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Electre II

Publié le 01/02/2018

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Electre II, 8 Introduction : Jean Giraudoux ( 1882-1944), diplomate de profession, écrit d’abord des romans, avant de se tourner vers la dramaturgie après sa rencontre avec le comédien Louis Jouvet, qui joue notamment lepersonnage du mendiant lors de la creation d’Eelctre. Dans les années 1920-1940 , beaucoup d’auteurs réécrivent des myths antiques. Par exemple Jean Anouilh ( Eurydice, 1942, Antigone, 1944, Médée, 1946), Jean Cocteau (Antigone, 1922, La machine infernale, 1934 Oedipe-Roi, 1937 ), ou Jean-Paul Sartre (Les Mouches, 1943, réécriture d’Electre de Sophocle, avec une reflexion sur le repentir, la liberté, la possibilité de porter les fautes d’un autre). Il faut s’imaginer qu’il y a près d’un siècle les connaissances du public et du lecteur de théâtre sur la culture et la littérature de l’Antiquité étaient importantes ( ne pas oublier que la tragédie classique, l’opéra s’en nourrissent également), et que le mythe d’Electre est de surcroît relié à la guerre de Troie. Enfin le myhthe d’Electre a été l’objet d’une discussion entre 1913 et 1931 entre les deux psychanlaystes Sigmund Freud et Carl Gustav Jung. Le spectateur a donc un horizon d’attente constitué de cette culture antique et de toutes les “adaptations” qui en ont été faites depuis des siècles Ce n’est pas la première fois que Giraudoux réécrit les myths antiques ( on a Amphitryon 38, en 1929 – titre qui souligne l’intertextualité en ce que le chiffre 38 indique qu’il s’agit de la trente-huitième réécriture de la pièce, et La guerre de Troie n’aura pas lieu en 1935). Avec Electre, Gitaudoux reprend une intrigue traitée par les trois grands tragjques grecs, Eschyle (Les Choéphores), Sophocle et Euripide ( Electre), mais il la modifie sensiblement, ce qui influe sur le sens à donner à cet affrontement entre Electre, la fille d’Agamemnon, et Egisthe, l’assassin de son père, amant et complice de sa mère Clytemnestre, devenu dans la pièce un roi responsable, et se révélant en quelque sorte amoureux d’Electre (ÉGISTHE. – Elle sait pourquoi de cette montagne, j’ai soudain piqué des deux vers la ville ! On eût dit que mon cheval comprenait, Électre. C’est beau, un alezan clair chargeant vers Électre, suivi du tonnerre de l’escadron où la conscience de charger vers Électre allait diminuant, des étalons blancs, des trompettes aux juments pie, des serre-files. Ne t’étonne pas s’il passe la tête tout à l’heure à travers les colonnes, hennissant vers toi ! Il comprenait que j’étouffais, que j’avais ton nom sur ma bouche comme un tampon d’or. Il fallait que je crie ton nom, et à toi-même… Je le crie, Électre ? II, 7) Notre passage se situe à l’extrême fin ( deux scenes avant) de la pièce qui ne comporte que deux actes. Problématiques possibles : Analysez ce dialogue. Qui a le dessus dans ce face-à-face ? Comment Giraudoux réinvente-t-il le tragique antique ? En quoi Giraudoux fait-il preuve d’originalité dans cette scène ? Le renouvellement du mythe antique le rôle des dieux est minimisé On se souvient que la notion de tragédie est nécessairement reliée à la notion de destin, de fatalité qui s’abat sur un personnage. Ainsi, Phèdre subit la malediction de la déesse de l’Amour ( C’est Venus toute entière à sa proie attachée, pour citer Racine) et Oedipe est celui qui ne peut échapper à son destin, il realise malgré lui la prediction de l’oracle de Delphes ( tu tueras ton père et épouseras ta mère). Dans la pièce de Giraudoux, même si le personnage du mendicant revêt des aspects prophétiques et trois petittes filles, “les petites Euménides” incarnent les déesses de la vengeance de la tragédie, on voit bien que le rôle des dieux est minimisé. “dans ce pays qui est le mien, on ne s’en remet pas aux dieux du soin de la justice”. Cette affirmation d’Electre n’est pas sans rappeler le dialogue entre Antigone et Créon chez Sophocle, quand le niece oppose à l’édit de son oncle “les lois non écrites” qui sont celles des dieux, et obligent une soeur à enterrer son frère. Elle prend le contrepied de toute une tradition tragique. De même, la phrase suivante, “ les dieux ne sont que des artistes” leur ôte tout rôle determinant dans la pièce. Le terme “artistes” ne renvoie à aucun acte crétauer, mais plutôt, avec les clichés ridicules qui suivent (“une belle lueur sur un incendie, un beau gazon sur un champ de bataille”), à une posture convenue et manièrée. Avec ce décor, on se retrouve dans un théâtre de convention, souligné par l’emploi du déictique “voilà”. Déjà, dans La guerre de Troie n’aura pas lieu, hélène disait ironiquement à Andromaque :” Si vous avez découvert ce qu’ils veulent, les dieux, dans toute cette affaire je vous félicite”, annihilant ainsi l’idée d’une volonté des deixu qui ferait le destin des personnages tragiques. “le verdict que les dieux avaient rendu dans votre cas. Je ne l’accepte pas.” Electre ...

« I) Le renouvellement du mythe antique 1) le rôle des dieux est minimisé On se souvient que la notion de tragédie est nécessairement reliée à la notion de destin, de fatalité qui s’abat sur un personnage.

Ainsi, Phèdre subit la malediction de la déesse de l’Amour ( C’est Venus toute entière à sa proie attachée , pour citer Racine) et Oedipe est celui qui ne peut échapper à son destin, il realise malgré lui la prediction de l’oracle de Delphes ( tu tueras ton père et épouseras ta mère).

Dans la pièce de Giraudoux, même si le personnage du mendicant revêt des aspects prophétiques et trois petittes filles, “les petites Euménides” incarnent les déesses de la vengeance de la tragédie, on voit bien que le rôle des dieux est minimisé. “dans ce pays qui est le mien, on ne s’en remet pas aux dieux du soin de la justice”. Cette affirmation d’Electre n’est pas sans rappeler le dialogue entre Antigone et Créon chez Sophocle, quand le niece oppose à l’édit de son oncle “les lois non écrites” qui sont celles des dieux, et obligent une soeur à enterrer son frère.

Elle prend le contrepied de toute une tradition tragique.

De même, la phrase suivante, “ les dieux ne sont que des artistes” leur ôte tout rôle determinant dans la pièce.

Le terme “artistes” ne renvoie à aucun acte crétauer, mais plutôt, avec les clichés ridicules qui suivent (“une belle lueur sur un incendie, un beau gazon sur un champ de bataille”), à une posture convenue et manièrée.

Avec ce décor, on se retrouve dans un théâtre de convention, souligné par l’emploi du déictique “voilà”.

Déjà, dans La guerre de Troie n’aura pas lieu , hélène disait ironiquement à Andromaque :” Si vous avez découvert ce qu’ils veulent, les dieux, dans toute cette affaire je vous félicite”, annihilant ainsi l’idée d’une volonté des deixu qui ferait le destin des personnages tragiques.

“le verdict que les dieux avaient rendu dans votre cas.

Je ne l’accepte pas.” Electre est devenue celle qui s’oppose aux dieux, qui brave la loi divine, qui refuse de penser la justice en rapport avec le monde divin.

Même si l’on pourra revenir sur la part d’hybris, de démesure de la jeune fille ( qu’Egisthe souligne avec le demonstrative “cette” au début de l’extrait, et les marques de la deuxième personne), on remarque qu’Egisthe, après sa question initiale qui mettait vivement en cause son interlocutrice ( avec l’emploi du verbe oser qui indique qu’une forme de sacrilege, de dépassement des limites autorisées a été commis “ tu oses dire qu’elle est la justice des dieux ?”) ne crie pas au blasphème.

Dans une reprise ironique de Sophocle, Egisthe oppose la “justice des dieux” et “la justice d’Electre”, soulignant bien partant que l’on a définitivement quitté la sphère de la vengeance qui s’exerce de generation en generation à cause des dieux. 2) L’éthos des personnages L’éthos signifie en grec le caractère, la manière d’être. Dans la pièce, le caractère des personnages est different de celui que leur prête la tradition antique. Ainsi, Electre est radicalement différente de l’essence de son personnage qui était manifestement encore jusqu’à la date de l’opéra de Richard Strauss, Elektra ( 1909) la haine contre sa mère Clytemnestre et le désir de vengeance. En effet, si l’Electre de Giraudoux s’est toujours interrogée sur l’antipathie profonde qu’elle ressentait pour sa mère, elle ne decouvre qu’assez tard, dans la pièce, l’identité des coupables du meurtre de son père, et semble moins animée par une soif de vengeance ( pas une seule occurrence du mot dans le passage) mais de “justice” ( 6 occurrences du terme, auxquelles il faut ajouter tout un champ lexical du procès : crime, verdict, faute, injustice x 2, forçat, assassin, porter atteinte, forfait, complice du. »

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