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FURETIÈRE Antoine : sa vie et son oeuvre

Publié le 13/12/2018

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FURETIÈRE Antoine (1619-1688). Écrivain secondaire, sauve pour la postérité par un roman discuté et par un scandale, ce bourgeois critique de sa classe est surtout un témoin et un précurseur. Témoin malgré lui d’une crise sociale et idéologique; précurseur d’un courant qui conduira à 1789.

 

Né dans une famille modeste, honorable et très parisienne, il fait des études sérieuses, puis son droit (1641-1645). Il écrit dès lors des poèmes, notamment des Satires où il vilipende le monde du « collège », du « latin » et des « pédants », dont il s’échappe à peine. Reçu avocat, il devient « procureur fiscal » (procureur de la justice conventuelle) à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, achetant la charge, selon des ragots vraisemblables, par un subterfuge indélicat qui lui procure rapidement sa part d’héritage. Les conflits et procès où il se débat, dans une atmosphère de délation et de rapine, seront plus tard grossis et utilisés par ses ennemis. Il se fait alors connaître comme écrivain burlesque (l'Enéide travestie, 1649) et comme satirique. Depuis quelques années, il fréquentait Maucroix et La Fontaine, Conrart, puis le cercle de Mainard (mort en 1646), nouant les amitiés littéraires qui orienteront son action. Vers 1655, devenu prieur, c’est-à-dire bénéficiaire de revenus qui lui assurent avec une charge l’indépendance financière, il se lie à Gilles Boileau, frère aîné de Nicolas et critique redouté. Après la publication de ses Poèmes (1655) et surtout de sa Nouvelle allégorique (1658), un puissant protecteur (Henry de Bourbon) et l’Académie, habilement flattée, lui sont acquis. De fait, après son ami Gilles Boileau, il est élu, ou plutôt « nommé » académicien (1662).

 

Critique et satirique estimé, il influence probablement alors le jeune frère de Gilles, Nicolas Despréaux. Fure-tière poursuit son ascension sociale : il échange ses deux prieurés contre une petite abbaye. Mais cet académicien-abbé encore jeune (quarante-trois ans en 1662) continue à jouer les marginaux. Avec Chapelle. Racine et Boileau, avec Maucroix et La Fontaine, il fréquente le fameux traiteur de la Croix blanche, participe à la parodie du Cid qui ridiculise Chapelain, dispensateur détesté des faveurs du pouvoir aux écrivains.

 

Plus sérieusement, il écrit le Roman bourgeois (paru en 1666 : c’est un échec) et commence peut-être à s’intéresser au dictionnaire de l’Académie. Puis il dédie de médiocres Fables à Harlay, archevêque de Paris (1671). Il se fait bien noter à l’Académie et auprès de Colbert. Le voilà donc protégé et tranquille; comme Despréaux, il semble avoir fait oublier ses incartades de jeunesse.

 

Mais, en 1684, le scandale éclate. L’abbé Furetière, irrité de la lenteur des travaux lexicographiques de ses collègues, persuadé de leur relative médiocrité, rédigeait, en partie avec le matériel collectif, un dictionnaire « des arts et des techniques », pour lequel il extorque un privilège. Dès qu’un Extrait de son ouvrage paraît, la compagnie s’affole, réagit en l'accusant de plagiat. Malgré ses appuis, ses contre-attaques et mille démarches, Furetière est exclu (début 1685), calomnié, interdit de publication. Ses Factums, des libelles pour et surtout contre lui nous permettent de faire l’historique de l’affaire; son Dictionnaire nous conduit à porter un jugement sévère pour l’Académie. Le « Furetière », publié en Hollande par Bayle deux ans après la mort de son auteur, n’est nullement un plagiat; il surpasse sur plusieurs plans son modèle.

L'œuvre poétique

 

On en retient en général les Satires, plus proches de Régnier que de Boileau. Vive critique sociale, prestes croquis dans une langue pittoresque et pré-classique (le procureur au Palais : « De corps, de bras, de teste, il

 

plaide, il gesticule, il s’échauffe, il s’agite et bave en grimassant [...] Tantost comme un canard on diroit qu'il se plonge... »). Malgré des chevilles et des lourdeurs, les réussites sont nombreuses (le truculent Jeu de boules des procureurs ), mais ne pouvaient qu’être ressenties comme archaïques après 1680.

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index, bibliographies); Wey,. »

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