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MAIRET Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 26/11/2018

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MAIRET Jean (1604-1686). Jean Mairet eut une carrière de dramaturge aussi brillante que brève. En l’espace d’une dizaine d’années (1625-1635), il s’essaya à tous les genres. Il donna un des chefs-d’œuvre de la pastorale avec la Sylvie (publ. en 1628) et, avec la Silvanire (publ. en 1631) et sa préface, annonça l’apparition des règles de la dramaturgie classique en France. Les Galanteries du duc d’Ossone (publ. en 1636) furent l’une des comédies les plus curieuses et les plus osées d’une époque pourtant encore peu préoccupée par les lois de la bienséance. Avec la Sophonisbe (publ. en 1635), Mairet ouvrit le chemin à un genre tragique fort et direct, libéré des abstractions et des excès rhétoriques. Il lui restait plus d’un demi-siècle à vivre, qu’il n’occupa guère à écrire, en tout cas jamais avec autant de bonheur.

 

Un auteur précoce

 

Jean Mairet est né à Besançon d’une mère bourgeoise, originaire de Troyes, et d’un père issu d’une famille de catholiques allemands émigrés au temps de la Réforme. Il fut orphelin très jeune, ce qui ne l’empêcha pas de recevoir, dans sa ville natale puis à Paris, une bonne éducation.

 

Mairet a la réputation d’avoir été un écrivain précoce, et, à la suite d’une confusion de dates, on a fait parfois de lui le portrait peu vraisemblable d’un dramaturge débutant à seize ans. Ce qui est sûr, c’est qu’il eut la chance de gagner très tôt la faveur du duc de Montmorency, chez qui il rencontra des écrivains importants (il devint l’ami de Théophile de Viau). On pense que c’est par l’intermédiaire de la duchesse de Montmorency, d’origine italienne et souvent en contact avec les milieux littéraires italiens, qu’il s’intéressa aux règles de l’écriture dramatique, déjà bien connues chez nos voisins. En 1625, le duc de Montmorency le prend comme secrétaire et lui attribue une pension importante; il peut en toute liberté écrire pour le théâtre, jusqu’en 1632, date de l’exécution de son protecteur, accusé de rébellion. Il trouve un autre mécène, le comte de Belin, qui protège déjà plusieurs auteurs (dont Jean Rotrou), et il travaille alors pour le théâtre du Marais, relativement ouvert aux innovations dramatiques.

 

En 1634, peu d’écrivains peuvent rivaliser avec Mairet. Quelques années plus tard, il cesse pourtant d’écrire. Sidonie, jouée en 1640, publiée en 1643, est sa dernière pièce. Est-ce parce que le comte de Belin est mort depuis 1637? Est-ce parce que Mairet supporte mal la nouvelle gloire de Corneille, auquel il s’est violemment opposé au moment de la querelle du Cid, au point que Boisrobert vint lui ordonner de se taire, au nom de Richelieu?

 

Pendant le reste de sa vie, Mairet ne semble plus s’intéresser au théâtre. La protection du roi d’Espagne lui vaut d’être nommé résident (c’est-à-dire représentant diplomatique) de la Franche-Comté auprès de la cour de France. De 1647 à 1651, il dirige les négociations de neutralité — rendues nécessaires par le traité de West-phalie — entre la France et la Franche-Comté. En 1653, Mazarin le fait expulser de France, mais il peut revenir à Paris à l’occasion de la paix des Pyrénées. Il meurt à Besançon en 1686, sans que rien de notable soit à signaler dans les trente dernières années de sa vie.

Il n’y a pas de continuité dans l’œuvre de Mairet, ni de réelle persistance de thèmes dominants. Sur les douze œuvres dramatiques qu’il a écrites, on dénombre six tragi-comédies, trois tragédies, deux pastorales et une comédie. Un tel éclectisme correspond partiellement au goût du temps. Mais il révèle aussi un véritable souci d’expérimentation chez un dramaturge qui passe alternativement d’œuvres à l’inspiration libre ou baroquisante à des œuvres répondant au goût classique en voie de constitution. Comme beaucoup de jeunes auteurs, Mairet s’essaye aux genres à la mode, mais il est un des rares à connaître une réussite aussi immédiate.

 

On chercherait vainement une logique dans la chronologie de l’œuvre. Ses dernières pièces marquent un retour à la tragi-comédie, peut-être à cause du demi-échec des tragédies qui suivirent la Sophonisbe (Marc-Antoine ou la Cléopâtre, écrite en 1635, publiée en 1637; le Grand et Dernier Solyman ou la Mort de Mustapha, écrite en 1637-1638, publiée en 1639). Peut-être s’agit-il aussi d’une réaction à la gloire montante de Corneille, qui impose avec autorité sa conception de la tragédie. En tout cas, Mairet n’avait jamais vraiment renoncé à son goût pour les péripéties et les retournements de situation, qui abondent dans ses premières œuvres. Ainsi, malgré le succès de la Sophonisbe, il préfère Virginie, la tragi-comédie qui précède, puisqu’il écrit dans l'Avis au lecteur de l’édition de 1635 : « Sophonisbe a des passions plus étendues, mais Virginie la surpasse de beaucoup en la diversité de sa peinture et de ses incidents ».

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