Devoir de Philosophie

DADA ou DADAÏSME

Publié le 09/03/2019

Extrait du document

DADA ou DADAÏSME, mouvement international d'artistes et d’écrivains, né d'un intense dégoût envers la guerre qui signait à ses yeux la faillite des civilisations, de la culture et de la raison. Terroriste, provocateur, iconoclaste, refusant toute contrainte idéologique, morale ou artistique, il prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre. Paradoxalement, son activité de déconstruction et de destruction des langages (verbal et plastique) se traduit par des œuvres durables qui ouvrent certaines voies majeures de l'art contemporain. À Zurich, le 8 février 1916, au cabaret Voltaire, Hugo Bail, Tristan Tzara, Marcel Janco, Richard Huelsenbeck, Hans Arp, Emmy Hennings, puis Hans Richter président au baptême de Dada. Le nom, dit la légende, aurait été cueilli au hasard dans le Petit Larousse ou, à l'aide d'un coupe-papier, dans les pages d'un dictionnaire franco-allemand. À l'origine, il s'agit de résister au dépérissement de l'esprit en mettant en relation les diverses avant-gardes artistiques européennes. La revue Cabaret Voltaire se propose « de rappeler qu'il y a, au-delà de la guerre et des patries, des hommes indépendants qui vivent d'autres idéals » (H. Bail). La revue Dada poursuit ce programme en intégrant les données de l'expressionnisme allemand et du futurisme italien jusqu'au numéro 3, où le Manifeste Dada 1918 de Tzara, en rejetant toute équivoque avec l'art moderne, enregistre le tournant révolutionnaire de cette entreprise collective : « Il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. » Ces propos rencontrent la vive approbation de Francis Picabia, alors en Suisse, qui, depuis sa scandaleuse exposition de l'Armory Show, à New York avec Marcel Duchamp (1913), répandait des idées aussi subversives, dans sa revue 391. Ainsi s'opère la jonction avec le groupe de New York où

 

sont Man Ray et Duchamp, dont le propos est d'introduire un humour froid et mathématique dans la vie.

 

Dada trouve son champ d'action principal à Paris, de 1920 à 1923, quand, à l'invitation de Picabia, Tzara s'y installe, attendu « comme le Messie » par les animateurs de Littérature (Aragon, Breton, Soupault). Les esprits avaient été préparés par Arthur Cravan, Jacques Vaché et les revues Sic de P. Albert-Birot, Nord-Sud de Reverdy. De soirées en expositions et manifestations, Dada déploie sa dramaturgie scandaleuse, répand une multitude de tracts et de revues aussi inventives qu'éphémères, dont la typographie et la mise en pages éclatent à l'œil, et rallie les talents divers d'Eluard, G. Ribemont-Dessai-gnes, B. Péret. Des dissensions, une tentative prématurée d'A. Breton pour réunir un congrès devant définir l'esprit moderne (Congrès de Paris, 1922) marquent la fin d'une phase agressive du mouvement qui se survit jusqu'à la soirée du « Cœur à barbe » (1923), où une pièce de Tzara est donnée comme un spectacle artistique.

 

À la fin de la guerre, en Allemagne, Dada eut un sens plus politique. Retour de Zurich, Huelsenbeck fonde, à Berlin, le Dada Club (1918-1921) avec la participation de Raoul Hausmann, Hanna Hôch, Franz Jung, George Grosz, les frères Hertzfelde : il s'attaque violemment à la bourgeoisie et au conformisme de Weimar, organisant une vaste exposition internationale et des tournées de conférences. Se proclamant « Super-Dada », un isolé, Johannes Baader, provoque la Diète elle-même. Inventeurs du photomontage, les dadaïstes berlinois se donnent, par ce moyen, une forme d'expression politique. A Cologne, Hans Arp, Max Ernst, Baargeld fabriquent des collages (Fatagaga), où le hasard, pénétrant les signes, les fait éclater aux confins du rêve. À Hanovre, Kurt Schwit-ters concilie, dans sa revue Merz, le constructivisme avec Dada, dont il prolonge l'effet au-delà de 1924, avec son Merzbau, architecture d'intérieur faite de détritus amoncelés.

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles