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Structure et organisation de Zazie dans le métro --> roman de Raymond Queneau

Publié le 30/01/2020

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et finissent par se croiser : ainsi la recherche du métro entreprise par Zazie est-elle court-circuitée par celle des « bloudjinnzes » ; de même, Gabriel est recherché à la fois par les touristes qui l’enlèvent et par le groupe formé par Zazie, Trouscaillon et la veuve Mouaque, dont l’ardeur s’exprime dans le cri de ralliement épique « Sus aux guidenappeurs » (p. 140) ! Le chapitre DI est emblématique de la quête inaboutie : il nous présente d’abord en une scène grandiose et larmoyante le départ de Gabriel se lançant à la recherche de sa nièce pour «faire [s]on devoir » (p. 51), puis la rencontre avec Gridoux qui n’apporte aucun renseignement, pour se terminer par la phrase « il retourna chez lui se recoucher » (p. 54) !

Louis Malle multiplie aussi ce motif dans son film : dès la première scène, Jeanne court tout le long du quai pour se jeter dans les bras de son amant, puis Zazie échappe à Charles et Gabriel pour aller voir le métro, etc. La poursuite de Zazie par Pédro-surplus tient une place importante, mais la visée parodique est aussi claire que chez Queneau : d’abord, Zazie ne tient même plus le paquet de jeans à la main - ce qui ôte tout motif à la poursuite -, puis les deux personnages suivent des détours (par exemple, ceux des dessins du carrelage), qui n’ont aucune vraisemblance dans ce cas, s’arrêtent pour se faire photographier, etc., et enfin se rejoignent comme si de rien n’était... Le réalisateur rajoute même une quête, celle de Trouscaillon dans son auto poursuivant Albertine sur son Solex à travers les embouteillages ; la scène, longue elle aussi, fait se superposer sur une musique de jazz la déambulation de Zazie sur les boulevards, la poursuite de Trouscaillon, la course d’Albertine qui doit apporter la robe à temps et la recherche désespérée de la veuve Mouaque qui voit Trouscaillon dans chaque flic...

Quêtes amoureuses

La quête romanesque par excellence, celle de l’être aimé, se trouve dans le roman particulièrement dégradée : elle est illustrée d’abord par Charles et Mado qui annoncent leur mariage dans

« voit deux policiers arrêter deux autres « hanvélos » qui, eux-mêmes, arrêtent Trouscaillon ! • Dans le film, cette complexité s'exprime par la prolifération des personnages secondaires ou des figurants : le pickpocket, le laveur de voitures sur les quais, les ouvriers que l'on voit passer et repasser, les multiples touristes, le quatrième personnage installé dans la voiture de la veuve ...

Les personnages passent très rapidement d'un lieu à l'autre ; on suit, par exemple, la descente de l'escalier de la tour Eiffel par Zazie et Charles, entrecoupée de parties du monologue de Gabriel, juché tantôt sur l'ascenseur, tantôt au milieu des poutrelles ; la scène assez irréelle entre Mado et Albertine, avec ses éclairages changeants, est plu­ sieurs fois interrompue par d'autres courtes séquences où l'on voit Gabriel, Zazie ou la veuve Mouaque ...

Tout est fait également pour que le spectateur ne sache plus très clairement où il en est de l'action.

• Incohérences ? • De plus, les raccords entre ces scènes apparaissent souvent très flous et les retrouvailles peu justifiées : comme par hasard, le véhicule du Sanctimontronais emboutit le car de Fédor (p.

147) ; comme par hasard, la veuve Mouaque et Trouscaillon se sont donné rendez-vous à la même brasserie que Gabriel (p.

163) ...

Les derniers chapitres illustrent bien ce double mouvement : tous les personnages convergent au spectacle de Gabriel et aux Nyctalopes, puis vont se disperser dans les dernières pages au hasard des différentes lignes de métro (p.

237).

• Enfin, Queneau brise la linéarité du récit à plusieurs reprises en opérant un changement brutal de lieux et de personnages entre deux répliques, qui désar­ çonne le lecteur et l'oblige à interrompre sa lecture pour revenir en arrière et comprendre la situation; c'est le cas dès la page 27, où l'on passe de la célèbre phrase du perroquet Laverdure, prononcée dans le café de Turandot, à une réponse de Charles à Gabriel au domicile de celui-ci, mais qui semble renvoyer avec un il énigmatique à ce que vient de dire le perroquet ( « Il a bien raison, dit Charles » ).

Le même procédé donne lieu à un jeu de mots assez savoureux quand le lecteur passe directement de la brutale descente du « type » au bas de l'escalier de Gabriel à sa demande d'un « remontant» chez Turandot (p.

86).

Louis Malle déstabilise de la même façon le spectateur en enchaînant sans tran­ sition la fin de la poursuite de Pédro-surplus et l'arrivée chez Gabriel, comme si la rue débouchait dans l'appartement ; ou encore lorsque Trouscaillon prend soudain la place de Mado à la fin de la scène avec Albertine, comme Zazie prend celle d' Albertine face à Bertin Poirée ...

8 Des quêtes croisées et inabouties Corrigé de l'ex.

2, p.

93 • Queneau utilise le ressort romanesque traditionnel de la quête, mais en le pervertissant et en le rendant ainsi inopérant.

En effet, les quêtes se multiplient Analyse de I' œuvre 127. »

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