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QUELS SONT LES TROIS PLURIELS DE « CHEVAL » DANS LES FLEURS BLEUES » ?

Publié le 11/01/2020

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Cependant, l'écriture ludique vient relayer, comme toujours chez Queneau, les prises de position militantes. Ainsi les deux pluriels « chevaux » et « chevaus » sont souvent employés concurremment dans Les Fleurs bleues, pour constituer une sorte de rime ludique, conformément à son esthétique du roman. Ainsi, aux pages 103, 229, 234, 238, 260, on trouve, rapprochées, les deux orthographes. La rime ludique est soulignée dans l’exemple de la page 229, où on lit : « Cidrolin aperçoit la tête des chevaus. Ils ont l'air de chevaux ».

« En effe t, « chevals » est la forme normale de « cheval » au pluriel au XIIIe siècle et ce n'est pas un hasard si Queneau, en fin connaisseur de l'évolution de la langue, l'emploie préc isément lors de la première période histor ique traversée par le duc d'Aug e, en 126 4 {p.

33).

La forme « chevaus » n'est pas davantage inventée par Queneau, puis­ qu'à part ir du x11 e siècle, le 1 s'est vocalisé en u {-ls- est devenu -us), selon l'évolution de la prono nci ation .

On peut voi r dans ces deux pluriels de l'ancienne lan gue une restitution orthographique confor­ me au roman historique que so nt en par tie Les Fleurs bleues.

De même, on trouv e d'aut res orthographes anc iennes, presque toutes attestées : « langaige », « beuvons », « m'ensauvis -je »,etc.

2.

Mais , si Queneau maint ient l'orthog rap he « cheva us » simu lta­ n~ment à « cheva ux » jusqu 'en 1964 {p.

260), on doi t voir dans cette ins istance son animosité pers istante envers les plurie ls en x.

Il pensait, dè:s ses écrits polé miqu es d'ava nt gue rre, que les complications ortho ­ gra phiqu es du fra nçais éc rit en font une lan gue sclérosée, presque morte, et il rêvait alor s d'une écriture phonét ique.

Les pluri els en x sont pour lui exemplaires de s incohérences de l'orthographe française .

En effet, x a d'abord noté la graphie -us.

Ainsi « chevaus » a été écr it « chevax ».

Pu is, contre toute log ique , on a réintrodui t la lettre u, et « chevax » est dev enu « chevaux», ce qu i aboutit à not er deux fois la même lettre.

De la même manière, le plurie l de certains noms en -ou -, qui constitue un morceau de brav our e de l'apprentissage de l'orthog raphe française, est épinglé par Queneau dan s Les Fleurs bleues.

Il lui préfère le plus souvent la pre mière orthograp he: on trouve ains i « cai llous » à la place de« ca illoux», « ge nous » (p.

34) à la place de « genoux », « chous » (p.

179) à la place de « cho ux ».

D'aut re part, avec le ling uiste Vendryes, un de ses maîtres à pense r, Queneau voyait dans les grap hies savan tes qui se sont imp osé es à partir du XVI e siècle des incongruités qu' il convenait de bannir.

Ainsi il écr it « sculpte ur » « scu lteu r », en suppri ma nt la graphi e sava nte, basée sur l'éty molog ie.

L'orthographe phonéti que de «douas» {p.

67), qui est absente des dictionnaires de l'ancienne langue, est une création de Queneau afin de se moquer de la gra phie sava nte , doigts , trè s étrange pour qu i ne conn aît pas l'étymo logie du mot, et que les « savantasses » du XVfe siècle, comme dirai t Vendryes, ont illég itime me nt imp osée.. »

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