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TRISTAN, Flore Célestine Thérèse Tristan-Moscoso, dite Flora (vie et oeuvre)

Publié le 08/11/2018

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TRISTAN, Flore Célestine Thérèse Tristan-Moscoso, dite Flora (1803-1844). Comment qualifier Flora Tristan? Féministe, républicaine, écrivain ou paria, comme elle le dit elle-même? Peut-être est-ce le beau mot de militante qui lui rend le mieux justice.

 

Flora Tristan, c’est d’abord un itinéraire mouvementé : des origines mi-françaises, mi-péruviennes, un mariage (1821) avec le peintre et lithographe André Cha-zal, chez qui elle était ouvrière, des déboires conjugaux après la naissance de deux enfants, une séparation dramatique... Ce début dans la vie l’amène à quitter la France pour se placer comme dame de compagnie en Angleterre, puis à se rendre au Pérou pour retrouver sa famille paternelle, en 1833. De retour en 1835, elle publie la Nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères et prend contact avec Fourier.

 

D’autres séjours en Angleterre, les relations avec Owen et Cabet, les réunions de la Gazette des femmes vont de pair avec la rédaction des Pérégrinations d'une paria (1838), des Promenades dans Londres (1840), de l'Union ouvrière (1843). A partir de ce moment, la vie de Flora se confond avec les tournées de propagande qu'elle effectue dans toute la France pour faire connaître ses propositions et inciter les ouvriers à s’unir. Elle meurt d’épuisement entre deux meetings à Bordeaux.

 

Celle qui rédigea elle-même son épitaphe : « “Elle a parlé à des sourds”, cela dit tout ce que j’ai souffert », fut véritablement une femme-guide, qui ne devait être suivie qu’après sa mort. On ne peut que reconnaître avec elle qu’elle est « une femme à part » : quasi illettrée au moment de son mariage, elle devient une femme de lettres en contact avec tous les milieux, partie prenante dans le mouvement des idées sous la Restauration et la monarchie de Juillet, et qui finit par découvrir le peuple ouvrier et la place toute particulière que la femme y occupe.

 

Dans son curieux roman, Méphis (1838), elle fait du prolétaire un « Méphistophélès qui passe les nuits dans l’agitation et la fièvre à rêver le mal et les jours à le faire », mais son héros, Méphis, écrit « la Femme guide de l’humanité », ouvrage dans lequel il déclare : « La mission de la femme [est] d’inspirer l'homme, d’élever son âme au-dessus des vaines opinions du monde, de l’obliger, par la constance de ses efforts, à se rendre capable de grandes choses ». De cette femme, « génie inspirateur de l’homme », on retrouve la trace dans P Union ouvrière : « Dans la vie des ouvriers, la femme est tout. Elle est leur unique providence. Si elle leur manque, tout leur manque ».

 

La prédication et l’exhortation de Flora Tristan s’exercent dans la lucidité; il s’agit de dire aux ouvriers leur grandeur, mais aussi « la vérité sur leurs défauts, leurs vices ». Ce qui prévaut, toutefois, c’est le constat qu’« aujourd'hui, le travail crée tout, fait tout, produit tout, et cependant il n’a aucun droit, ne possède rien, absolument rien ». Hélas! Flora ira de déception en désillusion au cours de son exténuant périple : seuls les canuts de Lyon lui réserveront l’accueil qu'elle mérite; cette âme d’élite rencontre enfin l’élite ouvrière, celle qui avait payé de son sang le droit de parler, celle pour qui ce credo semble écrit : « Je veux que la classe ouvrière

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