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SALONS de Diderot

Publié le 11/05/2019

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SALONS, ouvrage de critique d'art de Diderot, composé pour la Correspondance littéraire de 1759 à 1781 et resté longtemps sans autre diffusion que celle de cette revue. Le Salon était une exposition officielle de peinture et de sculpture, créée en 1667 par l'Académie royale de peinture. Événement artistique de première importance, annuel ou bisannuel, il attirait un public nombreux et passionné pendant environ trois semaines. En 1759, la pensée et les idées esthétiques de Diderot sont déjà organisées (l'article << Beau >> de l'Encyclopédie date de 1751), mais il lui manque encore une connaissance du métier artistique et l'éducation expérimentale du regard. Diderot visite les Salons avec des guides aussi prestigieux que Chardin, Falconet ou Pigalle. Pour autant, il ne s'en remet pas moins à son jugement personnel, c'est-à-dire à ce qu'il sent. Destiné aux lointains abonnés de la Correspondance littéraire, son commentaire est d'abord recréation du tableau par l'écriture. Diderot use de tous les tons et genres de la littérature, pour éviter de passer au laminoir d'un style personnel et unique la diversité des peintres, des tableaux, des sujets, et, comme toujours chez lui, l'écriture est dialogue. Diderot est le témoin de la grande mutation du goût au XVIIIe s.: le passage du rococo au sublime et à la grandeur de l'antique. Il ne mesure pas les artistes et leurs œuvres à l'aune d'un beau éternel et objectif, mais saisit les œuvres dans leur rapport à l'Histoire, au public et à la sensibilité subjective. S'il n'a guère ignoré les plus grands peintres, ses préférences vont à Greuze, Vernet et Hubert Robert. Ses intuitions sur le rôle de la lumière et de la couleur dépassent son époque : la peinture et la critique du XIXe s. (Baudelaire) rencontreront le Diderot des Salons.

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