Malheur dans le tragique
Publié le 17/02/2016
Extrait du document
«
VETILLART LAURE Monstre et monstrueux Pour le 18/11/14
21301157 Dissertation comparée
avec elle.
Plus loin dans la pièce, plus précisément dans l’acte IV à la scène 6, des vers 1307 à 1326, nous
pouvons tracer une continuité du malheur dans ses répliques tragiques.
Nous retrouvons le champ lexical de la
fuite, de la mort et de la monstruosité : « je fuyais », « j’évitais », « Il en mourra », « monstre exécrable », « sort
déplorable », « va », « lâches », « faiblesses », « crime », « détestables flatteurs » et « colère céleste ».
Nous
pouvons en déduire que le malheur la suit depuis un temps infini et sera toujours là, il s’acharne sur elle.
Pour
faire une analyse plus profonde de la monstruosité nous voyons que « monstre exécrable » et « sort
déplorable » sont des rimes plates étroitement liées.
Elle essaye de s’imprimer cette idée dans ses pensées,
comme le fait Victor Frankenstein quand il se parle à lui-même « j’avais créé un monstre mais cela fait aussi de
moi un monstre et ce sort me suivra tant que je serai en vie », « Hélas ! J’étais condamné à vivre.
», dans les
œuvres nous retrouvons le mot « Hélas ! » qui suscite la pitié mais exprime aussi le désespoir des personnages.
Nous voyons donc une dégradation constante des protagonistes.
Pour expliquer la continuité du malheur mais aussi de la monstruosité nous allons prendre tout au long
de l’analyse l’exemple du cycle interminable.
Dans Phèdre l’avertissement des Dieux est important aux yeux de
chaque personnage et nous allons nous intéresser plus particulièrement à la descente aux enfers de Thésée.
Dans Frankenstein nous allons observer une boucle constante autour des personnages qui correspond à la
descente dans les ténèbres.
L’enfer et les ténèbres sont tous deux des côtés sombres de l’existence et de
l’au-delà.
Ces deux lieux sont hantés de créatures monstrueuses.
C’est donc par cela que nous pouvons dire que
la monstruosité peut être comme le malheur : une continuité.
Dans Phèdre la descente dans les ténèbres de
Thésée est explicite alors que la descente du docteur est beaucoup plus implicite et en suspens.
Thésée raconte
ouvertement sa mauvaise expérience dans l’acte III scène 5 des vers 953 à 987 et introduit un vocabulaire
reposant sur l’épouvantable, le sanglant, l’atroce et l’inhumain.
Nous relevons : « horreur », « prison »,
« flamme », « tyran », « monstre », « cruel », « sang », « sombre », « Dieux », « terreur », « crime »,
« coupable ».
Thésée était emprisonné au sens propre du terme mais dans Frankenstein nous retrouvons la
même situation.
Victor Frankenstein est emprisonné, à un certain moment pour un crime qu’il n’a pas commis,
mais il est surtout pris au piège à partir du moment où il donne vie à sa créature.
Jusqu’à la fin de sa vie il sera
poursuivi par la mort.
Les derniers mots de l’œuvre de Mary W.
Shelley sont « Il fut bientôt emporté par les
vagues et se perdit au loin, dans les ténèbres.
».
Ce lecteur ne sait pas ce qu’il se passe après, l’auteure laisse
libre cours à son imagination.
Mais nous pouvons penser que même dans les ténèbres, Frankenstein est plus au
calme que quand il était en vie car il était enfermé dans un monde d’enfer, de malheur et de monstruosité.
Nous pouvons parler de cycle ténébreux surtout dans l’œuvre Frankenstein car elle se termine avec le mot
« ténèbres » mais nous retrouvons dans l’épigraphe le même mot : « T’avais-je requis dans mon argile, Ô
Créateur, / De me mouler en homme ? T’ai-je sollicité / De me tirer des ténèbres ? - » qui est un extrait de Le
Paradis Perdu.
Ces paroles proviennent de la bouche de la créature et sont adressées à son créateur.
La créature
y est sortie pour que finalement le créateur y plonge progressivement.
C’est un cycle sans fin.
Dans Phèdre ,
nous retrouvons ce mouvement cyclique quand Thésée sort des enfers, Phèdre s’engouffre dedans.
Mais la
différence principale entre les deux œuvres réside dans le fait que dans Phèdre , contrairement à Frankenstein ,
nous remarquons le tragique évident et l’avertissement des Dieux.
Par exemple dans l’acte III, à la scène 2,
Phèdre implore Vénus de s’obstiner sur Hippolyte : vers 819-82 « Hippolyte te fuit, et bravant ton courroux, /
Jamais à tes autels n’a fléchi les genoux / […] Déesse, venge-toi : nos cause sont pareilles.
» Phèdre implore la
pitié de la déesse de l’amour et de la beauté en essayant de se venger d’Hippolyte par l’intermédiaire de Vénus.
Les Dieux ont une place importante, qui rappelle la mythologie mais aussi les originelles tragédies grecques.
Dans Frankenstein , tout repose sur la science, la logique et le réel.
Maintenant nous verrons que dans Frankenstein il y a une part d’illusion et un certain avertissement.
Et dans Phèdre , plus que des avertissements célestes, nous retrouvons des conseils de certains personnages
vis-à-vis de Phèdre.
Oenone est la confidente de Phèdre mais est surtout une source permanente de conseils et
d’avertissements envers sa maîtresse.
Dans la scène 6 de l’acte IV Oenone, dans sa réplique du vers 1297 «
Vous aimez.
On ne peut vaincre sa destinée.
» avertie explicitement Phèdre des mauvais présages qui la guette.
Ici nous observons la notion de fatalité.
Dans Frankenstein un avertissement est apparent mais du point de vue
du lecteur.
Dès la préface, l’auteure nous explique comment elle a créé son œuvre : « je vis un pâle un étudiant
[…] agenouillé auprès de la chose qu’il avait assemblé.
[…]Il dort ; mais il est éveillé ; il ouvre les yeux ; voilà que
2.
»
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