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La religion dans Gargantua

Publié le 13/01/2020

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Il permet aussi de la lire avec des commentaires : Érasme1, par exemple, publie de petits traités de pédagogie religieuse. Le livre permet enfin de se démarquer des messes et cérémonies collectives organisées par l’Église en favorisant une méditation individuelle. L’imprimé devient, en d’autres termes, le véhicule des idées religieuses nouvelles issues des milieux lettrés : la Réforme2 protestante, initiée par le moine allemand Luther, et l'évangélisme.

Bien que les idées religieuses de Rabelais soient parfois proches de celles de Luther, on ne peut pas dire qu’il fut un réformé, au moins à cause de sa position à l’égard de l'épineuse question de la liberté du chrétien et, plus particulièrement, du libre arbitre, faculté qu’a l’homme de penser et d’agir librement. Le problème est le suivant : depuis le péché originel et la Chute, l'homme peut-il encore agir en vue du bien et de son propre salut ? Luther pense que non ; le libre arbitre a disparu avec ['apparition du péché, l'homme est désormais une créature corrompue. Or Grandgousier déclare, à propos de Picrochole, que \"Dieu eternel l'a laissé au gouvernail de son franc arbitre et propre sens, qui ne peult estre que meschant sy par grâce divine n’est continuellement guidé\" (chap. xxix, p. 236). En insistant ainsi sur la participation mutuelle de l'homme et de Dieu en vue du bien, Rabelais adopte une attitude plus optimiste que celle de Luther.

religion

« Or la première édition de Gargantua comporte des attaques directes contre les théologiens (chap.

xx, p.

170), ainsi que des critiques fermes et audacieuses à l'égard de la politique inté­ rieure royale (chap.

xv11, p.

158), coupable, aux yeux de Rabelais, de laxisme vis-à-vis des " Sorbonagres "· Auparavant, les mau­ vais professeurs de Gargantua sont qualifiés de " théologiens ,, (avant d'être prudemment appelés " sophistes "• experts en mensonges, dans les éditions ultérieures).

Certains estiment que ces attaques ne pouvaient être portées qu'avant l'affaire des Placards, et concluent à une rédaction du roman en 1533.

Pourtant la fin de Gargantua évoque les persécutions endurées par les défenseurs d'idées nouvelles (chap.

u11, p.

384).

En outre, l'étrange chapitre des " Fanfreluches antidotées ,.

(chap.

11, p.

58), ainsi que celui des conseillers de Picrochole (chap.

xxx111, p.

250) font allusion aux préparatifs d'une expédition militaire de Charles Quint en 1535.

Même si de nombreux indices (notamment le départ préci­ pité de Rabelais, qui quitte subitement Lyon à cette époque) laissent penser que le roman est sous presse en février 1535, le débat n'est pas encore tout à fait tranché.

Il montre en tout cas combien Gargantua est impliqué dans les bouleversements religieux de l'époque.

LA RÉFORME PROTESTANTE L'avènement du livre imprimé, au XV" siècle, constitue une révolution dans le domaine du savoir.

Dans Pantagrue/, le Prologue et le chapitre v111 (où Gargantua se félicite de la facilité avec laquelle les contemporains peuvent désormais s'instruire) s'en font l'écho.

Mais l'imprimerie favorise aussi un autre bou­ leversement, dont Gargantua est fortement imprégné : le renou­ veau des idées religieuses.

Le support imprimé permet en effet de lire la Bible dans sa tota­ lité au lieu d'en entendre seulement des bribes lors des sermons.

38 PROBLËMATIQUES ESSENTIELLES. »

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