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Commentaire - Le Ravissement de Lol V. Stein

Publié le 11/06/2016

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Commentaire de texte : Le Ravissement de Lol V. Stein – Marguerite Duras Le Ravissement de Lol V. Stein, écrit en 1964 par Marguerite Duras (1914-1996), est un roman s’inscrivant dans le style du Nouveau Roman (bien que Marguerite Duras ne s’en soit jamais véritablement réclamée), c’est-à-dire un style dans lequel l’auteur rejette toute analyse psychologique de ses personnages et des situations dans lesquelles ils se trouvent. C’est donc un style dans lequel l’auteur va avant tout chercher à observer ses personnages et l’action, sans pour autant les commenter ou les expliquer. C’est également un style qui prône l’absurdité du récit : l’Homme et le monde étant considérés comme absurdes, il doit en être de même pour le roman. L’œuvre de M. Duras est plus en particulier caractérisée par des personnages qui avancent dans leur vie sans vraiment savoir pourquoi. L’extrait présenté est situé au tout début du roman, et présente les caractéristiques d’un incipit, même s’il diffère en de nombreux points d’un incipit « classique ». On peut donc se demander en quoi cet incipit diffère d’un incipit « classique » et en quoi il est sujet à dérouter le lecteur. On traitera ensuite du portrait de Lol V. Stein (qui semble être le personnage principal), qu’on pourrait qualifier d’à la fois mystérieux et fascinant, et, enfin, de la position assez énigmatique du narrateur. Pour finir, on conclura en expliquant pourquoi cet extrait est typique de l’œuvre de Duras et du Nouveau Roman en général. On développera le plan suivant : Un incipit déroutant Un cadre spatio-temporel vague Une présentation des personnages incomplète et non approfondie Un début d’intrigue dévoilé mais inexpliqué Le pacte de lecture : une mise en forme du texte radicalement nouvelle Lol V. Stein : un personnage flou et distant Un personnage au passé voilé Une description physique incomplète Un personnage étrange et difficile à cerner Un narrateur à la position énigmatique Un narrateur interne, mais dont on ne connait pas l’identité Une narration double Un narrateur ignorant Conclusion : Un texte déroutant, typique de l’œuvre de Marguerite Duras et plus généralement du Nouveau Roman Un incipit déroutant Comme on l’a dit dans l’introduction, on a ici à faire à l’incipit du roman, bien que cet incipit diffère radicalement de la forme traditionnelle de l’incipit. En effet, l’incipit, qui devrait normalement présenter un cadre spatio-temporel précis (« planter...
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« Comme on l’a dit dans l’introduction, on a ici à faire à l’incipit du roman, bien que cet incipit diffère radicalement de la forme traditionnelle de l’incipit. En effet, l’incipit, qui devrait normalement présenter un cadre spatio-temporel précis (« planter le décor »), ne présente que des éléments extrêmement flous sur le lieu de l’action (« Lol V.

Stein est née ici, à S.

Tahla », « elle était en vacances à T.

Beach »), et ces éléments sont imprécis jusque dans leur construction orthographique (S.

Tahla et T.

Beach présentent chacun une abréviation dont on ne connait pas le sens réel).

On ne sait pas dans quel pays se situe l’action, mais surtout, on n’a absolument aucune information sur l’époque à laquelle elle se déroule.

Seuls quelques renseignements parcellaires nous permettent de situer l’action au XXème siècle (« Une radio dans un immeuble voisin jouait des danses démodées »). L’incipit du Ravissement de Lol V.

Stein respecte partiellement une des règles de l’incipit classique : la présentation des personnages.

En effet, il contient une présentation de Lol V.

Stein (sur laquelle on reviendra dans la partie II) mais également celle de Tatiana Karl (« […] Tatiana Karl, sa meilleure amie au collège »), de son père (« Son père était professeur à l’université ») et de son frère (« Elle a un frère plus âgé qu’elle de neuf ans – je ne l’ai jamais vu – on dit qu’il vit à Paris »).

On y apprend également que ses parents sont morts.

Cependant, ces précisions restent floues : on peut se demander si le père et le frère de Lol ont vraiment un rôle important dans le roman, mais également quand ses parents sont morts (quand Lol était au collège ou quand le narrateur parle ?) et si cela est important pour la suite.

Là encore, malgré un apparent respect des règles, Duras joue avec le lecteur et le laisse avec plus de questions que de réponses. On sait également qu’un incipit classique présente généralement un début d’intrigue, ou du moins la problématique à l’origine du récit.

Ici, l’auteur laisse planer un doute sur le sujet réel du livre.

En effet, Duras parle à un endroit d’un certain bal puis écrit : « Tatiana ne croit pas au rôle prépondérant de ce fameux bal de T.

Beach dans la maladie de Lol V.

Stein »).

Cette précision sur la maladie de Lol – mais quelle maladie ? – et sur le rôle du bal semble indiquer un début d’intrigue.

Pour autant, le lecteur ne peut absolument pas en être certain : l’auteur sème encore une fois le doute dans son esprit, en ne dévoilant qu’un pan de son histoire. Pour conclure cette partie, il convient de parler du « pacte de lecture », c’est-à-dire le « contrat » passé entre l’auteur et le lecteur par le biais de l’exposition du style d’écriture dans l’incipit.

Ainsi, si le lecteur ne trouve pas le style d’écriture à son goût, il peut encore renoncer à la lecture du roman.

Ici, l’incipit est déroutant mais le pacte de lecture reste clair : Duras utilise une syntaxe morcelée avec, par exemple, l’introduction abrupte de discours direct (« Les surveillantes envolées, seules dans le grand préau où ce jour-là, entre les danses, on entendait les bruits des rues, allez viens Tatiana, allez viens, on danse Tatiana, viens.

»), créant ainsi un effet de surprise lors de la lecture, mais aussi d’incompréhension pour le lecteur. II.

Lol V.

Stein : un personnage flou et distant Dans la première partie, on a démontré que l’incipit du livre était particulièrement déroutant et lacunaire, tant dans le style d’écriture que dans les informations fournies au lecteur.

Cependant, un élément est plus développé que les autres dans cette introduction : le portrait de Lol V.

Stein.

L’incipit Dimitri WEIL – 1 ère ES2 Page 2. »

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