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Les Fleurs bleues de Raymond Queneau : Une traversée de l’Histoire de France

Publié le 11/01/2020

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Malgré ce détachement et cette désinvolture, le duc ne semble pas étranger au contexte historique qui est le sien : il défend fréquemment des avis tranchés, restant partisan de l’ordre auquel il appartient, la noblesse, contre le roi ou contre le peuple lorsqu’ils se font menaçants. Il est curieux des progrès de son temps — quel qu’il soit — et accumule les visites, de Notre-Dame au tout imaginaire « Palais de l’Alchimie ».

Pourtant, cette impressionnante traversée de l’Histoire de France ne doit pas nous tromper : Joachim d’Auge est l’homme de la quête des origines, fasciné par l’enfance de l’humanité.

VERS LE COMMENCEMENT

Le duc est celui qui, de chapitre en chapitre, avance vers le futur, à la différence de Cidrolin, immobile dans son époque. Ce sont les temps préhistoriques qui l’obsèdent. À partir de la fin du chapitre 13, il part à la recherche des premières formes, fascinantes, de l’art et de l’expression : ces peintures rupestres réalisées plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ.

Or, les motivations du duc ne relèvent pas des sciences — même si la controverse avec l’abbé Riphinte n’est pas à négliger. Il ne s’agira pas d’étudier ou d’expliquer les peintures rupestres. Raymond Queneau choisit de ne faire aucune allusion aux hypothèses des préhistoriens, à propos des premières traces des religions archaïques (comme le fera l'abbé Riphinte au dernier chapitre), de la magie ou plus simplement de la façon de vivre de nos lointains ancêtres.

La découverte des grottes aboutit à une constatation toute simple, ou plutôt à un sentiment, l’émerveillement. Déjà l’essayiste anglais Chesterton (1874-1936) avait écrit qu’il est préférable de ne pas chercher à interpréter de façon érudite ou pédante les fresques préhistoriques, puisqu’aucun élément ne permettra jamais de confirmer une quelconque hypothèse. Selon lui, la seule chose à faire, ou plutôt à ressentir devant ces œuvres, c’est l’émerveillement, dû à cette constatation toute simple : ces hommes prenaient plaisir

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« LE DUC D'AUGE À TRAVERS LE TEMPS Joachim d'Auge traverse !'Histoire de France dans son ordre chronologique, en faisant des bonds de 175 années dans le futur : 1264, 1439, 1614, 1789.

Les anachronismes, les effets d'avancée ou de retour ne sont pas rares, et il est simple de relever les incohérences temporelles qui brouillent la progression chronologique.

Sans même parler des rêves d'Auge qui le projettent dans les années 1960, on voit Russule Péquet chanter en 1439 La Carmagnole des révolutionnaires, ou monseigneur Biroton et l'abbé Riphinte arriver en 1964 du concile de Trente qui s'acheva en 1563.

Il est certainement plus intéressant de s'interroger sur le choix des dates que fit Raymond Queneau.

Il s'agit dans tous les cas de périodes troublées : le roman s'ouvre sur la fin des grandes invasions ; il se poursuit avec les préparatifs de la Huitième Croisade qui s'acheva de façon désastreuse par la mort de saint Louis devant Tunis en 1270.

1439 : la guerre de Cent Ans, qui ne se terminera qu'en 1453, a affaibli la France malgré les efforts de Jeanne d'Arc, suppliciée quelques années plus tôt, en 1431.

Enfin, 1614 et 1789 sont des périodes de mécontentements et de révoltes : les États généraux convoqués par Concini et Marie de Médicis seront renvoyés dès l'année suivante et leurs projets de réformes oubliés.

Ces États généraux de 1614 seront les derniers avant ceux de 1789, qui sont à l'origine de la Révolution française.

Toutes ces dates correspondent à des périodes critiques porteuses d'enjeux essentiels.

Mais, étrangement, le duc d'Auge s'en inquiète de moins en moins.

S'il rencontre Louis IX, c'est pour refuser de s'investir dans son projet de " croisement ,, (p.

24), après avoir pourtant participé à la Septième Croisade.

Plus tard, il semble avoir combattu aux côtés de Jeanne d'Arc et de Gilles de Rais (p.

75), mais nous n'avons nul récit de ses combats.

Il assiste sans doute aux États généraux de 1614, mais boude ceux de 1789, étant alors plus intéressé par la recherche des peintures préadamites.

Pour finir, il émigre en Espagne, voulant continuer de s'intéresser aux grottes, avant de tenter de rejoindre le " campigne ,, parisien.

PROBLËMATIOUES ESSENTIELLES 89. »

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