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COURT DE GÉBELIN Antoine : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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COURT DE GÉBELIN Antoine (1725-1784). Antoine Court, calviniste séduit par les Lumières, présente de manière exaltée les illusions fondatrices du xviiie siècle en matière de langage. Une méthode, où l'incompétence se joint à la passion et à la poésie du signe, fonde son importance.

 

Né à Nîmes, il fit à Lausanne des études de théologie et manifesta dans sa thèse un intérêt précoce pour le discours fondateur (De prophetiis, 1754). Auteur d’un mémoire critiqué par ses coreligionnaires (et par Voltaire) sur les affaires Calas et Sirven (les Toulousaines, 1763), il devient « correspondant » des églises de France à Paris, où il échoue à fonder une banque (1764), puis un grand périodique (1767), destinés à donner quelques garanties aux églises protestantes. Perdant ses illusions quant à la défense des persécutés, il se tourne vers des activités plus abstraites et compose pendant plus de douze ans le Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne. De ces neuf volumes (1771-1782), incluant une théorie de l’allégorie (« génie allégorique »), une histoire du calendrier, trois dictionnaires étymologiques (français, latin, grec), on retient surtout les tomes 2 (la grammaire « universelle et comparative ») et 3 (origine du langage et de l’écriture). La grammaire tente d’étaler sur toute la planète le « tableau de la parole » théorisé en France depuis Port-Royal, 

« ( 1777) sera titré Histoire naturelle de la parole.

La théo­ rie du langage de Gébelin est créationniste, doublement.

Dieu a fourni avec les choses du monde les moyens de former les idées (la logique), puis de les «dépeindre>>.

C'est la grammaire qui préside aux diverses manières de peindre, qu'exploite la rhétorique.

La métaphore pictu­ rale introduit une autre créativité, celle de l'Artiste.

Ce que nous nommerions discours littéraire est, dès lors, la finalité de toute parole.

« Par quel moyen l'Homme est-il parvenu à cet Art admirable?>> Retrouver «l'ordre qui simplifie tout » pour atteindre 1 '« harmonie simple et noble qui constitue la beauté du langage >> est un pro­ gramme esthétique, moral, vraiment religieux.

Les nos­ talgies platoniciennes, et surtout le « cratylisme >>, recherche des traces de la parole-vraie (l'étymo-logie), fondent une vision finaliste du langage, justifiée par le bon usage de l'écrivain.

Gébelin propose une justifica­ tion de 1' acte 1 ittéraire, et aussi de la critique : « Les réflexions sur l'art de peindre les idées f ...

] doivent sur­ tout conduire à l'intelligence des auteurs.

» Cet art est enfoui dans un passé mythique, où les mouvements des organes de la parole peignent directement l'idée : la langue « parcourt tout le circuit de 1 ïnstrument vocal » pour articuler G YR et GUR, racine naturelle de 1' « idée de cercle, de tour.

de révolution ».

Brisset, cher aux sur­ réalistes, et certains délirants sauront retrouver sans étu­ des ce fantasme d'érudit.

Fantasme poétique et généreux, destiné à fonder la réconciliation ··e ntre les hommes, divisés malgré la nature.

La générosité de Court de Gébelin le rapproche des encyclopédistes, puis des francs-maçons ( 1776).

Avec les frères américains, il publie (Franklin et J.B.

Robinet y collaborent) quinze volumes d'Affaires de l'Angleterre et de l'Amérique (1776-1778).

Converti au mesmérisme par une guérison très momentanée de ses maux (la pierre) en 1783, il en meurt, peut-être détrompé de cette ultime illusion, le 12 mai 1784.

BIBLIOGRAPHIE Les œuvres sont introuvables.

Des extraits chez J.

Roudaut.

Poètes et grammairiens du XVIII' siècle, Gallimard, 1971.

Une biographie au xtx• siècle : Dardier, Court de Gébelin, 1890.

Outre des travaux universitaires (thèse de J.G.

Reish, en anglais.

1972, mémoire de Cl.

Maes, Gand, 1967-68), deux études impor­ tantes : Baldensperger, in Mélanges Huguet, 1940, et surtout G.

Genette, in Mimologiques, Le Seuil, 197 6, p.

119-148.

A.

REY. »

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