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La conception de la fable dans le premier recueil (Livres I À VI)

Publié le 12/09/2019

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La poétisation de la fable

 

Le (premier) recueil des fables paraît sous l'humble titre de Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine. Cette \" mise en vers , est, en réalité, une véritable innovation pour l'époque. Les théoriciens d'alors estimaient en effet l'entreprise impossible. Comment, objectaient-ils, concilier la nécessaire brièveté de la fable avec les exigences draconiennes de la versification française ? Certes le Latin Phèdre avait bien versifié ses fables. Mais le vers latin est plus dense et plus concis que le vers français'. La Préface que La Fontaine place en tête de son premier recueil résonne tout entière de ce débat.

 

Ce choix volontaire et personnel de La Fontaine n'est pas sans enjeu ; il révèle l'ambition de l'auteur de rendre sœurs la poésie et la fable. Poétique, la fable l'était par ses fictions animalières. Elle le devient dorénavant jusque dans ses apparences formelles. À une époque, en effet, où les genres littéraires étaient strictement codi-fiés2, versifier la fable procédait d'une volonté affichée de l'apparenter à un poème3 (voir le chapitre 21).

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« dédic ace à " Monseigneur le Dauphin, "· Et, dans le poème liminaire, il ajoute : " Je me sers d'animaux pour instruir e les hommes .

., Presque chaque Livre du recueil réaffirme la même idée : " Je me sers de la vérité "• lit-on dans Le Berger et la Mer {IV, 2) ; et dans Le Lion et le Chasseur (VI, 1): Les Fables ne sont pas ce qu'elles semblent être.

Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.

La dédicace du recueil à un enfant (le Dauphin) s'explique enfin par la valeur éducative de l'apologue (sur le contenu de l'« enseigne­ ment >> dispensé par les fables, on se reportera pour plus de détail aux chapi tres 15 et 16).

Un genre diver tissant À trop devenir didactique, la fable encourt le risque de décourager ou d'ennuyer le lecteur.

Rien de plus fastidieux en effet que des " leçons de morale ••.

C'est pourquoi l'apologue se doit d'être agréable.

Comme le cons tate La Fontaine : Une morale nue apporte de l'ennui ; Le conte fait passer le précepte avec lui En ces sortes de feinte2, ·il faut s'instruire et plaire.

(Le Lion et le Chasseur, VI, 1.) L' « utile •• conditionne l'« agréable "· Or, pour La Fontaine, la fable est par définition un genr e récréatif : elle crée un monde imaginaire où tout est possible.

Animaux, plantes, objets peuvent s'animer, parler et se comporter comme des êtres humains.

Comme le fabuliste l'exprime dans la préface du pre­ mier recueil : Les propriétés des animaux et leurs divers caractères y sont expri­ més ; par conséquent les nôtres aussi, puisque nous sommes l'abrégé de ce qu'il y a de bon et de mauvais dans les créatures irrai­ sonnables.

1.

Le Dauphin, fils du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, est né en 16 61.

Il mourra à l'âge de cinquante ans en 1711, quatre ans avant son père.

2.

cc Feinte ., : fiction.. »

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