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TRAGI-COMEDIE (histoire de la littérature)

Publié le 08/11/2018

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histoire

TRAGI-COMEDIE. A en croire les définitions données par les doctes dans la première moitié du xviie siècle, on peut se demander si le genre tragi-comique existe vraiment. Ils ne le définissent en effet que par rapport aux autres genres : la tragi-comédie serait alors une sorte de roman versifié, de comédie entre personnages de rang élevé, ou bien — et c’est l’idée la plus répandue à la suite des positions de l’abbé d’Aubignac — de tragédie à fin heureuse.

Les définitions les plus larges s’en tiennent au pied de la lettre, à un croisement entre tragédie et comédie, mais ne rendent pas vraiment compte de la spécificité de ce produit hybride. Dans la tragi-comédie, les personnages pourraient être populaires et aristocratiques, l’action sérieuse ou dramatique ne déboucherait pas sur une catastrophe, et le héros ne périrait pas au dénouement. Mais d’Aubignac, et bien d’autres avec lui, acceptent cette issue non sanglante pour le genre tragique également, ce qui rend la distinction peu pertinente. On se souvient d’ailleurs des débats autour du Cid, « tragi-comédie ».

En se reportant aux discussions qui agitèrent les intellectuels italiens de la Renaissance, on s’aperçoit que certains d’entre eux insistaient sur le caractère original de la tragi-comédie, et proposaient qu’on cessât d’y penser uniquement comme à un sous-produit des genres admis traditionnellement. Guarini, par exemple, l’auteur du Pastor fido (1590), souhaite échapper aux genres définis par Aristote, pour développer et enrichir « le terrain des Muses ». D'après Guarini, le public serait fatigué de la terreur engendrée par la tragédie, comme du comique parfois trop grossier de la comédie. La tragi-comédie et la pastorale seraient des genres inédits, destinés à un public nouveau par des auteurs résolument modernes.

Pour affiner l’approche, il est possible, comme le fait J. Morel, d’examiner les structures de la tragi-comédie, ses formes et ses thèmes dominants. Bien qu’elle suppose la présence de héros d’un rang social élevé, la tragi-comédie se place sous le signe de l’aventure et du hasard, se caractérise par l’événement, d’ordre amoureux ou d’ordre guerrier, sur les routes comme au sein des palais. L’intrigue multiplie les séparations accidentelles et les rencontres inattendues, les péripéties, les malentendus et les méprises. Son esthétique échappe aux critères classiques, qui distinguent action principale et action secondaire. La tragi-comédie se place résolument sous le signe du discontinu : l’action générale y est soumise aux épisodes particuliers, et les héros y sont entraînés dans un tourbillon d’aventures qui les construisent et où ils se reconnaissent tels qu’ils sont.

Les jeunes auteurs qui écrivent en France dans les années 1630, les Mairet, Du Ryer, Rotrou, Auvray, Rayssiguier, Mareschal, Pichou, expriment la même pro

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