FLEURY Claude : sa vie et son oeuvre

FLEURY Claude ( 1640-1723). D’abord avocat au parlement, puis prêtre (en 1669), Claude Fleury eut une vie fort paisible et fort discrète, que rehaussèrent seulement ses charges de précepteur auprès des princes de Conti (1672-1680) et du comte de Vermandois (1680-1683), le fils naturel de Louis XIV, de sous-précepteur auprès des Enfants de France (les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berry), enfin de confesseur du roi (1716). Rien d’étonnant qu’il fût, en 1696, élu à l’Académie française.

Mais cet écrivain méconnu fut à la fois l’un de nos derniers humanistes et l’un des théoriciens les plus importants du classicisme. De l’humaniste, il a la culture universelle, l’amour de l'Antiquité, particulièrement d’Homère (Lettre sur Homère, 1696) et de Platon, l’aptitude surtout à un travail énorme qui embrasse toutes les disciplines. C’est ainsi que ce pédagogue compose un Traité des études (1686), se fait jurisconsulte pour composer l'Institution du droit français, V Institution du droit ecclésiastique (1677), l’Histoire du droit français (1674), historien dans l’Histoire de la poésie antique, les Mœurs des israélites (1681), les Mœurs des chrétiens (1682) et surtout Y Histoire ecclésiastique (20 volumes de 1691 à 1720), sa plus grande œuvre, théoricien de la littérature et philosophe dans les Dialogues sur T éloquence judiciaire (publiés en 1925).

Ce génie universel se fonde sur une doctrine fort cohérente, une sorte d’idéalisme teinté de cartésianisme, qui est la philosophie même du classicisme : au goût et à la société modernes, entachés de corruption et de mollesse, s’oppose la vénérable simplicité des premiers âges, telle qu’elle transparaît aussi bien dans l'Iliade