incipit le ravissement de lol

? L?incipit de Lol V Stein Marguerite Duras est une écrivaine, dramaturge et cinéaste française, née en 1914 en Indochine. En 1918 elle perd son père et sera donc élevée par sa mère. Souvent contestée, elle se fait connaitre du grand public en 1950 avec son roman Un barrage contre le pacifique que suivra une ?uvre prolifique et fortement inspirée par sa vie intense. Ce n?est cependant qu?avec L?Amant en 1984 qui sera prix Goncourt, qu?elle sera véritablement reconnue par la critique. Son écriture se distingue par sa modernité et sa rupture avec les conventions. Avec le ravissement de Lol V Stein, Marguerite Duras pensait livrer une ?uvre impubliable. Pourtant le roman parait en 1964 et inaugure une nouvelle étape de la création de Marguerite Duras. Il est considéré comme « un roman charnière », c?est un livre essentiel en même temps que le plus controversé. Il connait le succès en librairie mais les critiques de l?époque font part de leur malaise face à cette ?uvre hermétique et son écriture hallucinatoire, répétitive qui fait voler en éclat les schémas narratifs et syntaxiques classiques. Ce récit va en engendrer d?autres, textes et film mêlés, tous se déployant à partir du Ravissement pour constituer ce que la critique appellera « le cycle indien » ou « le cycle de Lol V. Stein ». Un seuil est irrémédiablement franchi que Duras décrira comme « un seuil d?opacité » : « Je suis tombée dans l?opacité plus grande après. » (Les lieux de Marguerite Duras, 1977, p.101) Le personnage de Lol V. Stein a été inspiré à Duras par une jeune fille qu?elle a rencontrée, dans un hôpital psychiatrique de la banlieue parisienne, un soir de Noël, où elle était venue porter des cadeaux, dans le cadre d?une association caritative. Elle reviendra la voir, l?écoutera parler. Le modèle serait donc un cas psychiatrique. Le thème de la folie chez Duras est très important, la folie qui pourrait être celle de sa mère. Elle lui donnera le nom d?une comédienne qu?elle aime particulièrement Loleh Bellon qui deviendra Lola puis Lol qu?elle imagine dans le rôle car en effet au départ le Ravissement est une commande de Peter Brook qui laisse toute liberté à Marguerite Duras. Marguerite Duras est classée dans la catégorie des nouveaux romanciers contre sa volonté. En effet elle gardera toujours une distance prudente entre elle et les écrivains du Nouveau roman étant hostile au principe même d?école. Mais son ?uvre comporte de nombreuses convergences avec le Nouveau Roman. Le Nouveau Roman désigne les ?uvres d?un groupe d?écrivain français publiés dans les années cinquante aux éditions de Minuit, entre autres Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Nathalie Sarraute et Claude Simon qui avaient en commun de remettre en cause les principales caractéristiques du roman traditionnel, notamment ils rejettent l?intrigue et la primauté de l?histoire. Le nom de l?éditeur est une des raisons de ce rapprochement de Marguerite Duras à ces romanciers. Une autre raison tient au fait Duras remet aussi l?intrigue en question : « Je ne vois pas ce que vous pourriez raconter sur elle?C?est vrai que maintenant on ne raconte plus rien dans les romans. » (Détruire, dit-elle, p.19). Les nouveaux romanciers refusent également la notion de personnage au sens où l?entendait le roman réaliste et Duras prendra aussi ses distances avec la notion de personnage. Ce qui se vérifie avec l?exemple du Ravissement de Lol V. Stein. Enfin on peut déceler un autre point de convergence entre la démarche romanesque de Duras et celle des Nouveaux Romanciers : le lecteur dans leurs ?uvres est investi d?une nouvelle fonction : il est délogé de sa position de passivité. La méfiance du lecteur est le point de départ d?un véritable travail : il lui appartient de faire sa propre lecture du « cas Lol ». L?auteur elle-même nous y invite explicitement dans cette déclaration, même s?il faut faire la part de la provocation : « Elle est à vous, Lol V. Stein, c?est ce que vous en faites? » (Les lieux de Marguerite Duras, 1977, P.101). L?inventivité du lecteur est également sollicitée par l?absence de fin véritable du réc...