.

Elle rassemble ses chroniques et ses articles; ce sont le Vo yage égoïste, A vemures quotidiennes, mais aussi des recueils d'images plus intimes : la Chambre éclairée, puis, en 1922, soit dix ans après la mort de Sido, la Maison de Claudine, tandis que les textes de la Femme cachée décrivent les modalités surprenantes de la pas­ sion.

Colette est désormais un écrivain reconnu, cheva­ lier de la Légion d'honneur.

Après son deuxième divorce, elle entre dans le second versant de la maturité.

Rencontrant en 1925 Maurice Goudeket, l'épousant dix ans plus tard, elle connaît une union enfin confiante, qui l'aidera jusqu'à sa mort.

C'est alors la Colette dont 1' image est connue, qui vit au Palais-Royal et passe ses étés à Saint-Tropez, à la Treille muscate.

Son premier travail dans cette phase de sa vie est la Fin de Chéri.

Les romans suivants, la Seconde.

la Chatte, Duo, sont consacrés à l'expl oration des limites de la jalousie.

Le « roman » la Naissance du jour prélude à Sido ou les Points cardinaux, pièce maîtresse de la mythologie maternelle ( 1929), mythologie qui s' équili­ bre bientôt vers l'avenir avec Histoires pour Bel-Gazou, alors même que Colette de Jouvenel n'est guère choyée par sa mère.

Les recueils de 1932 (Paradis terrestres.

la Treille muscate, Prisons et paradis) continuent la lignée des textes brefs qui célèbrent les instants privilégiés, les bêtes et les fruits de la terre.

La même année, Colette atteint à la plénitude de son art et de sa sagesse en écrivant Ces plaisirs ...

, qu'elle considérait comme son meilleur livre.

Tentée cependant de trouver un autre gagne-pain que l'écriture, elle se lance dans une affaire de produits de beauté qui ne tarde pas à péricliter et à la renvoyer à son pupitre.

Elle assure donc.

de 1933 à 1938, la critique dramatique de plusieurs périodiques (articles réunis dans la Jumelle noire).

Sa célébrité est officialisée par son élection à 1' Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1936.

Son travail romanesque se ralentit; ce sont alors des Mémoires, avec Mes apprentissages (Ce que Claudine n'a pas dit), puis, dans le Touto. »

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