Devoir de Philosophie

Commentaire : sonnet 32 des Regrets de Du Bellay

Publié le 26/01/2019

Extrait du document

bellay
?Lecture analytique : Sonnet XXXII, Les Regrets, du Bellay Pbtique : En quoi ce sonnet montre-il le cheminement d?un poète humaniste ? Plan : I ? Les ambitions humanistes a) Un poème centré sur l?homme? b) Qui instruit selon l?idéal humaniste? c) Dans le récit d?un voyage rêvé II ? La désillusion du poète a) Une déception forte b) Un sentiment d?échec c) Une morale concluante Le XVIème siècle représente une période phare pour l?émergence d?un nouveau mouvement culturel et intellectuel qui voit le jour en Italie et qui s?épanouira ensuite pendant la Renaissance française. Plantant ses racines dans l?Antiquité à travers l?étude de textes gréco-latins, l?humanisme consiste à placer l?homme, dans sa nature, au centre de sa réflexion, dans un contexte rythmé par les Grandes Découvertes. En 1558 Du Bellay, célèbre auteur humaniste, fait notamment part de son expérience de voyage à Rome, dans le sonnet 32 de son recueil de poème, Les Regrets, ville qui le faisait rêver mais qui en réalité ne répond à aucunes de ses attentes. En quoi ce sonnet montre-il le cheminement d?un poète humaniste ? Doté d?ambitions humanistes, du Bellay sera l?objet d?une cruelle désillusion. Dans un premier temps, ce poème dérive d?un raisonnement sur l?homme. En effet, les humanistes sont convaincus par la nécessité, de l?éducation pour permettre le progrès humain, notamment évoqué par l?emploi du verbe « apprendre » à deux reprises (l. 4 et 7). L?anaphore « je me ferai » (l. 1 et 3) soulignent que cet apprentissage a pour source une envie personnelle, un effort sur soi-même. Son aspect bénéfique est également illustré par le verbe mélioratif « s?enrichir » (l. 10), qui suggère une amélioration de l?intellectuel humain. Par ailleurs, du Bellay mentionne les grandes disciplines qui constituent le savoir d?un esprit humaniste. Tout d?abord, il évoque la « philosophie » (l. 1), la première et plus noble science, étudiée selon le modèle antique. Ensuite, il aborde la « mathématique » (l. 2), discipline novatrice dans la haute société renaissante, également enseignée avec les techniques grecques. Lui succède alors la « médecine » (l.2), qui constitue un élément essentiel dans l?histoire humaniste, duquel découle une fascination pour le fonctionnement physiologique de l?homme. Vient alors le droit, illustré par l?emploi de l?adjectif appartenant au vocabulaire judiciaire « légiste » qui déduit une réflexion poussée sur les lois et la politique, probablement insufflée par les célèbres auteurs de l?Antiquité. L?accumulation et l?usage de l?adverbe « aussi » (l. 2) traduit d?ailleurs une soif de savoir et des centres d?intérêts polyvalents, propres à l?humanisme. Le ...
bellay

« Le poète met également en avant le savoir qui touche à l’âme, la « théologie » (l.

4), mise en évidence à travers l’image religieuse « d’un plus haut souci » (l.

3).

Celle-ci remémore le monde céleste, proposant une connotation divine au texte.

De plus, le pluriel mystérieux « les secrets » (l.

4) rappelle l’ambition des humanistes d’en faire un savoir accessible à tous.

Il est également possible de remarquer l’importante présence des pratiques artistiques, symbole d’une Renaissance cultivée et raffinée.

En effet, la musique et la peinture sont évoquées à travers les métonymies « luth » et « pinceau » (l.

5) et l’appellation de « l’escrime » et « du bal » (l.

6), considérées comme des jeux sportifs, et qui rappellent l’intérêt particulier des humanistes pour le corps humain.

Enfin, du Bellay fait part de son idéologie à travers le récit d’un voyage rêvé, dans un pays qui rayonne de sa culture débordante.

Il est possible de ressentir l’ambition de l’auteur de s’y rendre, par l’emploi redondant du futur : « je me ferai » (l.

1 et 3), « j’ébatterai » (l.

5).

En tant que digne humaniste, du Bellay souhaite bénéficier de la richesse culturelle que représente l’Italie pour s’en inspirer. Dans un second temps, du Bellay est confronté à des découvertes décevantes.

Cette désillusion est observable par le contraste évident entre la tonalité joyeuse des deux quatrains et celle, plus grave, des deux tercets.

Déjà dans le deuxième quatrain, on peut noter un passage du futur à l’imparfait « discourais » (l.

6), « vantais » (l.

7) qui semble annoncer la fin de son enthousiasme.

L’emploi du verbe pronominal « se vanter » suggère qu’il se place en responsable de l’action, s’adressant une forme de reproche et s’avouant trop naïf.

Cependant, il généralise ensuite ses propos avec l’apostrophe « ô beaux discours humains ! » (l.

9), où il étend son accusation à l’ensemble des humains, dont la vanité se révèle être la source de leur rêverie excessive.

Dans ce poème, du Bellay semble donc dénoncer implicitement l’image dorée de l’Italie, qui n’a pas correspondu à ses attentes. Ensuite, le sentiment d’échec ressort clairement dans la deuxième partie du poème.

Celle-ci insiste sur la longévité du voyage à travers la locution verbale « je suis venu si loin » et le participe présent « en voyageant » (l.

9 et 11) et son contraste avec le résultat de ce périple, notamment par une série d’antithèses.

En effet, du Bellay associe le verbe mélioratif « m’enrichir » (l.

10) avec les termes d’ordre péjoratifs « ennui », « vieillesse » et « soin » (l.

10).

On observe également cet effet miroir entre les verbes « m’enrichir » (l.

10) et « perdre » (l.

11), renforcé ensuite avec l’hyperbole « le meilleur » (l.

11).

Pour finir, la comparaison finale, introduite par l’adverbe « ainsi » et soulignée par la conjonction comparative « comme moi » met en valeur l’échec de l’auteur.

En effet, il est d’abord relaté à un « marinier » (l.

12) qui espère effectuer une pêche abondante, illustrée par les rimes sonores appartenant au champ lexical de l’argent « trésor » (l.

12) et « lingot d’or » (l.

13).

Il partage le même désir de richesse que le poète.

Le second comparant est le pluriel « les harengs » (l.

13), un poisson de médiocre qualité, sans grande valeur.

L’infortune de ce pêcheur est associée avec celle de du Bellay afin d’accentuer l’inaccomplissement de son projet.

Effectivement, venu en Italie dans le but de progresser intellectuellement, il a en réalité perdu son temps.

Le texte s’achève sur une sorte de morale, plutôt pessimiste, avec le groupe nominal « ce malheureux voyage » (l.

14). Pour conclure, Rome porte une image mythique de centre de toutes les connaissances qui forment le courant humaniste.

En réalité, du Bellay dresse une critique implicite de l’admiration excessive que ses contemporains portent sur cette ville, présentée comme modèle depuis l’Antiquité.

Nous suivons donc le parcours d’un homme qui subit le poids d’une désillusion puissante, et qui ressent, douloureusement, le poids de son échec.

Le thème du voyage décevant et ennuyeux sera notamment repris dans le célèbre sonnet 31 « Heureux qui comme Ulysse ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles