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Étudiez la représentation de la femme.

Publié le 05/08/2014

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Étudiez la représentation de la femme.

 

Le christianisme a structuré la représentation de la femme dans toute la tradition occi­dentale. Selon l'Ancien Testament, Ève, créée en dernier, est le chef-d'œuvre de la créa­tion; façonnée pendant le sommeil d'Adam à partir d'une de ses côtes, elle ne doit exister que pour lui; mais séduite par le serpent, elle entraîne dans sa chute l'humanité entière. Selon le Nouveau Testament, Marie, d'une pureté absolue, donne naissance à Jésus, Fils de Dieu, qui lave l'humanité de ses péchés. Chrétien de Troyes, dans le Conte du Graal, témoigne sur la question féminine d'un christianisme optimiste : s'il retient l'idée de la beauté de la femme, s'il retient l'idée de sa dévotion pour l'homme, il détourne les yeux du vice d'Ève pour regarder plutôt la vertu de Marie.

Perceval ou le Roman de Graal de Chrétien de Troyes.

« partie Gauvain, la Demoiselle d'Escavalon est toute seule sur son lit, son frère a exigé qu'elle tienne compagnie à son hôte; la scène se passe dans le contexte courtois d'une ville.

On voit quelles attentes éveille ce motif ...

Or si Gauvain, séducteur raffiné, satisfait ces attentes, Perceval, jeune homme sans expérience, les déçoit comiquement.

Le motif de la veuve éperdue L'idée de dévotion féminine s'exprime aussi dans le motif de la veuve éperdue.

La cou­ sine de Perceval et l'amie de Gréoréas offrent deux exemples traditionnels.

Toutes deux, assises avec entre les bras le corps de leur ami, manifestent leur désespoir, l'une en se déso­ lant, l'autre en se mutilant: on peut voir là l'image chrétienne de la pietà.

La mère de Perceval et !'Orgueilleuse de Nogres offrent deux exemples originaux.

La mère de Perceval, comme dans une tragédie, est victime jusqu'au bout de la fatalité.

Après la mort de son mari, la seule raison qui lui reste de vivre est la présence de son fils auprès d'elle.

Pourtant la mesure même qu'elle prend pour éviter qu'il parte mène à l'échec.

L'Orgueilleuse de Nogres, de son côté, cherche à se suicider par chevalier interposé.

Après le meurtre de son ami, elle réfléchit la violence dont elle a été victime sur le monde qui l'entoure, en espérant que le monde finira par la réfléchir sur elle.

Ill.

Vertu de la femme Une critique de la misogynie On ne trouve pas dans l'œuvre la conviction que la femme est comme Ève d'une nature vicieuse.

Certes, aux yeux de !'Orgueilleux de la Lande et du vavasseur d'Escavalon, la Demoiselle de la Tente et la Demoiselle d'Escavalon ne sont que de viles séductrices.

Chacun y va de son discours misogyne, le premier accusant son amie d'adultère : « -Ce fut bien malgré moi.

-Au contraire ! Cela vous plut et vous ne fîtes point de défense.

» (p.

49) ; le second accusant de luxure la fille de son seigneur : « Quand une femme peut avoir ses aises, le surplus lui importe peu 2 ! »(p.

146) Mais aux yeux du narrateur, il n'en va pas de même.

Non seulement il indique que les choses ne se sont pas passées comme le prétend !'Orgueilleux de la Lande, mais encore il approuve la conduite que dénonce le vavasseur d'Escavalon : «Ils se mettent à parler d'amour, mais s'ils avaient parlé d'autres choses, quelles sottises auraient-ils dites!» (p.

145) Ce décalage invite à réfléchir sur la misogynie, qui trouve peut­ être moins sa source dans la lubricité des femmes que dans la violence des hommes.

Une défense de la femme On trouve plutôt dans l'œuvre le sentiment que la femme est comme Marie d'une nature vertueuse.

Deux femmes, en particulier, apparaissent dans le roman comme des sources de salut.

La mère de Perceval, par ses prières, a assuré le salut de son fils frappé de péché mor­ tel.

Ainsi !'ermite la représente+ il comme Marie, qui intercède auprès de Dieu en faveur des pécheurs:« Mais sa parole a eu une telle vertu que Dieu t'a protégé pour l'amour d'elle, en t'épargnant la prison et la mort 3 • »(p.

157) La reine Guenièvre, par ses conseils, assure le réconfort des chevaliers égarés ou découragés.

Ainsi Gauvain la représente-t-il comme Marie, source de réconfort inépuisable : « Depuis que Dieu a façonné la première femme de la côte d'Adam, nulle dame n'a eu plus de renom! [ ...

]Tout le bien descend d'elle; elle en est !'origine et la source.

» (p.

195).

2.

C'est nous qui traduisons (T5864-5).

3.

C'est nous qui traduisons (T6406-8 & 8180-9).. »

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