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commentaire de text musset

Publié le 30/04/2017

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Commentaire de texte 3, séquence 1 : Alfred de Musset (1810-1857), Les Caprices de Marianne, 1833, Acte II, scène 1 Profondément blessé et échaudé par l'échec de la représentation en 1830 de la Nuit vénitienne, le jeune Musset, poète et dramaturge romantique, décida alors que les pièces qu'il écrirait seraient désormais destinées non pas à la représentation, mais - fait original et presque unique dans la littérature française -, exclusivement à la lecture. Les pièces qu'il publia entre 1832 et 1834 furent regroupées sous le titre Un spectacle dans un fauteuil, ce qui traduisait son choix d'écrire un théâtre destiné à être lu chez soi et non pas représenté. Les Caprices de Marianne (1833), vit le jour sous la forme d'un livret qui fut conçu dans le même esprit provocant. La pièce Les Caprices de Marianne ne fut d'ailleurs créée qu'en 1851 au prix d'une importante réécriture. Archétype du beau parleur servant d'intermédiaire amoureux à son triste ami Coelio, Octave a cherché dans les premières scènes à exprimer à Marianne la flamme de son ami jusqu'à excéder celle-ci. A la scène 1 de l'acte II, Octave fait croire à la jeune fille que Coelio à présent se désintéresse d'elle. Marianne réagit alors en se moquant de cet amour éphémère. S'ensuit un échange très vif? PBM : Comment cette dispute révèle-t-elle l'attachement naissant entre les deux personnages ?  PLAN  I : Une altercation virulente ?.qui cache II : Un dépit amoureux I : Une altercation virulente 1 : Un échange dynamique et insultant Les deux personnages ont recours à l'attaque verbale ou au sarcasme. Marianne rabaisse Octave au niveau d'un « interprète » ou « ambassadeur », termes connotés péjorativement dans sa bouche car mis au même niveau qu'une « nourrice » maladroite (On note alors la féminisation méprisante appliquée à Octave qui de ce fait perd sa virilité). Pour se venger, Octave traite alors la jeune fille de « rose sans épine et sans parfum », ce qui ne peut qu'évoquer une femme froide sans beauté ni sentiments, ce qui est donc une remise en cause de sa féminité. Ensuite, selon Marianne, les discours d'Octave sont du niveau d'une perruche, cette image animalière concluant une série d'échanges et d'insultes méprisantes qui ridiculisent et dévalorisent le...
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« Cette dispute s’appuie donc sur des propos véhéments qui dévoilent des enjeux de pouvoir et des rivalités. 2 : Les forces en présence Marianne et Octave jaugent leurs forces réciproques lors de cet affrontement, de cette joute verbale subtile et tendue.

Marianne l’emporte si l’on considère que c’est elle qui parle le plus et que c’est elle qui met le coup final (obligeant d’ailleurs Octave dans la suite de la scène à de laborieuses justifications).

Musset lui-même expliqua qu’à la suite de l’écriture de l’ensemble de la scène, il « resta étourdi de la force du raisonnement [de Marianne] ».

Il ajouta avoir pensé : « Il serait incroyable que je fusse moi-même battu par cette petite prude.

».

C’est que la jeune fille semble à la hauteur du libertin, habitué à manier le verbe pour séduire.

Ainsi c’est elle qui dans ce passage est à l’origine de toutes les images (comparaisons et métaphores filées) : Octave est un ambassadeur ou une nourrice, l’amour est du chinois ou de l’arabe, ou un enfant à la mamelle.

Le jeune homme se contente de développer en associant naturellement la nourrice au lait, puis en filant la métaphore : le lait devient indifférence.

La seule image dont il est à l’origine est celle de la « rose sans épines et sans parfum », image certes cruelle (Et Marianne la lui reprochera dans la suite de la pièce) mais qui au fond n’est que la variation d’un topos amoureux. Marianne dont l’art de la répartie semble abouti est celle qui manie avec le plus de conscience les mots.

Lorsqu’elle passe à une nouvelle image, elle le signale : « Ou peut-être que… ».

Et elle se moque dans sa dernière réplique de l’image avancée par Octave, lui déniant toute inventivité et toute spontanéité.

Marianne a compris que l’amour est d’abord échange verbal, ses mots sont affûtés et elle a démontré qu’elle ne redoutait pas l’affrontement avec un séducteur patenté dont le lecteur-spectateur a déjà pu entendre (voire admirer) au début de la pièce l’efficacité rhétorique. II : Un dépit amoureux 1 : Le véritable sujet de la dispute Le schéma actantiel de départ de la pièce place Coelio au cœur de l’intrigue.

Il est le sujet qui demande à Octave d’être l’adjuvant de son amour.

Le mouvement même de la pièce, sa progression tend à effacer Coelio.

Progressivement l’intérêt dramatique va se déplacer sur les relations entre Octave et Marianne.

Il en est ainsi dans ce passage : si Coelio est nommé dans la première réplique d’Octave, il est ensuite évoqué à travers le pronom de l’absence « il ».

Octave dans un sursaut va ensuite utiliser une 1 ère personne du pluriel très ambigüe qui ne cache pas la disparition de Coelio comme sujet de l’entretien.

Le sujet de l’entretien, en effet, est véritablement l’amour en général et celui dont chacun des interlocuteurs est capable (ou coupable ?).

Deux conceptions opposées de l’amour s’affrontent ici et chaque personnage incarne une conception différente.

Marianne raille l’amour de Coelio dont Octave est le porte-parole et donc le représentant : elle lui reproche d’être incapable de s’exprimer seul, et elle reproche à cet amour son manque de limpidité (Chinois, arabe ?), sa fragilité et sa brièveté.

L’expression « un amour comme celui-là » montre le peu de cas qu’elle accorde à un sentiment qu’elle considère (sans doute à tort d’ailleurs, le lecteur-spectateur a déjà pu constater la douleur du fragile Coelio) avec mépris car futile et éphémère.

Elle en appelle donc à un amour sincère et profond, vrai et authentique, un amour qui relève de l’évidence (celui qui « s’explique tout seul »).

Quant à Octave, il reproche à Marianne sa froideur lorsqu’il critique son indifférence et la compare à une rose fade. L’amour est donc le sujet de la dispute (En latin, disputatio : échange, débat d’idées, débat), un amour brûlant et quasi-sensuel avec ces références très osées à la mamelle et aux lèvres, ou cette référence à un enfant, fruit d’un futur amour… C’est donc à une sorte de guerre des sexes que se livrent ici les personnages ; d’ailleurs, ils utilisent le lexique de la guerre et de la diplomatie : « interprète », « ambassadeur », « craignons ».. »

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