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Le titre de Zazie dans le métro --> roman de Raymond Queneau

Publié le 30/01/2020

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moi ce que j’aurais voulu c’est aller dans le métro »). Ce métro représente pour elle un autre monde, une sorte d’univers parallèle, « sous terre » ; mais Queneau multiplie les leurres ironiques en ne montrant à son héroïne que le métro aérien, « quelque chose en l’air » (p. 17) ou « quelque chose très au loin » (p. 107), ou encore les grilles qui lui barrent l’entrée de « l’abîme interdit » (p. 56)... La frustration de l’héroïne est si grande que c’est le seul moment du livre où l’on voit Zazie pleurer... Même les autres personnages, comme Gabriel et Charles (p. 108) ou la veuve Mouaque (p. 146), avouent ne pas le prendre. Ce n’est qu’bi extremis que l’on pénétrera dans ce fameux métro, mais Zazie évanouie ne s’en rendra même pas compte - Louis Malle poussera d’ailleurs la perversité jusqu’à la faire voyager avec Albertine dans le métro aérien ! On retrouve ici un procédé courant dans la littérature du xxe siècle, où le titre ne doit pas forcément rendre compte du contenu du livre, mais seulement d’une partie ou d’un motif (voir Le Hussard sur le toit de Giono), ou même n’avoir aucun rapport avec son contenu {Un automne à Pékin de Vian ne se passe ni en automne ni à Pékin !)...

• Une épigraphe en forme d'énigme

■ Queneau place à l’entrée de son roman une courte citation en grec, non traduite, du philosophe Aristote ; belle façon de montrer que sous un titre qui paraît puéril et léger se cache une dimension philosophique, qu’il va falloir déchiffrer et dont l’accès sera rien moins qu’immédiat ! Une fois la citation traduite, le sens ne s’éclaircit pas pour autant... Elle signifie littéralement « Celui qui a construit [ou imaginé] a supprimé [ou effacé, ou dissimulé] » ; Queneau a tronqué la citation, dont le sujet était « le poète » et faisait allusion à Homère qui, dans le poème épique l’Iliade

« • Son- héroïne, qui jure comme un charretier et scandalise même les adultes, n'a rien d'une petite fille modèle ! Non seulement son passé familial dépasse les horreurs de la « factidiversialité » (p.

45) la plus sordide, mais encore elle est menacée de « se faire violer par toute la famille » ou accusée par Pédro-surplus de faire « le tapin au marché aux puces » (p.

78).

Quant à ses compagnons, il s'agit d'un « hormosessuel », d'un patron de bar ou d'un policier satyre ! • Concernant la visée pédagogique, Queneau pratique le même travail de sape : la découverte de Paris se limite aux Puces, au bar de Turandot et à la boîte de strip-tease de Gabriel, lieux peu recommandables pour une petite fille ...

Si elle a bien visité la tour Eiffel, son « archiguide » Gabriel est incapable de lui indiquer le nom d'un autre monument.

Zazie, d'ailleurs, n'est intéres­ sée que par le métro ou, à la rigueur, les « bloudjinnzes », mais l'histoire de France la laisse de marbre, comme elle le dit avec conviction : « Napoléon mon cul[ ...

].

Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con» (p.

19).

e Un film pour enfants ? Corrigé de l'ex.

1, p.

93 • Louis Malle joue sur la même ambiguïté : l'affiche de son film, qui présente en gros plan le visage hilare de l'héroïne, peut faire attendre au spectateur les aventures comiques d'une petite fille plutôt effrontée.

Le film penche davan­ tage que le roman de ce côté en centrant vraiment l'intérêt sur Zazie qui, par ses facéties, perturbe le monde des adultes et l'entraîne dans un joyeux désordre (voir la poursuite avec Pédro-surplus ou la catastrophe qu'elle produit au Paradis) ; on peut remarquer d'ailleurs que le cinéaste a rajeuni l'héroïne, atténuant ainsi son ambiguïté sexuelle et l'attirance qu'elle exerce sur les hommes dans le roman ; la crudité de Queneau est un peu édulcorée dans les relations entre Mado et Charles et leurs « crampettes légitimes » (p.

179), ou le récit abominable de la mort de son père rendu inaudible par la bande-son ...

Cependant, si le film se réfère à plusieurs reprises à l'univers du dessin animé et à ses gags, il s'adresse aussi aux adultes par le recours constant au second degré, les citations ou parodies inaccessibles à un public enfantin.

e Un titre déceptif Corrigé de l'ex.

1, p.

93 •Par le titre de son roman, Queneau joue encore avec les attentes du lecteur (et de l'héroïne !) : la découverte du métro est l'unique désir de la petite provin­ ciale, et sa déception en apprenant que ses employés sont en grève l'empêche au début d'apprécier quoi que ce soit d'autre (p.

17: «Je m'enfous, dit Zazie, 24 Zazie dans le métro de R.

Queneau et de l.

Malle. »

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