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EPINAY Mme d' : sa vie et son oeuvre

Publié le 05/12/2018

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EPINAY Mme d' (Louise Florence Pétronîlle Tardieu d'Esclavelles, dame de la Live d'Épinay) [1726-1783]. Femme de lettres. Plusieurs centaines de mentions dans la Correspondance de Diderot montrent assez la place essentielle qu’occupa M,ne d’Épinay dans le cercle encyclopédiste : il n’est pas exagéré de dire, par exemple, que c’est chez elle, au château de la Chevrette, que s’élabora en grande partie la fameuse Correspondance littéraire que Grimm adressait aux principales cours d’Europe, avec la collaboration de rédacteurs bénévoles comme Diderot ou, justement, Mme d’Épinay elle-même.

 

Louise, orpheline pauvre, épousa de bonne heure un de ses cousins, fils d’un riche fermier général, qui, passé les moments d’une folle passion, la délaissa pour des filles d’opéra. La jeune femme, alors devenue la maîtresse d’un autre financier, Dupin de Francueil, se lia avec les milieux littéraires et philosophiques, attirant autour d’elle une société composite où se retrouvaient le romancier Charles Duclos, l'Allemand Grimm, le savant d’Alembert, Mmc d’Houdetot, Diderot et Jean-Jacques Rousseau. C’est chez elle, à l'Ermitage, dans la région de Montmorency, dans le parc du château de la Chevrette, que se déroulèrent les fameuses « affaires de l’Ermitage » qui devaient aboutir à la brouille entre Rousseau et le parti philosophique : au moment critique des conflits entre Grimm, Diderot, Mmc d’Houdetot et Jean-Jacques, Louise d’Épinay s’échappa pour un long séjour en Suisse (1757-1762), où elle consulta le célèbre médecin genevois Tronchin et rencontra Voltaire. Devenue dès 1755 (et pour une trentaine d’années) la maîtresse de Grimm, elle se lia d’une véritable amitié avec l’abbé Galiani, alors secrétaire de l’ambassade de Naples à Paris : lorsque celui-ci aura quitté la France, elle lui adressera une abondante correspondance, qui est la plus vivante des chroniques sur le milieu encyclopédiste, précisément sur la coterie diderotiste. 

« moment où Rousseau lisait à la Chevrette, dans la Nou­ velle Héloïse, le récit à peine romancé de ses déboires avec Mm• d'Houdetot, rédigée, comme l'Héloïse, sous forme de lettres, l'Histoire, pourtant peu favorable à Rousseau, est à mettre en para11èle avec les passages des Confessions où Jean-Jacques rapporte les «affaires de l'Ermitage».

L'ouvrage, inachevé, pose de difficiles problèmes à ses éditeurs; notamment celui de la collabo­ ration de Diderot, évidente mais difficile à évaluer.

Mme d'Épinay, par ailleurs, est sans doute l'initiatrice de tout un courant de littérature pédagogique à base de « conseils pour élever les enfants » : dès son séjour en Suisse, en 1759, elle av!'lit publié des Lettres à mon fils, et les Conversations d'Emilie, parues en 1774, auront un grand retentissement, une de leurs rééditions obtenant même, en 1783, le premier prix Montyon de l'Académie française.

(Voir aussi SALONS LITTÉRAIRES].

BIBLIOGRAPHIE On trouvera trace de Louise d'Épinay à travers toute la Cor­ respondance de Diderot éditée par G.

Roth (Paris, Éd.

de Minuit, index au tome XVI, 1970).

Le même Georges Roth a donné une magnifique édition de l'Histoire de Mm• de Montbrillant, Paris, Gallimard, 1951.

Les lettres à l'abbé Galiani figurent dans les publications de F.

Nicolini : La Signora d'Epinay e l'abate Galiani, Bari, Laterza, 1929, et G/i ultimi anni della Signora d'Epinay, Bari, Laterza, 1933.

A consulter : Henri Valentino, Madame d'Épinay, Paris, Perrin, 1952; E.

Badinter, Émilie, Émilie, Flammarion, 1983.

J.-N.

PASCAL. »

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