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De la genèse de L'Étranger à sa publication

Publié le 13/01/2020

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mit fin aux exécutions capitales sur la voie publique. Mais Camus était déjà sensible à la question de la peine de mort. Certains fragments inutilisés laissent imaginer quels développements il aurait pu donner à l’exécution au seuil de laquelle s'interrompt L'Étranger. Ce grave débat moral, il a préféré le suggérer. En y insistant, il aurait écrit un « roman à thèse », genre où l'auteur accorde plus d'importance aux idées qu'il défend qu'à la forme esthétique qu'il leur donne. Surtout, au lieu d'avoir pour sujet l'absence au monde et la révolte d'un individu, L'Étranger eût glissé vers un problème de société. L'opinion de Camus sur la peine de mort (dont il est évidemment un adversaire), on la lit dans ses Réflexions sur la guillotine (1957).

La Peste reflète l'occupation allemande de manière symbolique, mais transparente. Rien ne signale L'Étranger comme un roman d'actualité. Dans La Peste, il est vrai. Camus présentera des héros engagés dans l'action : Meursault, lui, est détaché du monde. Quant à la comédie dont il sera la victime, elle est de toutes les époques. Sans doute faut-il tenir compte que se déroulant dans l'Algérie française, L'Étranger reflète les réalités de la colonisation (voir plus loin, p. 67). Mais ces réalités existaient déjà au xixe siècle ; elles n'évolueront guère jusqu'à ta guerre d'Algérie, en 1954.

« met en évidence le« jeu », thème présent dans Caligula qui occupe alors Camus.

« Pour le roman du joueur », note-t-il en juillet 1937.

Ainsi, après avoir hésité à figurer ce person­ nage dans un roman ou dans une pièce, il choisit la seconde solution.

Mais loin d'être le monstre ridicule dont nous par­ lent les historiens, Caligula est« un esprit hanté d'absolu 1 » qui cherche par le jeu à rejoindre son idéal.

La comédie à laquelle il se livre dans son exercice du pouvoir signifie que dans ce monde, aucune valeur ne mérite d'être prise au sérieux.

Meursault, à l'inverse, refusera toute forme de comé­ die jusqu'à être victime de celle que joue la société.

Mais lui aussi sera en quête d'absolu.

Les deux héros s'écartent donc l'un et l'autre d'un comportement normal pour pousser leur exigence aussi loin que possible.

«Caligula est bien la chute d'un ange, qui s'est brûlé les ailes au soleil de la vie 2• » Meursault, lui aussi, mourra de s'être trop approché du soleil.

AU FIL DES « CARNETS » Si le mot" étranger » apparait dès 1937 dans les Carnets, Camus songe alors à un autre titre : « La Mort heureuse », roman qu'il ne terminera jamais.

Le nom de son héros était MERSAULT : « Mer-Sol, Mer et Soleil », précisera plus tard Camus, nous invitant peut-être à lire « Meursault ,.

comme « Meurt-Soleil ».

« Projet de plan.

Combiner jeu et vie ,., note­ t-il en août 1937 3.

Suit le plan de La Mort heureuse, qui ne sera publié sous sa forme embryonnaire qu'en 1971.

A cetfe époque, Camus cherche sa voie.

On le devine à lire ces notes qui sont à la croisée du roman, de l'essai et du témoignage journalistique.

Le premier schéma de l'intrigue de L 'Étranger date de décembre 1937 :. »

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