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Humour, ironie et comique dans les Fables

Publié le 12/09/2019

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En fait, loin de nier l'assimilation de l'homme à un animal dangereux, la remarque de La Fontaine la renforce et la souligne. La négation a valeur d'affirmation.

 

La morale du Rat qui s'est retiré du monde (VIl, 3) doit de même se comprendre à l'envers. Ce Rat ermite est si peu compatissant aux malheurs d'autrui qu'il ne peut être moine, car, précise malicieusement La Fontaine, \" Je suppose qu'un Moine est toujours charitable. , Mais la fable vient. de démontrer le contraire.

 

Le pastiche et l'ironie littéraire

 

Le pastiche est un exercice de style qui consiste à imiter la manière d'écrire d'un auteur ou les caractéristiques esthétiques1, d'un genre littéraire. La Fontaine y recourt fréquemment. L'effet produit est ironique dans la mesure où s'opère un décalage entre le fond et la forme.

 

Voici, par exemple, un pastiche de l'épopée, qui chante ordinairement des exploits grandioses et des héros célèbres. Un Renard saccage un poulailler. Au petit matin, le fermier découvre le désastre. Et le fabuliste de conter :

 

Tel, et d'un spectacle pareil,

 

Apollon irrité contre le fier Atride

 

Joncha son camp de morts : on vit presque détruit

 

I.:ost2 des Grecs, et ce fut l'ouvrage d'une nuit.

 

(Le F e rmier, le Chien et le Renard, XI, 3.)

 

Apollon était un dieu grec ; Atride désigne un membre de la famille grecque tragique par excellence3. La comparaison est évidemment ironique puisqu'il est question d'un renard et d'un poulailler ; il convient de ne pas la prendre au sérieux.

 

La fable du Berger et son troupeau (IX, 19) est, quant à elle, un pastiche de poésie élégiaque4 : le Berger pleure son Mouton dévoré par un Loup en des termes qui rappellent la plainte amoureuse :

« Prenons un exemple, emprunté aux fables elles-mêmes.

Dans Le Rat et I'Huftre (VIII, 9}, un rat part à la déco uverte du monde.

Comme il n'a vait jamais auparavant quitté son « champ "• il s'étonne du moindr e spectacle, qu'il interprète de travers.

Une taupin ière lui semble une montagne.

Sa naïveté est plaisante.

Le personnage du nà if est d'ailleur s trad itionnel dans la comédie.

Mais La Fontaine ajoute, pour expliquer la candeur de son Rat, qu'il n'était pas : [ ...

] de ces Rats qui les livres rongeants Se font savants jusques aux dents.

(Le Rat et l'H uître, VIII, 9.) De ces deux vers naît soudain l'humour, par un entrechoquement de sens.

Une personne qui lit beaucoup et qui vit dans les livres s'ap­ pelle en effet, dans le langage courant, un " rat de bibliothèque "· On voit dès lors comment La Fontaine joue avec les mots et leurs mul­ tiples significatio ns.

Les expressions " rongeants » et « jusque aux de nts " se rapportent aux caractéristiques de l'animal.

Mais les mots " livr es » et " savants » renvoient implicitement à l'idée de « rat de bibliothèque "• qui ne peut que s'appliquer à des humains.

Quant à la forme verbale " se faire [ ...

] jusques aux dents "• elle signifie " être (ou devenir ) complè tement ».

Ne dit-on pas encore aujourd'hui : « être armé jusqu'aux dents ••? L'humour ajoute au comique la subtilité et l'ingéniosité.

Il suscite moins le rire que le sourire du conn aisseur .

Les principaux procédés humoristiques Les jeux de mots C'est la forme la plus élémen taire de l'humour .

Ta ntôt elle consis te dans la répétition d'un même mot, mais pris dans un sens différent.

Ainsi dans La Mouche et la Fourmi (IV, 3), le fabuliste joue sur les différentes significations du mot " mouche ., : un petit morceau de tissu que les femmes de l'époque se collaient sur le visage, l'insecte, les parasites, les espions.

Autre exemple : Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci.

(Le Héron.

La Fille, VII, 4.). »

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