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La satire sociale dans les Fablers de La Fontaine

Publié le 12/09/2019

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Plus grave, la noblesse se soucie peu de former et de bien élever ses enfants. Fier de son nom prestigieux, le chien \" César » dédaigne toute éducation, au contraire du chien \" Laridon >>• Le premier dégénère, tandis que le second s'épanouit (L'Éducation, VIII, 24).

 

La bourgeoisie d'affaires

 

La satire de la bourgeoisie esttout aussi véhémente. Les fables en raillent les représentants les plus en vue.

 

Ce sont d'abord les financiers. Le Savetier et le Financier (VIII, 2) en campe un. Entre la crainte des voleurs et les soucis que lui cause la gestion de sa fortune, le financier en perd le sommeil. Il ne comprend pas que son voisin, le \" savetier >>• vive heureux au jour le jour sans se préoccuper de ce qu'il possédera à la fin du mois.

 

Les \" marchands >>• ou \" trafiquants » comme on disait à l'époque, apparaissent dans cinq fables (VIl, 13 ; VIII, 18 ; IX, 1 ; IX, 15 ; Xli, 28). La Fontaine se moque de leur absence de sagesse, surtout chez ceux qui pratiquent le commerce maritime et qui affrètent des bateaux vers l'Orient et les Indes. Certes, ils s'enrichissent, mais que de dangers et d'inquiétudes ils encourent ! Il leur faut se méfier d'associés peu scrupuleux. Si le vaisseau est mal équipé ou si les corsaires l'attaquent ou si les marchandises se vendent mal, les voilà ruinés (L'Ingratitude et l'Injustice des hommes envers la Fortune, VIl, 13). Parfois, ils doivent acheter la protection des autorités, comme ce Grec obligé de payer cher le gouverneur d'une province turque (Le Bassa et le Marchand, VIII, 18).

 

Le réquisitoire contre les médecins est plus traditionnel. Comme Molière, La Fontaine leur reproche leur incompétence. Ainsi :

 

Le Médecin Tant-Pis allait voir un malade

 

Que visitait aussi son confrère Tant-Mieux.

 

(Les Médecins, V, 12.)

 

Le malade meurt. Mais les deux médecins restent persuadés du bien-fondé de leur diagnostic !

 

Le Lion, le Loup et le Renard (VIII, 3) offre la parodie d'une consultation médicale, avec diagnostic des spécialistes, mais sans aucun

La satire peut aussi s'appuyer sur des procédés plus ponctuels. Elle se nourrit parfois d'une comparaison. Dans La Cour du Lion (VIl, 6), l'antre du carnivore est comparé au « Louvre \"• la résidence du roi, puis à un « vrai charnier >>• La formule prend dès lors un double sens : concrètement, il s'agit des carcasses d'animaux que dévore le lion ; symboliquement, il s'agit d'une allusion aux revers, traquenards et intrigues auxquels on peut succomber à la Cour.

 

Ailleurs, une métaphore condense le sens général de la fable. Les courtisans, dit La Fontaine, forment un « peuple caméléon, peuple singe du maître » (Les Obsèquesdela Lionne, VIII, 14). Comprenons : comme le Caméléon qui a la faculté, en changeant de couleur, de se fondre dans son environnement, les courtisans calquent leur conduite et leurs opinions sur celles du roi ; ils le « singent >>• ils l'imitent mais maladroitement. Comment, en moins de mots, exprimer la versalité des gens de Cour ? Et, avec des mots, qui, de surcroît, renvoient au monde animal !

 

De la même façon, les courtisans sont déshumanisés car La Fontaine les décrit comme de « simples ressorts » (VIII, 14).

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« Tr istes, gais, prêts à tout, à tout indif férents (VIII, 14, v.

18).

La quête des faveurs instaure, en outre, la loi de la jungle.

La fin justifie les moyens, et tous les moyens sont bons.

Moucha rds et dénon ciateurs prospèrent.

Ici, le Loup dénonce au lion l'absence du Renard à la Cour .

Il en mou rra (Le Lion, Je Loup et le Renard, VIII, 3).

Là, un « flatteur " s'empresse de rapporter au lion que le Cerf ne pleur e pas la reine défunte.

Le Cerf n'aura la vie sauve que grâce à ses talents exceptionnels de flatteur (Les Obsèques de la Lionne, VIII, 14).

Ailleurs, le Singe se réjouit de la mort de l'Ours, coupable d'avoir été trop sincère (La Cour du Lion, Vi l, 6).

Partout, on ne songe qu'à se « détruir e "· La cruauté de la vie de Cour revient ainsi comme un leitmotiv dans Les Animaux malades de la peste (Vil, 1), Les Devineresses (Vil, 14), le Disco urs à Monsieur Je duc de La Rochefoucauld (X , 14 ) et L'Amour et la Folie (Xli, 14 ).

La noble sse Quand ils ne fréquentent pas la Cour , les nobles ne sont pas pour autant exempts de tout reproche.

La Fontaine condamne leur oisi­ veté et leur inutilité sociale (Les Membres et l'Estom ac, Ill, 2).

Ils res­ semblent à des « masques de théâtre " : seule leur apparence en impose ; ils sont en réalité vaniteux et sans consistance.

Comme dit le Renard : « Belle tête, mais de cervelle point " (Le Renard et Je Buste , IV, 14).

Le Marchand, Je Gen tilhomme, Je Pâtre et Je Fils de roi (X, 15), ayant fait naufrage, doivent chercher à subs ister.

Or que pro­ pose le gentilhomme ? D'enseigner le« blas on1 " ! Voilà qui prouve son manque d'esprit pratique.

Menant grand train, les grands seigneurs ont d'énormes dettes, qu'ils ne remboursent jamais ou, lorsqu'ils y sont contraints, le plus tard possible.

Malicieusement, le poète affirme en connaître un qui tous les jours se sauve par un escalier dérobé (Xli, 7).

1.

Le blason désigne l'emblème qu'une famille noble s'est choisi pour signe distinctif.

Par exemple : un animal, des armes, une fleur.. »

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