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Les Fables sont-elles immorales ?

Publié le 12/09/2019

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préceptes sont-ils pratiques. Il est inutile de parler aux grands car \" la raison les offense ». La seule solution est donc de leur \" parler de loin, ou bien de se taire » (L'Homme et la Couleuvre, X, 1).

 

Uhypocrisie lui semble non une vertu, mais un pis-aller inévitable. C'est parfois le seul moyen de survivre. Le Renard en fait la rude expérience. Accusé par le Loup de ne pas faire sa cour auprès du Lion, il déclare être allé en pèlerinage et avoir prié pour la santé du roi. Il ment sciemment et joue à l'hypocrite, mais il sauve sa vie (Le Lion, le Loup et le Renard, VIII, 3).

 

Ce qui est vrai des rapports humains l'est encore plus des rapports entre nations. Les petits États ne sauraient rester indépendants et maîtres chez eux : ou bien ils s'allient à un État plus puissant, qui certes les protégera, mais qui aliénera leur liberté ; ou bien ils sont condamnés à disparaître. Le plus sage est, dans ces conditions, de bien choisir son protecteur. C'est peut-être regrettable, mais ainsi marche le monde.

 

Une morale sans panache

 

C'est qu'au fond La Fontaine ne croit pas au progrès moral de l'homme. Incapable de s'amender et de modifier sa nature, celui-ci, pense-t-il, ne peut corriger durablement ses défauts. Le naturel finit toujours par revenir au galop. À preuve, l'ingratitude foncière de l'homme envers le sort : .

 

On a toujours raison, le destin toujours tort.

« im moral.

Le Tribut envoyé par les animaux à Alexandre (IV.

12), Le Rat et l'Élép hant (VIII, 15) ou Le Loup et le Berger (X, 5) laissent toutefois entendre le contraire : le pui ssant y croque toujours le plus faible ou le plus imprudent.

La caricatur e que La Fontaine fait des femmes peut à bon droit scandali ser.

Querelleuses, avares, jalouses (Le Mal Marié , VIl, 2), bavardes et incapables de garder une confidence (Les Femmes et le Secre t, VI II, 6), prudes et hypocrites (Le Mari, la Femme et fe Voleur, IX, 15), elles ne sont jamais dépeintes à leur avantage.

Certains conseils sont enfin choquants.

Par exemple :" Il n' est pas malaisé de tromper un trompeur .

" (L'E nfouisseur et son compère, X, 4.) Comme si voler un voleur n'était pas un délit ! Ou encore : c'est " double plaisir de tromper un trompeur , (Le Coq et fe Renard, Il, 15).

Des fables peu éducatives Lorsq u'elles ne sont pas cyniques\ les fables proposent une morale désenchantée, qui ne convient guère à l'éd ucation d'un enfant.

Faut-il en effet lui faire étudier des textes qui soulignent plus les vices que les vertus ? Faut-il très tôt lui enseigner que l'homme, aussi bien que le lion, est cruel et rapace (Les Loups et les Brebis , Ill, 13 ) ? que la solidarité n'existe guère (t.:Oiseleur, l'Autour et l'Alouette, VI, 15) ou que le bonheur est une chimère (La Fille, VIl, 4) ? Les Fa bles sont peuplées d'ambitieux, de vaniteux, d'avar es, d'ignor ants et de sots.

La fourberie apparaît comme la grande loi qui régit le monde (Le Dépositaire infidèle, IX, 1 ).

On ne peut ériger en idéal de vie ni proposer en modèles à suivre de tels comportements.

Ou bien l'enfant, ne croyant plus en aucune valeur, les imitera ; ou bien il pensera que le monde est foncièrement mauvais.

Dans les deux cas, son éducation sera tragiquement négative.

1.

Cynique : qui ne respecte pas les conve ntions sociales et la morale communément admise.. »

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