Le Roman de Jehan de Paris

« les grands féodaux avec l'appui de la bourgeoisie naissante.

Peut-être le roman, écrit par un anonyme en 1498, fait-il allusion à la façon dont Charles VIII en 1491 sou flla Anne de Bretagne à Maximilien d'Autriche, à qui elle était mariée rar procuration, pour l'épouser lui-même.

Sous le nom de Jehan de Paris, fils dun riche marchand, le roi de France se rend en Espagne : il veut aller voir si le roi d'E spagne, qui a promis quinze ans plus tôt de faire épouser sa fille à l'héritier de France, est disposé à tenir sa promesse, et si l'Infante convient à son goiit; mais le roi d'Espa gne, oublieux de sa parole, a fiancé sa fille au roi d'Angleterre; or celui-ci se rend aussi en Espagne, pour épouser.

Les deux voyageurs font la route ensemble; Jehan étonne le roi d'Angleterre par sa richesse et le déconcerte par ses énigmes; l'entrée à Burgos du prodigieux cortège de Jehan soulève l'admi­ ration des rois et des princesses qui le regardent des fenêtres du palais; à chaque instant on s'attend à voir paraitre le chef de toute cette troupe : non, ce sont ses habits, sa vaisselle, ses pages, ses trompettes, son écuyer...

Quand il parait enfin, jeune, gracieux, richement habillé, l'Infante qui peut à peine se contenir lui tend son écharpe en signe de bienvenue; le pauvre roi d'Angleterre, vieil et cassé, fait triste mine, et encore plus pendant la collation offerte à Jehan de Paris par le roi d'Espagne.

On devine sans peine le dénouement.

Le thème est médiéval : deux jeunes gens ont été promis l'un à l'autre, le jeune homme voyage avec son rival, un Anglais qu'il ridiculise; on renvoie au poème anglo-normand de Horn, et au roman de Philip pe de Beaumanoir Jehan et Blonde.

Mais, comme le remarque A.

Pauphilet, le héros de Bea uman oir est un pauvre chevalier poursuivi par la rudesse du sort et la méchanceté des hommes, tandis que J ehan de Paris, jeune, beau, riche, spirituel, paré de tous les dons. »