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Dans Le Procès de Kafka. Comment interpréter la visite à la cathédrale ?

Publié le 05/08/2014

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Comment interpréter la visite à la cathédrale ?

La parabole de la Loi est parue en 1915 dans une revue allemande. Lors de sa rédaction, Kafka a éprouvé « un sentiment de bonheur et de contentement «. Parce que ces pages représentent une dernière instance symbolique avant la mort et marquent le passage du profane au liturgique, elles ont, très tôt, fait l'objet de nombreuses inter¬prétations. Dupliquant la scène, Welles lui confère une fonction dramatique et sym¬bolique nouvelle. Quels sens extraire de ce carrefour de significations ?

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« La mise en abyme La parabole double la situation initiale.

L'aumônier se projette dans le gardien : tous deux serviteurs de la loi, ils dépendent d'une puissance qu'ils cautionnent; ils détiennent autorité et pouvoir.

Leur message est ambigu : comment entendre cet argu­ ment spécieux qui enjoint l'homme de se soumettre, non à la vérité, mais à la néces­ sité (p.

271)? K.

partage le sort de l'homme de la campagne : jamais il n'entrera, bien­ tôt il mourra, mais il a la volonté d'agir et de comprendre.

La fonction de la mise en abyme est d'interposer une histoire dans l'histoire afin d'en dévoiler des sens jusqu'alors cachés.

Or, cette parabole interpelle sans expliciter, elle convoque sans résoudre.

C'est à cet instant que Kafka et Welles divergent : l'écriture reste dans le mode de l'ambiguïté, tandis que l'image livre sa propre version.

Ill.

Sens et fonctions de la parabole Chez Kafka: l'exégèse théologique Une longue diatribe oppose K.

à son interlocuteur à propos du sens de la parabole; l'aumônier se livre alors à une interprétation de la lettre et du sens de ce texte obscur.

Le débat s'articule sur les deux paroles du gardien, le propos initial interdisant à l'homme d'entrer pour l'instant, la révélation finale lui apprenant que seul il devait entrer.

À l'accusation de trahison proférée par K., le prêtre objecte que le gardien n'aurait même pas dû tout dire, qu'il est dépendant de l'homme de la campagne, qu'il appartient à la Loi.

Quant à l'homme profane, il a choisi de rester et jouit du privilège de voir la lumière.

La situation de l'homme se caractérise par la liberté, la volonté, le savoir, mais ce savoir demeure paradoxal puisque c'est son désir de connaître qui aliène l'homme, tandis que la vérité théologique reste impénétrable.

Chez Welles: un débat sur l'illusion La parabole intervient au début et à la fin du film.

Au commencement, les images se déroulent une à une accompagnées de la musique d'Albinoni.

Welles pose laques­ tion du sens de cette histoire : « Ce qu'elle signifie?» Puis un fondu enchaîné montre le visage de Perkins endormi.

Contrairement au livre, l'enseignement précède la découverte et oriente la recherche du spectateur.

Chez Welles, la scène de !a cathédrale présente deux variations majeures: changement de personnes, modification de l'enjeu.

L'avocat se substitue à l'aumônier, le juridique au théologique.

De la lumière méta­ physique, Welles passe à la lumière cinématographique -nouvelle vérité de ce monde? L'enjeu devient non l'image, mais son support, écran blanc sur lequel vien­ dront se placer K.

puis Welles, dans une dialectique de champ/contre-champ.

K.

accuse la société de « complot », incriminant le conditionnement par l'image.

L'écran dénoncé par K.

comme source d'erreur est utilisé par Welles comme fonde­ ment de vérité.

Cette scène rend hommage au pouvoir du cinéma, elle en décrit le dou­ ble visage : il est aliénation sous les dictatures, libération grâce à l'inventivité de l'artiste.

Le cinéaste mène une démonstration esthétique et philosophique.

Les images ne sont plus considérées pour ce qu'elles représentent, mais en tant que représentation.

Le spectateur comme le lecteur ne doivent pas oublier cette mise en garde du texte : « On peut à la fois comprendre une chose et se méprendre à son sujet » (p.

268).. »

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