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La souffrance est-elle un élément essentiel de l’écriture poétique ?

Publié le 04/05/2021

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   Le poème est une construction et une architecture de mots puisque « poiein » en grec signifie fabriquer un objet, créer voire enfanter. Le poète est donc un démiurge faisant surgir du néant cette œuvre vive qu'est le poème. Cependant, pour livrer leurs plus beaux vers, ces créateurs ont besoin de s’inspirer d’histoires et d’émotions autour d’eux et en leur for intérieur. Dans son poème « Tristesse d'une étoile » (Calligramme), Apollinaire écrit « Et je porte avec moi cette ardente souffrance ». Cette dernière semble être sa muse, sa raison d’écrire, comme si elle bouillonnait en lui, désireuse de sortir par flots ininterrompus, sombres et tranchants pour se transformer en vers. Néanmoins d’autres ressentiments sont aussi profonds comme l’amour ou l’admiration et peuvent, chez ces mêmes poètes qui extériorisent leur souffrance, illustrer l’enchantement poétique de leur œuvre. La souffrance est-elle un élément essentiel de l’écriture poétique ? Faut-il vraiment souffrir pour écrire de la belle poésie ? Nous montrerons dans un premier temps que la perte et la douleur sont le moteur de la poésie lyrique. Dans un second temps, nous verrons que les vers peuvent naître d’émotions bien différentes mais toutes aussi profondes.

« dans les abîmes des enfers qu’est sa douleur afin de la guérir par la poésie.

La poésie nait donc de la souffrance pour y faire face. Si la poésie prend naissance en grande partie grâce à la souffrance, il existe des poètes mus par des sentiments autres que celui-ci. En effet, la joie, le bonheur, l’intensité du présent, et l’amour peuvent aussi les poètes laisser béats d’admiration et appeler à la création poétique.

La définition du lyrisme change au XIXe sous l’impulsion des Romantiques Lamartine a même déclaré : "Je suis le premier qui ait fait descendre la poésie du Parnasse et qui ait donné à ce qu'on nommait la Muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du cœur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature".

Ces propos qui se rattachent au lyrisme poétique dévoilent un autre aspect de l’inspiration des poètes qui préfèrent s’émerveiller devant la beauté du monde plutôt que d’approfondir la souffrance en passant au plus près de l’abime de l’âme humaine.

Cependant, le bonheur n’est pas une émotion facile à exprimer avec des mots de même que la souffrance, elle offre donc des poésies subtiles avec des sonorités chantantes.

Dans le poème XXI « Ecrit sur la plinthe d’un bas- relief antique » du livre III Des luttes et des rêves provenant du recueil Les Contemplations de Victor Hugo, ce dernier exalte ces sentiments qui l’ont poussé à écrire pour faire l’éloge de la musique.

Parfois, des sentiments bien moins destructeurs mais qui touchent le cœur de manière aussi forte permette au poète de transcender pour avoir le mot juste. La beauté et la grandeur de la Nature devant laquelle le poète peut être subjugué va aussi influencer ses poèmes et sont essentiels dans l’écriture poétique.

En effet, la poésie est le meilleur moyen d’exprimer son admiration pour ce qui nous dépasse.

Victor Hugo invite dans beaucoup de ses poèmes à partager son amour pour toute la création.

C’est le cas notamment dans le poème XXIV du livre III « Aux arbres » : « Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, /Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois, /Dans votre solitude où je rentre en moi-même, / Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime ! ».

La douleur n’est donc pas indispensable au poète pour exprimer son talent lyrique.

En effet, la souffrance permet une écriture poétique plus simple car comme le dit Théophile Gautier : « Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde / Pour épancher ses vers, divines larmes d’or! ».

Cependant le passage par le malheur n’est pas obligatoire puisque les lamentations et le trop plein de sentiments négatifs peuvent nuire à la création poétique.

L’amour, l’admiration pour Dieu ou la Nature ou encore le bonheur peuvent être moteur pour l’écriture poétique.. »

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