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Les Fables définissent-elles une conception du bonheur ?

Publié le 12/09/2019

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Célébrer l'amitié, l'amour et le savoir n'offre certes rien d'original, même au XVIIe siècle. Le bonheur que prône La Fontaine semble à la portée de quiconque. Ce n'est qu'une apparence. Cette quête des vraies joies de l'existence implique un choix de vie, exige de la lucidité et même de l'humilité. Pour l'entreprendre en effet, il faut avoir opéré un tri entre ce qui est essentiel et ce qui est accessoire.

Le centenaire qui supplie la Mort de patienter encore avant de l'emporter (VIII, 1}, se conduit en insensé, comme le malheureux bûcheron qui appelle la mort de ses vœux et qui s'effraie quand il la voit arriver (La Mort et le Bûcheron, l, 16): Entre la crainte et la hâte parfois d'en finir parce que la vie est trop dure, il y a place pour la sérénité. Puisque personne n'est maître de son destin et que le trépas peut survenir à tout instant, il convient de se préparer, sans peur, ni regret :

« une simple connaissance, ni même à une bonne camaraderie.

L'amitié se veut plus exigeante.

Tout est partagé et mis en commun.

Entre les " deux vrais amis >> qui habitent le Monomotapa 1.

Vun ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.

(Les Deux Amis, VIII, 11.) Le premier voit en songe le second " un peu triste >>.

Aussitôt il se lève en pleine nuit et court chez lui.

L'ami réveillé s'étonne, imagine un ennui, une catastr ophe, et se met spontanément à son service pour l'aider en quoi que ce soit.

L'autre lui réplique qu'il n'a besoin de rien, mais qu'il a craint que son rêve ne fût prémonitoire.

Quel est des deux le meilleur ami, demande La Fontaine ? L'amitié, telle qu'il l'entend, lui semble un sentiment si rare qu'il la fait vivre dans le pays presque imaginair e du Monomotapa, comme si elle ne pouvait exister que dans une région de rêve.

De même, la Gazelle, le Rat, le Corbeau et la To rtue (Xli, 15) qui vivent " ensemble unis •• et forment une " douce société ••, habitent " une demeur e aux humains inconnue ••.

Cet idéal ne peut s'épanouir que dans un pays d'u topie2.

Du moins La Fontaine, qui eut lui-même de nom breux amis3, appelle-t-il au dépassement et au don de soi.

L' amour dans l'union libre Parfois taxé de misogynie pour ses fables satiriques contre les femmes 4, La Fontaine s'érige par ailleurs en un chantr e vibr ant de la passion amoureuse.

À une époque où le mariage était affaire d'ar­ gent et d'intérêt, il adopte la conception de la préciositéS sur l'amour , 1.

Sur ce pays de l'Afrique australe et sur ses résonances exotique, voir p.

81.

2.

Vo ir p.

83.

3.

La Fontaine fut l'ami de Racine, de Boileau, de Molière, de Mm• de La Fayette.

Il resta en outre fidèle à Fouquet, même après la disgrâce de ce dernier (voir p.

23).

4.

Voir L'Homme entre deux âges, et ses deux Maitresses (1, 17), La Femme noyée (Ill, 16), La Jeune Veuve (VI, 21), Le Mal Marié (VIl, 2), Les Femmes et le Secret (VIII, 6), Le Mari, la Femme et le Voleur (IX, 15).

Ces fables très cruelles envers les femmes ne permettent pas toutefois de conclure à une misogynie réelle du fabuliste.

Depuis l'Antiquité gréco­ romaine, il existait en effet une forte tradition satirique à l'égard des femmes.

5.

La préciosité s'épanouit de 1650 à 16 60.

C'est un mouvement qui vise à réhabiliter la femme et à policer les manières.

Il fut amplement diffusé par les romans de Mil• de Scudéry.. »

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