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SEGRAIS (Jean Régnault de)

Publié le 14/05/2019

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SEGRAIS (Jean Régnault de), poète français (Caen 1624 - id. 1701 ). Parent éloigné de Malherbe, introduit dans les salons parisiens par la comtesse de Fiesque, il fréquenta le cercle d'Hubert de Montmort et se lia avec Scarron et Ménage. Entré au service de la Grande Mademoiselle ( 1652), il signa la Relation de l'Isle imaginaire et la Princesse de Paphlagonie (1659), fruits de leur collaboration. Disgracié en 1671, il fut recueilli par Mme de La Fayette, et travailla avec elle à la Princesse de Montpensier ( 1662) et à Zaïde ( 1670-71 ), deux œuvres également publiées sous son seul nom, ainsi que la toute première édition de la Princesse de Clèves (1678). Segrais publia pour sa part des romans (le Tolédan, 1647-1655 ; Bérénice, 1648) et des Nouvelles françaises (1656-57). Ses Églogues, qui lui ont valu — avec Athys, poème pastoral (1653) — une grande renommée de poète bucolique, ont d'abord paru en 1658 dans le recueil des Poésies diverses, puis de façon plus complète en 1723 : ce partisan déclaré de l'Hôtel de Rambouillet y mêle de façon rare pour son époque le naturel et le précieux.


« SEGRAIS, Jean Regnauld (ou Ren aud) , s ieur de (1624-170 1).

De Segrai s La Br uyère disai t : «Il fait revivre Virgile parmi no us, transm et dans notre langue les grâces et les richesses de la latine, fait des rom ans qui ont une fin, en bannit le pro li xe et l'in croy ab le pour y substituer le vra is emblable et le naturel >>, rés uma nt parfaite ment l'œ u vre d'un écrivain en qui Voltaire saluera « u n très bel esprit et un véri ta ble homme de let tres».

Le Virgile fran çais « Une belle et jeu ne Clymène qui a n imerait le peu de géni e qui est en moi et un grand maître savant connais ­ seur qui le soutiendrait et le dirigerait me pourraient faire p arvenir à quelque gloire si, comme je vous l'ai dit, il y en a, en France, à faire des églogues».

Par ces lignes , en préface à son poème Athys , pu blié en 1653 , Segrais défi ­ nit avec esprit les limi tes du ge nre dans leq uel il f ait, avec succès , ses première s ar mes.

Dans ce poème « épi ­ que et bucolique » il cha nte ber ge rs et bergères qu i s'ai­ ment sur le s rives de «l'Orne délicieuse aux tortueux détours», éle vée au rang de «Ce ltique Méand re».

Six autres églogues, publiées en 1660, succ édero nt à l'A th ys.

L oués en latin par s es amis Ménage et Huet, ces venustis ­ sima poemata abondent en « li eux sauvages et solitai­ res » , « an tre s affreux », « noires forêts », « grot te s obscures ».

Ogier, d ans une longue et sava n te disse rta­ tion, publiée en annexe des « Églogues» (dans les Poé ­ sies dive rses, 1658) , se demande s'il ne conviendra it pas d'améliore r« pais ibles marais »e n «humides marais» .

Le jeune Segrais bai gne alors avec bonheur dans le milieu parisien de la création littéraire.

n est arrivé de Caen, où il est né, da ns la sui te du comte de Fiesque , au près duquel il fait profes sio n de poésie, en gentil­ homme pauvre contraint de monnaye r ses talents.

A vingt ans, il avait déjà écrit une tragédie su r la Mort d'Hi ppo ­ lyte et un long roman, B érénice, qui fut publié en L648.

La mode e st à la poésie bucolique et galante , suivant le mo dè le de l'Astrée, et les« poètes de rue lles» riva l isent à qui prod ui ra élégies, épîtres, stances et sonnets.

Si Segrais affirme que ses poés ies sont «plus amou re use s que champest res », i l a u ne faço n bi en à lui de traiter les th èmes imposés par la mode, et possède assez d'esprit et de sen sib ili té pour manier les poncifs avec habileté, voire avec humour.

Son «Épître à une dame qui aim a it un vieillard » est pleine de malice et de tr aits digne s de Molière , son so nnet allégoriq ue « A la mer » ( « Dange ­ reux élément, mer trompeuse et changeant e ») a des accents quasi baudelairiens.

Le père du roman moderne En 1648, Segrais entra co mme secrétaire des com­ ma nde ments au serv i ce de Mademoise lle, nièce de Louis Xlli.

Ell e venait de produire deux romans à clés - publiés sans nom d'auteur en 1646 -, la Relati on de l'île imaginaire et l'Histoire de la prin cesse de Pa phla­ goni e.

Ces deux courts récits se déroulaie nt dans un cadre de f an taisie.

Av ec le désenchantement qui suivit la Fro n de , la littérature allai t pre ndre le tournant du réa­ lisme.

Le doux et craintif Seg rais, qui avait songé un moment , avec Scarro n, à s'ex pa trier pour fuir l'incerti ­ tude des temps , avai t per du le goût de la pa storale.

La nouvelle orientation de son art appa rut avec la publica ­ tion, en 1656, des Nouvelles frança ises ou Divertisse­ men t de la pri nc esse Aurélie.

Six récits , racontés tour à tour par Mademo iselle et c inq de ses amis, à la faço n de 1 'H ept am é ron o u d e B occace, sont séparés par des inte rmèdes de discussions sur la théorie du roman, ses genre s, ses lois, sa composition, l a peintu re de s senti­ ments, le dénouement.

On reconnaît au roman le droit à la poésie , à l'inv ention à plaisir, mais on réclame pour la nouve lle cel ui d'exploiter l'hi sto ire , de se situer en des lieux précis, de décrire des mœurs existantes.

Le s Nouvell es sont ch argées d'illustre r ces principe s esthéti­ que s [v oir NOUVELLES].

Cer tes, c'est un fait qu'elles se sit uent dans la Normandie médiév ale, dans la Turqui e du xvne siècle et même dan s le Paris de la F ron de, mais on ne saurait parler de vérité historiq ue.

Quant à l'in trigue , on se dema nde ce qu 'elle serait si elle ne visait pas à la vr aisemblance.

L'i mbrog l io de «M athilde» commence avec un enlèvement qui a lieu dan s l'intervalle de la n aissance de deux jumeaux.

Ces récits foi so nnant d' évé ­ nements ont le char me de la concision et su rtou t une fin à la fo is « souha i table » e t « surprenante », car l'art doit être « un agréable mensonge ».

C'est peut -être avec « Floridon ou J'Amou r imprudent» qu'o n mesure le mieux l'enjeu des amb ition s de Segrais.

R acine , e n e ffet, en a repri s l'argumen t dans Bajazet.

Seg rais c riti quera les h éros de Racine , disant qu • « ils ont tous, sous un h abi t tur c, les sentimen ts qu'on a au milieu de la Fran ce».

Les mœurs , dans sa nouvelle, sont, de tout e évidence, plus bi zar res que turque s; mais, en m ême temps, est posée la fonction de l'exotism e dan s le roman m odern e, double dépassement de la réalité vers le p ara-. »

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