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Le lyrisme des fables de La Fontaine

Publié le 12/09/2019

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fontaine

La fable Les Deux Pigeons semble l'émouvoir le premier. Le voici qui se souvient de sa jeunesse : \" J'ai quelquefois aimé ! » Comme si la description du bonheur retrouvé de ses personnages le faisait songer aux femmes qu'il avait naguère aimées.

 

Les accents élégiaques sont parfois simplement suggérés tant ils sont discrets. Le Pigeon revient-il au logis après un périple mouvementé ?

 

Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger

 

De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.

 

(LesDeux Pigeons, IX, 2.)

 

\" Leurs peines » : le pluriel prend une résonance élégiaque. Un seul Pigeon a en effet connu les périls du voyage. Pourtant La Fontaine évoque par un seul et même terme l'angoisse du Pigeon qui attendait au logis le retour de l'aventurier et les tribulations de ce dernier. La discrétion de l'expression accroît la profondeur du sentiment. Outre une maîtrise parfaite de l'écriture, il faut de la délicatesse et une certaine expérience de la souffrance amoureuse pour parvenir à cet art de la suggestion.

 

L'ÉLOGE DE L'AMITIÉ ET DE LA SOLITUDE

 

La Fontaine se révèle en revanche plus direct pour célébrer des valeurs qui sont pour lui moins contradictoires que complémentaires : l'amitié et la solitude.

 

Le culte de l'amitié

 

Infidèle en amour, le fabuliste ne l'ajamais été en amitié, dont il se fait la plus haute des conceptions. Plusieurs fables du second recueil en forment un hymne. Campant un solitaire vivant dans de magnifiques jardins, le poète ne peut s'empêcher d'exprimer un souhait :

 

[ ...] mais je voudrais parmi 

 

Quelque doux et discret ami.

 

(L'Ours et l'Amateur desjardins, VIII, 10.)

fontaine

« rêverie La Fontaine est un rêveur é� eillé, laissant volontiers son esprit vagabonder .

Objectera-t-on que ce n'est pas très raisonnable ? Qu'im porte ! Le monde du rêve possède tant d'agréments ! Contrairement à ce qu'une lecture hâtive de _La Laitière et le Pot au lait (Vil, 9) pourrait conclure, le fabuliste ne condamne pas la mal­ heur euse Perrette d'avoir bâti des« châ teaux en Espagne 1 "· Certes, ses chim ères se brisent avec le Pot au lait, et le retour à la réalité n'en est que plus rude.

Mais : Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux : Une f atteuse erreur emporte alors nos âmes : To ut le bien du monde est à nous, To us les honneurs, toutes les femmes.

(La Laiti ère et le Pot au lait, VII, 9.) Quel éloge de la rêverie ! L'un ivers s'organise selon nos désirs.

Plus d'obstacles.

On peut devenir soi-même, complet et épanoui.

Même fictive, cette plénitude vaut bien qu'on laisse courir son ima­ g fnation.

L'éme rveillement Promeneur solitaire « aux bords d'une onde pure " (Épilogue du Livre Xl), La Fontaine possède le don de s'émerveii ler devant le spec­ tacle de la nature.

À travers sa description de l'« amateur des jar­ dins » perce sa passion des fleurs et des arbres : Il aimait les jardins, était Prêtre de Flore 2 Il l'était de Pomone3 encore : Ces delli emplois sont beaux [ ...

] (L'Our s'et l'Amateur desjardins, VIII, 10.) Fascination et rêve rie s'allient dans la contemp lation du cièl et nour rissent en lui mystère et interrogations : 1.

Bâtir des châteaux en Espagne : " faire de grands et beaux rê�es •, qui ne se réaliseront jamais.

2.

Flore : divinité des Fleurs, dans la mythologie.

· 3.

Po mone· ; divinité des Arbres et des Fruits .. »

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