FAUCHET Claude : sa vie et son oeuvre

FAUCHET Claude (1530-1602). «Le plus grand médiéviste avant Gaston Paris » (J. Espiner-Scott) n'a inventé ni l’histoire littéraire ni la « nouvelle histoire » telle qu’on l’entend en France à la fin du xvic siècle, mais il les a rendues possibles grâce à la qualité de sa documentation, formée très souvent de textes inédits qu’il a contribué à sauver comme l'avaient fait les premiers humanistes pour les textes de la littérature antique. Né d’un père riche, quoique procureur, et d'une de Thou, il étudie à Paris, puis à Orléans — où il semble qu’il ait été tenté par la Réforme. Dès 1556, il est assez connu pour que Le Caron songe à emprunter son nom pour l’un de ses Dialogues. Il poursuit dès lors une double carrière : de magistrat à la Cour des monnaies, qui sera couronnée en 1581 par la charge de premier président; de chercheur (sa bibliothèque est célèbre dès 1576), qui lui vaudra d’être anobli en 1586. Le Recueil de Forigine de la langue etpoesie françoise (1581 ), qui s’inscrit dans le courant de la création gallicane où s’illustrent, au même moment, Du Haillan et Papyre Masson, se propose de donner à notre langue maternelle une antiquité ignorée des historiens italiens. Fauchet se pose des questions très modernes : sous quelles influences une langue évolue-t-elle? quels rôles jouent les conquêtes militaires et le niveau culturel du vainqueur dans le développement de cette langue? Dans sa quête du passé, il se comporte en explorateur conscient : « Il suffira... d’avoir monstré la route à d'autres, qui cingleront plus librement par ce golfe jadis incogneu... » A cette fin, il relit les Serments de Strasbourg, préfère réunir « un lexicon des viels mots... [plutôt] que s’amuser à je ne sçay quelle gram