Dissertation sur le romantisme de Germaine de Staël
Publié le 07/10/2018
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très récurent dans les poèmes romantiques. La fuite du temps, qui efface les souvenirs et les projets, est synonyme d'angoisse et de mélancolie chez le romantique, car il est confronté à la caractéristique
intrinsèque de l'humanité : la mort. Dans Tristesse d'Olympio de Victor Hugo et le Lac de Lamartine, le même thème est évoqué : la fuite du temps, qui efface irrémédiablement les souvenirs des êtres aimés. Mais le souvenir est finalement cristallisé dans la poésie. Par ailleurs, on assiste dès le XVIIIe siècle à un développement exceptionnel de l'autobiographie, car c'est le seul moyen de conserver le souvenir malgré le temps. D'autre part, le « Mal du siècle » est traduit par un ennui inquiet provoqué par l'inactivité, comme l'explique Chateaubriand dans le paragraphe Du Vague des Passions, issu du Génie du Christianisme. Chateaubriand décrit l'état frustré d'une génération du à l'oisiveté dans un monde hostile car essentiellement bourgeois. Le héros du « Mal du siècle » ne parvient ni à jouir, ni à pleurer et éprouve une terrible dysharmonie de l'être à laquelle Baudelaire donnera des accents forts dans ses poèmes.
Mais la frustration du héros romantique est aussi due à la société dans lequel il vit, qui ne le comprend pas et qui l'exclue. Comme Lorenzo ou Hernani, le héros romantique vit dans un monde trop étroit pour une conscience trop vaste. La raison des échecs récurrents du héros vient du fait que les « esprits médiocres » ne suivent plus le héros car ils ne le comprennent pas. Ainsi Lorenzo ne parvient pas à restaurer la République à Florence, malgré l'assassinat du Duc, car les Florentins restent
attirés par la perversion et la débauche. C. Lukacs définira le romantisme par l'expression : « La recherche de valeurs authentiques dans un monde dégradé ». Avec la seconde génération de romantiques, on retrouve des valeurs plus pessimistes dans les textes, comme la dialectique de l'être et du paraître, qui est présente dans Lorenzaccio. Le problème de l'identité est donc renforcé après la Révolution perdue de 1830 dans une France, que les Romantiques n'acceptent pas et où ils se sentent étrangers. C'est pourquoi, ils croient fortement en un au-delà parfait, où ils pourront réaliser leurs projets et vivre en harmonie avec leur société.
Cette frustration et ce « Mal du siècle » sont donc indissociables du romantisme. Mais on peut se demander, quelle est la réaction des auteurs romantiques pour pallier cette frustration. En premier lieu, l'artiste romantique décide de fuir la France pour entreprendre des voyages. Ainsi Flaubert, Lamartine et Chateaubriand quittent la France pour l'Italie, la Grèce, l'Espagne ou l'Orient. L'Orient est particulièrement apprécié des Romantiques, comme le montre l'abondance de textes ou de peintures sur l'Orient comme les Orientales de Victor Hugo ou les Bains Turcs d'Ingres. Ce dépaysement n'est cependant pas une solution aux problèmes des romantiques, qui ne trouvent que la tristesse et la mélancolie, comme le montre René en exposant le malheur de l'émigré, qui est toujours étranger loin de sa patrie. En deuxième lieu, les auteurs romantiques tombent souvent dans l'alcool ou la drogue, comme Musset ou Baudelaire. Par là, les romantiques cherchent à échapper à la réalité du monde. Par ailleurs, les romantiques
«
plan les sentiments humains.
On peut dire que le romantisme
est la réaction du rationalisme, qui ne permettait pas au
lecteur de s’évader vers des idéaux et des illusions.
Le romantique sera très souvent confronté à des amours
malheureuses et impossibles, qui seront la première source de
son souffrance, ainsi Lamartine exploite le thème de la femme
perdue et inaccessible dans le Lac, comme René, Atala ou les
Souffrance du jeune Werther de Goethe, où le héros ne peut
aimer Charlotte qui est déjà mariée.
Ces échecs sentimentaux
conduiront les romantiques à s’interroger sur eux-mêmes et sur
leur destinée.
C’est pourquoi la poésie lyrique et
l’autobiographie, qui apparaît à l’époque du romantisme,
exaltent tout deux le désir de la connaissance de soi.
Le
héros romantique est, d’autre part, un exclu, car il vit en
marge de la société.
En effet, les « esprits médiocres » ne le
comprennent pas, car le romantique est différent et supérieur.
Jean Valjean est un ancien bagnard, Casimodo est rejeté de la
société à cause de sa différence, comme le monstre de
Frankenstein ou l’albatros.
Les Juifs rejètent Moïse, dans le
poème éponyme de Vigny, car il a été élu par Dieu, ce qui fait
de lui un être supérieur, que le reste de l’humanité ne
comprend pas.
La solitude sera donc un thème central, ce qui
amènera très souvent le héros à ce poser des questions
métaphysiques : dans le Lac, Lamartine s’interroge sur la
fuite du temps, qui efface les souvenirs.
Enfin le genre
romantique s’intéresse particulièrement au passé, ce qui va
être incarné par l’utilisation allégorique des ruines,
notamment en peinture, par exemple, on se souviendra ici du
tableau L’abbaye dans un bois de Friedrich, qui illustre la
passion du peintre pour les monuments en ruine, propices aux
réflexions mystiques d’une âme tourmentée.
On verra également
des architectes, tels que Viollet-le-Duc, parcourir la France,
afin de restaurer de vieilles cathédrales.
En effet, le
gothisme revient à la mode avec le romantisme, comme nous le
montre les peintures de Friedrich.
On retrouve le goût des
romantiques pour l’histoire, particulièrement du Moyen-Âge et
de la Renaissance, dans des œuvres telles que Ivanhoé de
Walter Scott, roman, utilisant comme contexte la chevalerie et
les châteaux forts.
Cependant cet intérêt pour l’histoire
n’est pas surprenant, puisque l’histoire moderne, ainsi qu’on
la voit aujourd’hui, est une invention du romantique, car il
s’agit de comprendre, de trouver des causes, qui dépassent
l’action individuelle.
Le romantisme se caractérise également par des décors, où la
nature est particulièrement mise en valeur et influe sur les
sentiments du héros.
La dimension des paysages est notamment
appréciée, on retrouve donc les montagnes dans l’Isolement de
Lamartine et Friedrich a
souvent peint des paysages montagneux comme Voyageur au-dessus
de la mer de nuages ou Porte dans le rocher.
Au XVIIIe siècle,
apparaît un intérêt pour la randonnée en montagne, né avec
Rousseau, qui apprécie l’altitude car il en tire un sentiment
de supériorité et d’isolement.
La présence d’une étendue d’eau
est aussi caractéristique du genre romantique, on retrouve
notamment l’océan déchaîné dans le Radeau de la méduse de
Géricault ou l’Albatros de Baudelaire.
Cet élément naturel est
propice aux réflexions métaphysiques.
La nuit, les étoiles et
2.
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