JEAN DE GARANCIÈRES ou de GARENCIÈRES : sa vie et son oeuvre

JEAN DE GARANCIÈRES ou de GARENCIÈRES (...-1415). Chevalier à la cour de Charles VI, tué à Azin-court, il représente parfaitement cette aristocratie dont l’existence même, entre les jeux de l’amour, de la poésie et de la guerre, se veut littérature. Brodant sur le registre courtois, il essaie d’y apporter une marque personnelle, choisissant le rôle de l'amant loyal et martyr. Outre ses ballades et rondeaux, tous placés sous la devise « Vous m'avez », il a composé des pièces plus longues, comme V Enseigne du dieu d’Amours, où le poète dialogue avec le dieu, lui confiant sa déception : mais il accepte sa défaite, car un nouveau sentiment l’accapare; le jeu de l’espoir recommence : sa loyauté inspirera la pitié à la dame. Les Complaintes développent longuement le mal d’aimer, si délectable : « Je ne voy homme de mes yeulx/Tant comme moy desconforté ». Soumission masochiste : « Belle, vous oiez le martire/Que tous les jours me fault souffrir »; tonalité mineure appropriée à ce « cuer vestu de noir » qu’il laisse à l’aimée quand il part, et qu’il charge de bien continuer le « service »; s’agit-il seulement d'un jeu? Le Lai de prison, sur sa captivité à Bordeaux, nous le montre souffrant plus d’orgueil et d’amour que de la détention dans la