COURIER Paul-Louis : sa vie et son oeuvre

COURIER Paul-Louis (1772-1825). Tourangeau né à Paris, Courier est issu de cette bourgeoisie rurale qui, tout en s’élevant financièrement et intellectuellement, reste proche des paysans par ses habitudes de vie et ses traditions antiaristocratiques. Il passe en Touraine une enfance libre, instruit par des parents lettrés qui, malgré son goût très vif pour les textes anciens, l’orientent vers une carrière militaire. Conduit à Paris en 1784, il reçoit les meilleurs maîtres, poursuit l’étude du grec et s’intéresse aux premiers symptômes de la Révolution. Parallèlement, il observe avec lucidité et compassion la misère des paysans de Touraine soumis aux abus féodaux. 1793 marque le début d’une vie d’officier menée sans enthousiasme et entrecoupée de congés plus ou moins licites qui permettent au sous-lieutenant Courier de s’occuper de belles-lettres plus que de canons. En 1798, ses pérégrinations militaires l’entraînent en Italie, où il regarde sans pitié les ravages de l’occupation française. Déjà, il se veut écrivain : il traduit le grec et entreprend une correspondance en forme de journal qui éclaire utilement le reste de son œuvre. Fidèle à l’esprit républicain, il adopte dès 1803 une attitude hostile à l’Empereur, comme en témoignent les Conseils à un colonel et une lettre (Plaisance, 1804) dans laquelle il raconte ironiquement comment s’est déroulé, dans son régiment, le plébiscite approuvant l’établissement de F Empire. Affecté à Naples en 1806, il épie les ridicules du régime napoléonien, dénonce les horreurs de la guerre de Calabre et l’exploitation des humbles, manifestant là un des traits permanents de sa personnalité : la sympathie pour le peuple qui travaille et qui souffre. Plein de mépris pour les conquérants, il démissionne en 1809, s’installe à Paris et fréquente l’helléniste Clavier, dont il épouse la très jeune fille en 1814. Malgré les réticences de la jeune femme, le couple s’établit en Touraine, où Courier, utilisant le pamphlet, se fait le défenseur des paysans. Cette nouvelle carrière est courte mais féconde : en 1816, la Pétition aux deux Chambres réclame justice contre les persécutions dont ses voisins