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Le traitement dramaturgique du mythe

Publié le 18/09/2018

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UN TEMPS COMPTÉ

 

Le récit mythique se libère aisément des contraintes temporelles, parce qu'il peut les desserrer à sa guise. Il n'en va pas de même au théâtre, où la durée moyenne d'une représentation n'excède guère les trois heures. Comment, dans un laps de temps aussi bref, nouer avec vraisemblance tous les fils d'une intrigue?

 

Les ultimes moments précédant le dénouement

 

Même s'ils ne le disent pas expressément, les dramaturges respectent l'unité de temps chère à la doctrine classique du XVIIe siècle, qui exigeait que la durée fictive de l'action durât moins de vingt-quatre heures.

 

Celle d'Antigone commence à l'« aube» (A, p. 13) et s'achève dans l'après-midi, à dix-sept heures (ibid., p. 122). L'action des Mouches s'étend sur un nombre d'heures un peu plus grand, puisque Jupiter mentionne qu'Oreste est arrivé « hier » (LM. Ill, 2, p. 237). L'intrigue de La guerre de Troie n'aura pas lieu tient tout entière entre le lever et le coucher du soleil. Quant à celle d'Électre, elle va de l'après-midi d'un jour à l'aube du lendemain.

« cep endant que la me nace des Corinthiens se rapproc he d'Argos.

Anou ilh parvient à un résu ltat identique par une concen­ tration extrême de l'action.

Entre la condamnation à mort d' Antigone et le sui cide de cel le-ci, les évé nem ents se su ccèdent de plus en plus rapidement : l'ir ruption de la foule qui cherche en vain à sauver Antigone, la rédaction du message pour Hémon et, coup sur coup, l'annonce des su icides d'Antigone, d'Hémon et d'E urydice.

Pa r les coups de théâtre Une deuxième façon de procéder réside dans la capacité de l'au teur à créer de l'imprévu et à reta rder le dénoue­ ment le plus longtemps possible.

La fin de La guer re de Troie n'aur a pas lieu en offre un ex emple spectaculaire.

Hector triomphe de tous les obs­ tacles à la paix.

Le conflit tant redouté s'éloigne.

Lentement le rideau tombe sur la scène.

La pièce est-elle achevée ? Non.

Voici qu'il se relève.

Agonisa nt, Demok os accuse faussement les Grecs de l'avoir tué1.

Les Troy ens lapident Oiax.

La guer re aur a lieu.

!:An tigone d'Anouilh recèle, de son côté, une série de sur prises.

Créon persuade Antigone de renoncer à ent er­ rer son frère.

Le drame semble évité.

Antigone accepte même d'épouser Hémon.

Un mot, un seul, relanc e la course désormais inéluctable à la catastrophe, le mot para­ doxal de «bonhe ur» (A, p.

92).

dans lequel Antigone ne voit que comprom ission e, confor t médiocre.

Mérite-t -il, ce mot, qu'on vive pour si peu ? La Machin e infernale de Cocteau renferme, quant à elle, une scène qu'aucun dram atur ge n'avait aupar ava nt osé évoq uer : celle de la nu it de noces de Jocaste et d'Œdip e (acte Ill).

Elle suscite une horreur d'autant plus forte chez le specta teur qu'aucun des deux personnages ne se sait n; ne se sent « sca ndal eux2 ».

La tragédie semble évoluer 1.

Rappelons que c'est Hector qui tue Demokos au moment où celui -ci s'appr ête à ameuter les Troye ns.

Mais en accusant le Grec Oiax de l'avoir tué, Demokos sait qu'il déclenche le confl it .

2.

La Machine infernale, IV, p.

125.. »

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