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SALACROU (Armand)

Publié le 11/05/2019

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SALACROU (Armand), auteur dramatique français (Rouen 1899). Après des études au lycée du Havre (où il fait notamment la connaissance de Georges Limbour), il tâte avec impatience de la médecine, de la philosophie et du droit. Journaliste à l'Humanité, puis assistant de cinéma, il partage son activité de 1929 à 1938 entre le théâtre et la publicité, dont il devient rapidement un des rois. Il en démontera quelques mécanismes dans une comédie-ballet satirique, Poof (écrite de 1930 à 1933 et créée par Yves Robert en 1950). Amoureux de musique et de peinture, ses amis sont André Masson et Michel Leiris, Juan Gris et Roger Vitrac, Dubuffet, Robert Desnos et Raymond Queneau. Le surréalisme fascine son génie inquiet et

« touche-à-tout.

Mais sa rencontre avec Dullin donn e à sa vie aventureuse I"unité du cœur et fixe sa passion du théâtre.

Son œuvre dramatique est singulière.

br ouillo nne.

souvent mal comprise (les succès y balancent les échecs).

d'une forme parf ois hâtive (" théâtre marme­ lade ou de cock ta il ».

dira -t -o n d'Un homme comme les autres en 1936).

Jusque dans Histoire de rire (1939), un Gabriel Marcel décèle « cette cocasserie à arrière-plan métaphysique » qui serait la marque propre de ce « vaudevilliste mé ta p h ys ic ie n ».

Dès 1925, Salacrou a ss ign ait d'ailleurs au théâtre une fonc ­ tion qui détermine la stru cture et le ton ambigus de son œuvre : « J'aime le théâtre parce qu'il donne une grossière mais visible réalité aux créations de mon esprit.

» De 1925 à !931, mal accueill i par la critique et le public, Salacrou connaît de rudes années d'a pp rentiss ag e.

À l'image du .Jeune Homm e du Casseur d'assiettes (1923), il fait d'abord figure de provoca­ teur.

Une certaine couleur romantique et fantaisiste rend Tour à terre (créé par Lugné-Poe en décembre 1925), le Pont de l'Europe (nov em bre 1927.

à l'Odéon.

sous les auspices des « Jeunes Au­ teurs » ), Patchouli tian v.

1930, à l'A te­ lier, avec Dullin), Atlas-Hôte/ (1931) à la fois séduisants et décevants.

Le mélange d es tons.

la cocasse rie et le sérieux des personnages et des thèmes heurtent le pu blic .

C'est avec Une femme libre (cr éée à l'Œuvre en octobre 1934) que Salacrou connaît son premier grand succès.

Lucie Blondel a parié sur la liberté.

Partagée entre Jacq ues et Paul Miremont, des b ourg eois terriens.

normands naturelle­ m ent, Lucie refuse de se laisser absorber par cette famille abusive, où la tante Adrienne (Salacrou brosse avec géni e de ces portraits de vieilles dames sarcasti· q ue s et cyniques) inc arn e la détresse d'un monde bourgeois replié sur soi.

L'Inconnue d'Arras (créée en novembre 1935 à la Comédie des Champs- Élysées, dans une mise en scène de Lugn é-Poe) , est une œuvre quasi pir an dell ie n n e, qui fait éclater le tem ps et J'espace scéniques et affirme dans sa liberté même un e rigueur de comp osition qu'on a pu quali­ fier de musical e : un homme, no m m é U lysse .

se suicide parce que sa femme le trompe ; dans Je bref mom en t qui sépare le coup de feu de la mon, il revit sa vie, renc on tre tous les comparses de ce «temps perd u ».

La pièce est un ballet accélé r é de sou venirs i n signifi ants ou im port an ts .

dont l'andante de la rencontre avec une jeune fille inconnue sous le bombardement d'Arras.

Le mot, sanrien avant la let tre , de Salacrou : « Les regrets, ce n'est que de la rature : on n'efface pas.

L'homme est, sans un seul moment de repos, créateur de choses définitives ,.

, résume assez bien l'espèce de fatalité dont ses actions dramatiques sont le reflet.

Le psy chol o­ gue et le moraliste semblent être a liés de concert ju sq u'a u bout de la plus cruelle des pein tur es dans Un homme comme les autres ( 1936) au demeurant dédié à Stèv e Passeur.

« Un homme aimé.

pour Otre aimé jusque dans sa na ture d'homme.

dit à sa femme ce qu'il est et perd l' a mo ur de cette femme.

écœurée » : ainsi Salacrou définit-il le thème de la pièce .

Inspirée de la vie de Savonarole, La Terre est ronde (1938) met en scè ne un coup le de jeunes gens, Silvio et Luc ia na , qui sacrifient leur amour aux id ée s du jour.

Après la guerre, pendant laquelle Sala­ crou choisit de se taire, il revie nd ra à la pei nture des mœurs bourgeoises avec l'Archipel Lenoir (194 7), qu i fut la dernière mise en scène de Dullin et où s e trouvent mariés la tragédie étouffante et le vaud ev il le poussé jusqu'à la farce.

Les événements his to riq ues dicteront à Salacrou le drame de la Résistance que sont les Nuits de la col ère ( 1946, par la C om pa gn ie Madeleine Renaud-Jean­ Louis Barrault).

Dans la chronique sociale et politique de la vie havraise, il retrouve la figure du mil it a nt syndica­ liste Jules Durand, condamné à mort en 1910, sur la pré so mpti on d'avoir tué le «jaune " Capron, gracié par le prési ­ dent Fallières et mort fou à Sainte-Anne en 1912.

Cette« erreur ju dicia ire>>, qui e st aussi un souvenir d'enfance, est Je sujet de la fresque dramatique du Boule­ vard Durand, crée par le Centre drama-. »

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