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Dissertation Roland Barthes

Publié le 19/12/2016

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MAISONNEUVE Laëtitia (Temps : 8h. (une fois débloquée) ) « Peindre non la chose mais son effet » pour Stéphane Mallarmé, une oeuvre littéraire ne se doit pas de décrire objectivement et méticuleusement le sujet, mais doit s’attacher aux émotions et autres sentiments qu’elle va procurer au lecteur. Barthes soulignait lui même, et de manière incisive qu’ « une oeuvre est « éternelle », non parce qu’elle impose un sens unique à des hommes différents, mais parce qu’elle suggère des sens différents à un homme unique, qui parle toujours la même langue symbolique à travers des temps multiples : l’oeuvre propose, l’homme dispose. ». Une oeuvre, selon le critique, pour être intéressante et espérer l’immortalité, se doit de préserver le libre arbitre de l’homme unique, le lecteur. Homme qui, apparemment, parle « la même langue symbolique », c’est à dire, un code fait de symboles et d’images (science qui est théorisée durant la seconde moitié du XXème siècle). N’oublions pas, « des temps multiples », qui suppose que l’Homme, peu importe son époque, comprendra une oeuvre qui parle cette « langue symbolique ». Nous remarquons l’opposition des verbes « imposer » et « proposer ». Une oeuvre qui impose n’a, selon l’auteur aucune chance de rester dans les mémoires et semble vouée à disparaitre. Pourtant, nous relevons également le rapport de force entre « propose » et « dispose », le dernier presque effacé par le premier. Cette constatation de Barthes semble néanmoins révélatrice de tensions. En effet, devons nous pour autant balayer d’un revers de la main ces oeuvres qui, certes imposent un sens, mais qui font partie de notre richesse littéraire et culturelle ? Une oeuvre peut-elle véritablement être « éternelle » ? En adéquation à Barthes, nous pouvons considérer qu’une oeuvre émancipée du sens peut être « éternelle ». Cependant, une oeuvre peut être « éternelle » lorsqu’elle impose un sens unique aux lecteurs. Par ailleurs, une oeuvre n’est pas immunisée contre les méfaits du temps, et surtout, elle ne vise pas un unique Homme, mais l’universalité. La thèse de R.Barthes est acceptable : une oeuvre émancipée peut en effet être synonyme d’éternité. Roland Barthes, tout comme Foucault, critiques contemporains, rejettent ici, en faveur de la modernité et de la littérature d’Avant Garde, Gustave Lanson, critique de la fin du XIXème siècle et auteur de l’Histoire littéraire et la descendance de Sainte Beuve. 1 sur 9 Se rebellant contre le positivisme et l’historicisme de l’ancienne critique, l’époque moderne, qui émerge au début du XXème siècle, avec, outre la médiatisation de la vie littéraire, l’entrée en scène remarquée et bruyante des écrivains et artistes dits « Avant Gardes » menés par le Futuriste Marinetti, refuse l’ancienne littérature. La Nouvelle Critique, présente déjà chez Proust, dénonce la détermination et l’explication de l’oeuvre par son auteur. Ainsi, les modernes refusent catégoriquement le Réalisme de Balzac et le Naturalisme de Zola, qui s’intéressent profondément à la société, à l’argent, à l’observation, à la carrière, aux problèmes dits « normaux » d’un individu, comme Stendhal dans Le Rouge et le Noir, qui pour la première fois introduit le thème du salaire dans le Roman. Les Avant-Gardes renouent avec les aspects les plus ésotériques du Romantisme, et s’attachent à la suggestion. La suggestion…quel mot essentiel pour la Nouvelle Critique, pour Barthes, pour les Modernes, pour Mallarmé qui annonce, « Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve. ». Ainsi une oeuvre doit exister par elle même et doit absolument suggérer, pour un lecteur libre et autonome. Valéry n’en n’est pas moins d’accord, pour lui, « il n’y a pas de vrai sens d’un texte » adepte, à l’instar de ses comparses, à l’interprétation littéraire (et non plus à l’explication littéraire), et à une oeuvre et un lecteur tout deux indépendants de l’auteur. Le lecteur est ainsi libéré du carcan de l’ancienne littérature. La suggestion sauve l’herméneute par le signe, ainsi il interprète et n’est pas soumis à une unique idée. L’oeuvre « éternelle » suggère : ainsi le lecteur a des marches de manœuvre grâce notamment à la « langue symbolique » et grâce à l’auteur qui n’a pas l’intention de donner une signification à son oeuvre, à son écriture. Idée répandue par les structuralistes français et les New Critics américains. L’auteur ne doit pas « exister » dans son oeuvre. En effet d’après Barthes, «tout texte est écrit éternellement ici et maintenant». [...] la naissance du lecteur doit se payer de la mort de l'Auteur» (Le bruissement de la langue). La suggestion est, pour les Modernes et notamment pour Mallarmé, une finalité. Le sens unique est violemment supprimé et les sens différents sont ainsi produits par ce sévère refus, cette mise ...

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