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Comment le récit s'inscrit-il dans le temps?

Publié le 05/08/2014

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temps

Comment le récit s'inscrit-il dans le temps?

 

Le temps joue un rôle important dans le roman, à différents niveaux : il y a tout d'abord le déroulement chronologique qui contribue à l'intérêt de l'intrigue, puis les décalages temporels de la narration qui permettent des analyses différentes de l'ac¬tion, et enfin la focalisation sur une saison particulière, l'hiver.

 

I. Le déroulement chronologique

Une durée nettement délimitée 

L'ensemble du roman, même s'il est divisé en trois époques différentes, est contenu dans des limites temporelles très précises. L'action du premier récit — l'his¬toire de M.V. — débute en décembre 1843, et se poursuit jusqu'en février 1845, date de l'exécution de l'assassin par Langlois. Le second récit — la battue au loup — com¬mence 

(Un roi sans divertissement (1947) de Jean Giono.)

temps

« 166 Il.

Les décalages de la narration Des narrateurs dans le temps de l'histoire Deux narrateurs sont directement en prise avec l'histoire, il s'agit de Frédéric Il et de Saucisse.

Frédéric Il raconte, dans la première partie, l'arrestation et l'exécution par Langlois de M.V.

à Chichilianne, après sa propre découverte de l'identité du meurtrier.

L'auteur ponctue son récit de propositions incises : « dira Frédéric II » (p.

71) qui indiquent qu'il en fit le récit quelque temps après l'événement mais sans préciser exactement quand.

Mais les réflexions qu'il fait montrent qu'il est encore sous le coup de l'émotion.

Saucisse, quant à elle, âgée de près de quatre-vingts ans, raconte aux villageois avec un décalage de vingt ans -en 1867-68 -les événements survenus entre la battue au loup et le suicide de Langlois.

Les vingt années écoulées lui permettent une compréhension plus claire des actions et des paroles de Langlois.

Des narrateurs hors du temps de l'histoire Deux autres narrateurs sont, quant à eux, en net décalage temporel : les vieillards, des villageois qui ont participé à l'histoire, la racontent à l'auteur-narrateur vers 1916.

Ils commentent d'abord le retour de Langlois au village au printemps 1846 et la bat­ tue au loup qui suivit et à laquelle ils participèrent.

Puis ils racontent le dernier jour de Langlois : sa visite chez Anselmie, le 20 octobre 1848, juste avant son suicide.

Enfin l'auteur-narrateur lui-même, à l'époque de l'écriture - 1946-, raconte longue­ ment, au début du roman, les disparitions successives au village, l'enquête de Langlois et la traque menée par Frédéric II un siècle auparavant.

Il ne reprend la nar­ ration qu'à la toute fin du roman, pour le suicide de Langlois.

Ill.

Une saison privilégiée : l'hiver Par son lien avec l'action En rapport avec le temps, une saison a une importance particulière dans l'in­ trigue, il s'agit de l'hiver.

Tout d'abord parce qu'elle rythme le récit, en le ponctuant à intervalles réguliers: l'hiver 1843-44 et l'hiver 1844-45 durant lesquels ont lieu les disparitions et la mort de M.V., dans la première partie; l'hiver 1846 durant lequel a lieu la mort du loup, dans la seconde partie; l'hiver 1847 durant lequel ont lieu la construction du bongalove et les projets de mariage; et l'histoire de Langlois s'arrête juste avant l'hiver 1848, à« la première chute de neige».

Par son sens symbolique L'hiver est associé à la mort; aucune mort ne se déroule à une autre saison, si ce n'est la mort de Langlois, qui est choisie et non subie comme les autres.

Or Langlois se donne la mort juste avant l'hiver, à la première chute de neige, pour échapper à la tentation de la cruauté qu'il sent venir en lui, et que le sang de l'oie qu'il demande à Anselmie de tuer ne suffit pas à enrayer.

L'hiver est en effet la saison de l'ennui, de l'inaction bien sûr dans cette région de montagne, mais au-delà, del'« ennui» au sens pascalien, qui met l'homme face à ses « misères », et auquel il ne peut échapper que par le « divertissement », représenté ici par la cruauté.. »

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